Starligue
A Ivry, le pied ne passe pas
Il aura fallu attendre neuf journées pour voir pointer la première polémique de la saison à propos de l'arbitrage. C'était à Chambéry mercredi soir, et les locaux l'ont emporté d'un petit but face à Ivry après avoir récupéré le ballon sur une action litigieuse à quinze secondes de la fin. Sur les images, Pierre Paturel, le défenseur savoyard, touche le ballon du pied de façon involontaire, privant les visiteurs d'une dernière occasion pour l'emporter. "Si le sport de haut niveau c'est, dans les moments chauds, faire en sorte que le gros club, le premier l'emporte à la fin, moi ça me dérange. Je ne suis peut-être pas objectif [...] mais ce soir, on a tous un très gros sentiment d'injustice" résumait quelques secondes à la fin du match le capitaine ivryen Matthieu Bataille, tandis que Rémy Gervelas, particulièrement remonté, disait à qui voulait l'entendre n'avoir "jamais vu ça en quinze ans de carrière."
Deux jours plus tard, le ton est redescendu, mais pas la frustration. Celle de ne pas avoir vu le travail d'un match récompensé, d'autant plus qu'Ivry évoluait dans des conditions compliquées, avec de nombreux joueurs absents (Persson, Cuni, Furlan). "On a l'impression d'avoir été privé d'une récompense. Les arbitres se trompent deux fois dans la dernière minute et c'est dur à encaisser. Surtout pour de jeunes joueurs comme on a pu aligner sur cette rencontre" résume le président ivryen François Lecqueux. Il faut dire que son club est dans une situation compliquée, avec seulement deux points engrangés en neuf rencontres et que ceux de mercredi soir, ou même un seul, auraient fait le plus grand bien. Ces points compteront peut-être en fin de saison dans la course au maintien pour les banlieusards mais aussi dans celle aux places européennes pour les Savoyards.
Existe-t-il seulement des solutions, ou le handball français est-il condamné à revivre ces polémiques arbitrales saison après saison ? Olivier Girault, le président de la LNH, avait dit entendre les propos de Vincent Gérard quand celui-ci avait critiqué les arbitres en fin de saison passée. Ces réformes prennent évidemment du temps, d'autant plus qu'elles nécessitent de faire collaborer la LNH et la FFHB, dont dépend l'arbitrage français. Mais pour les acteurs, le temps, il n'y en a pas toujours. Car les enjeux, financiers comme sportifs, sont toujours plus importants. "On parle de professionnalisation, ce serait peut-être la solution à une partie des problèmes. La vidéo, je n'y crois pas. Mais ça devient compliqué de faire comprendre à nos gamins qu'ils ne peuvent pas récolter le fruit de leur travail à cause d'une erreur d'arbitrage" conclut le président ivryen. Il y a fort à parier, malheureusement, qu'il ne sera pas le dernier à se plaindre cette saison. A tort ou à raison.
Kevin Domas