EDF - U21 (M)
"Personne ne veut rentrer à la maison"
L'équipe de France junior est sous asphyxie après deux défaites face à la Suède et l'Egypte. Champion d'Europe et du monde jeune, les bleuets sont aujourd'hui dans une situation complexe à l'entrée de la phase finale. Et à entendre Kyllian Villeminot, on sent que le mal est profond.
Il n'est pas utile de revenir sur le match pour comprendre que quelque chose ne va pas. Le langage du corps est évocateur, et voir les bustes raides, les têtes basses, chaque joueur dans son coin à l'échauffement laissait planer un sentiment étrange. Les pessimistes criaient à la catastrophe, les optimistes pensaient calmement que cela pouvait être une concentration poussée à l'extrême avant un match important. Le match a rendu son verdict, et le passage obligatoire par la zone mixte semble un long tunnel. Kyllian Villeminot a accepté de s'arrêter et ne cache pas sa déception, avec une analyse cinglante : "On n'a pas mis les ingrédients nécessaires pour disputer ce match, on n'était pas prêt à le jouer. Avec le coup dur de Gaël... Ça nous a pas fait forcément du bien, mais ce n'est pas une excuse, pour l'instant on n'est pas prêt pour cette compétition."
Les absences pèsent lourd
Tout le monde a mesuré le poids des absences de Hugo Brouzet et Elohim Prandi, deux poids lourds centraux. Pour mesurer celui de Gaël Tribillon sur le moral des joueurs, vous pouvez multiplier encore le coût par deux ou trois. Pas que les deux premiers cités n'aient aucune importance, très loin de là, mais le départ en cours de compétition d'un des leaders de toujours a hanté la rencontre. "Il n'y a pas de vie comme avant..." résumé Villeminot, un euphémisme tant les fougueux français font même peine à voir. "On n'est pas des guerriers comme avant, j'ai l'impression qu'on lâche les matches, qu'on ne peut pas jouer une compétition pour l'instant."
Le demi-centre ne veut cependant se chercher aucune excuse, et le répète à tour de bras. Ce qui arrive est tristement logique. Quant on en vient à discuter de l'impression que renvoie le groupe, de sa faible communion, l’œil recommence à briller : "Je ne sais pas... Peut-être que c'est ça. Faut vite qu'on se parle, qu'on se dise les choses en face et on est quand même en huitième ! Certes c'est soit la Slovénie, soit l'Espagne, mais on a un huitième à jouer !"
Win... Or go home
Ce soir, le chantier est immense et il n'y a que 48h pour travailler sur un champ de ruines, handballistiques et mentales. Jamais cette génération n'avait été défaite deux fois consécutivement en compétition officielle, et il serait intéressant de chercher ce qui a changé, en dehors de l'effectif qui n'a que peu évolué. L'absence d'un repli efficace ou de contres-attaques construites laisse songeur quand l'an dernier on tenait là les principales forces de cette génération. Et, pour le coup, les absences d'Elohim Prandi et de Hugo Brouzet n'y sont pour rien.
Mercredi, les Français rentreront donc dans une phase finale infernale. L'Espagne ou la Slovénie donc, mais pourquoi pas - si jamais - le Danemark en quart... Difficile de se projeter plus loin sans virer à l'excès d'optimisme, mais on désirerait retrouver les "minots" des précédentes campagnes. "Je ne pense pas que dans l'équipe on veuille déjà rentrer à la maison." Le joueur de Montpellier termine sur ces mots. On n'en espère pas d'avantage ce soir.
À Vigo, Maxime Thomas