EdF (M)
Vincent Gérard est là, et bien là
Avec ses 14 arrêts et ses deux buts, Vincent Gérard a été logiquement élu homme du match face à l'Islande hier. Comme son équipe, il monte en puissance depuis le début du championnat du monde.
Même s'il s'en défend, le Vincent Gérard qu'on voit en bleu cet hiver, ce n'est pas exactement le même que celui qui arpente le parquet de Bougnol depuis août dernier. Décisif face à l'Allemagne au premier tour avec un arrêt à bout portant à deux minutes de la fin, il a une nouvelle fois réalisé une belle prestation avant-hier avant de couronner le tour, hier face à l'Islande. Son compteur s'est arrêté à 14 arrêts et deux buts marqués quand il a dû sortir, à quelques minutes de la fin de la rencontre, touché au visage par un tir adverse. Lui aurait sans doute bien continué, mais Didier Dinart ne lui a pas trop laissé le choix. Depuis le début du championnat du monde, le coaching des gardiens de la part du sélectionneur interpelle, sortant Gérard ou Dumoulin au gré des mauvaises performances et, parfois, un peu rapidement. Mais le portier montpelliérain semble avoir bien intégré le fonctionnement et, surtout, il y prend désormais part. Face à l'Espagne, c'est même lui qui a demandé à sortir en deuxième période. "Les tirs de Sarmiento étaient pas terribles mais j’étais pas dessus, je commençais à reculer. J’ai demandé à Cyril s’il se sentait de rentrer, on était à +4, je l’ai pas envoyé au feu non plus. J’ai pensé que c’était une bonne solution" se souvenait-il hier en zone mixte. Bien vu, car son alter-ego a réalisé trois parades importantes, dont celle de la gagne face à l'ailier espagnol Arino. Quand on sait à quel point un gardien sur le banc de touche est un homme malheureux, on se dit que Gérard a dû pas mal prendre sur lui pour prendre cette décision. "C'est la première fois que je le fais. Thierry Omeyer l'avait fait avec moi en quarts de finale à Rio. On est tous grand et là pour que l'équipe avance" continuait-il.
L'expérience, meilleure des conseillères
A Montpellier, depuis le début de la saison, c'est plus souvent Patrice Canayer qui lui a demandé de sortir. Des performances en dents de scie, même si lui aime à rappeler que face à Chambéry ou Saint-Raphaël, il a sorti des gros matchs. Mais on est quand même resté sur notre faim, quand on sait à quel point Vincent Gérard a été décisif dans la splendide saison de son club l'an dernier. Devant sa télé, Didier Dinart, lui, n'a jamais douté de la confiance qu'il met au quotidien dans son gardien numéro un. "Ce qui se passe en club est une chose, ce qui se passe ici en est une autre" assène le sélectionneur, avant de rappeler l'importance de la préparation pré-mondial pour remettre son portier dans le bon sens. Ce que, d'ailleurs, celui-ci confirme : "Ce qui m’a fait du bien, c’est une semaine de vacances. On a beaucoup bossé entre Noel et Nouvel An, et je me suis dit que je n’avais pas perdu mon handball en trois mois." L'expérience, dit-il, lui a sauvé la mise. "A 20 ans, on remet parfois tout en question. Là je suis reparti sur une autre histoire, une autre équipe. J'ai toujours dit aux autres que ça allait venir, que je n'avais rien perdu." On avait, nous, parfois fini par se poser la question, quand on le voyait démuni face aux tirs adverses, abandonné par sa défense dans une Arena à moitié déserte, ces soirs de Champions League. Mais Vincent Gérard nous a fait ravaler nos doutes et nos interrogations. De la plus belle des manières. Et pour le plus grand bonheur de l'équipe de France.
A Cologne, Kevin Domas