EdF (M)
Soirée de folie à Berlin
Après être passés par toutes les émotions, les joueurs de l'équipe de France ont accroché le match nul face à l'Allemagne (25-25). Récit d'une soirée de folie.
Il reste quatre secondes à jouer. L'équipe de France a frôlé la correctionnelle il y a quelques instants, mais Fabian Böhm a envoyé en touche le ballon de la gagne pour l'Allemagne. Didier Dinart a posé son temps-mort une poignée de secondes plus tôt. "La dernière consigne était d'envoyer Tim au shoot et si ça ne fonctionnait pas, de commencer par les gauchers pour terminer au centre" raconte le sélectionneur. Le premier essai n'est pas validé, alors que Dika Mem semblait avoir trouvé la faille. La seconde sera pour Timothey N'Guessan, alors que le chronomètre affiche 59'57. Les Bleus forment un petit groupe, histoire de se mettre au point. Uwe Gensheimer écoute aux portes, mais est repoussé. Un mur se met en place, Michaël Guigou bloque Patrick Groetzki à la manière d'un joueur de football américain et..."On voulait jouer la supériorité parce qu’on était un de plus, mais on n’avait pas trop le temps. On s’est dit qu’on allait faire une feinte pour Tim, il a porté ses couilles et il a tiré" se souvient Dika Mem, le verbe crû. L'arrière gauche, en difficulté sur ce match, avait perdu le ballon sur un passage en force moins d'une minute auparavant. Peu importe. "Je me prends pas la tête, je me dis saute haut et tire fort. Michaël m’avait dit de prendre large. C’est ce que je fais, ça a marché" sourit le Barcelonais. Le ballon est dans le but, Andreas Wolff à terre et Nédim Rémili secoue "Tim" comme un prunier. Normal, l'équipe de France vient d'obtenir un match nul au goût de victoire. Dans une ambiance franchement hostile, avec un arbitrage pas vraiment en leur faveur et face à une équipe qui a livré sa meilleure prestation depuis le début de la compétition.
"Un résultat fondateur"
Cette tempête, dans laquelle ils ont été pris pendant une heure, ils s'y attendaient. L'équipe d'Allemagne était dos au mur, une défaite et c'était, déjà, un tournoi raté pour l'hôte du tournoi. Alors les partenaires du mammouth Patrick Wiencek y ont mis tout leur coeur. La première période, dans un sens comme dans l'autre, a été d'une intensité physique rare. La deuxième a été un poil plus déliée, en partie grâce au lutin Kentin Mahé. Avec sa vivacité, il a mis au supplice la défense de la Mannschaft. Il a bien perdu quelques ballons, son pêché mignon, mais il a surtout mis neuf buts, livré quelques passes décisives bien senties et, cerise sur le gateau, été s'embrouiller avec Olivier Roggisch sur le banc allemand en première période. "Il nous a fait beaucoup de bien" confirmait Luka Karabatic. On a quand même eu un peu peur quand, à deux minutes de la fin, Didier Dinart a choisi de garder Mahé sur le banc. Mais non, c'est passé. De peu, mais c'est passé. Pour offrir aux Bleus un nul au goût de victoire et un match qui pourrait marquer son histoire. "C’est un résultat fondateur. Beaucoup de gens doutaient de sa capacité mais aujourd’hui, l’équipe a répondu présent. Les joueurs avaient besoin de faire un résultat pour se construire" sourit Didier Dinart, tandis que Luka Karabatic appuyait : "On a forgé quelque chose depuis quelques temps et ce résultat restera gravé en nous avec ce groupe."
La blessure de Sorhaindo, seule ombre au tableau
Les Français ont en tout cas su répondre présent au bon moment, dans un match qu'ils avaient coché depuis longtemps. Et à l'intérieur même du scénario du match, à l'image de Vincent Gérard. Quelconque, tout comme Cyril Dumoulin, pendant 59 minutes, le Montpelliérain avait, déjà, détourné une balle allemande de +2 à deux minutes du terme. Avec ce match nul, les Français sont assurés de passer au tour principal avec au moins un point, qui pourrait devenir trois si le Brésil venait à battre la Corée jeudi. La France pourrait alors entrer sur le terrain pour affronter la Russie en étant déjà qualifiée. Mais on n'y est pas encore et, surtout, il faudra d'abord savoir de quoi sera fait le futur proche de Cédric Sorhaindo. Touché au mollet en début de match, le capitaine de l'équipe de France semblait assez sérieusement atteint. "Probable lésion musculaire" disaient les médecins tricolores en fin de soirée. Au point d'envisager un forfait pour le reste de la compétition ? On n'en est pas là. Mais dans une salle où les lumières ont brillé ce soir, la blessure de "Tchoufi" comme le surnomme ses coéquipiers, est la seule ombre au tableau. S'il venait à devoir rentrer à la maison, le groupe bleu a en tout cas prouvé ce soir que l'adversité ne lui faisait pas peur.
Les statistiques :
FRANCE - ALLEMAGNE 25:25 (10:12) Arbitres : M. Hansen, M. Gjeding (DAN)
FRANCE : Dumoulin (2 arrêts / 11 tirs), Gérard (6 arrêts / 21 tirs dont 1/2 pén); Rémili (3/5), Lagarde (2/3), Mem (2/5), Mahé (9/11 dont 4/4 pén), Grébille (2/2), N’Guessan (1/3), Abalo (1/3), Sorhaindo, Guigou (1/2), L. Karabatic (1/1), Fabregas (3/3), Claire, Dipanda (0/1), Porte Exclusions temporaires : Fabregas (1’, 52’), Mem (14’, 42’), Dipanda (42’, 57’)
ALLEMAGNE : Heinevetter (2 arrêts / 8 tirs dont 0/2 pén), Wolff (9 arrêts / 28 tirs dont 0/2 pén); Gensheimer (4/5 dont 1/2 pén), Lemke, Wiencek (0/1), Wiede (4/6), Pekeler (3/3), Weinhold, Strobel (4/4), Fäth (1/5), Groetzki (3/3), Semper, Musche, Böhm (2/4), Kohlbacher (2/2), Drux (2/2) Exclusions temporaires : Drux (16’), Kohlbacher (28’), Lemke (33’), Weinhold (45’), Böhn (59’)
A Berlin, Kevin Domas