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N1 Elite

Léo Dubois : « Aucune raison pour qu’à mon retour je n’explose pas tout »

, par Zorman

Léo Dubois (Grenoble SMH)

Après une saison compliquée à Vernon, le jeune demi-centre Léo Dubois revient pour Handnews sur son début de saison à Grenoble et ses objectifs personnels. Dans un projet de reconstruction en poule élite de Nationale 1, le jeune battant a su reprendre du plaisir sur les terrains avant une cruelle blessure l’éloignant du handball jusqu'à la fin de la saison.

HandNews : Est-ce que tu peux commencer par nous présenter ton parcours ?

Léo Dubois : J’ai commencé à Paris, dans le 94. J’ai été au pôle espoir à Eaubonne et le premier gros club que j’ai rejoint était Créteil. J’ai rejoint leur centre de formation à 18 ans, donc il y a maintenant 5 ans. Sur les 2 années que j’ai fait au centre de formation j’ai pu, la première année, jouer la montée en N1 et la 2e année j’ai pu faire en tout 18 matchs avec l’équipe première en D1. Bon, sans avoir de temps de jeu mais c’était une bonne expérience. Ça m’a permis de voir ce qu’était le vrai haut niveau. Puis après j’ai signé d’abord sous forme de prêt à Vernon en D2. J’ai fait une bonne saison en Proligue et Vernon a décidé de me garder puis de me proposer un contrat intéressant, notamment pour un jeune. Au début, ils m’ont accordé beaucoup de temps de jeu. Mais finalement, ça ne s’est pas très bien passé l’année dernière avec le coach. Aussi, la situation à Vernon était compliquée, on ne gagnait pas beaucoup de matchs. Maintenant je me suis retrouvé à Grenoble en N1, dans un projet de reconstruction. L’objectif pour moi était de retrouver des sensations, du temps de jeu, de la confiance et surtout du plaisir.

HN : Comment expliques-tu cette rupture avec Benjamin Pavoni, ton précédent coach ? Comment l’as-tu vécu ?

L.D. : En fait, aujourd’hui encore je ne comprends pas pourquoi ça s’est passé comme ça. Sachant que la première année s’est très bien passée, je m’entendais très bien avec Pablo Marrochi, je jouais beaucoup, en attaque, en défense, … C’était vraiment une grosse saison pour moi et puis l’année d’après, malgré qu’on m’ait promis que j’allais avoir les cartes pour m’imposer et continuer sur la lancée de la première saison, il y a clairement eu une rupture avec le coach. On ne s’entendait plus, on n’arrivait pas à se comprendre. Il avait des exigences envers moi qui ne me correspondaient pas, me reprochait toujours les mêmes choses alors qu’il avait aucune raison de me les reprocher ... Après, il a son point de vue j’ai le mien mais ça s’est globalement assez mal passé avec toute l’équipe sur cette saison donc je n’étais pas le seul. Mais c’est peut-être moi qui ai payé les pots cassés. D’un autre côté il y avait aussi Corentin Boe qui faisait une bonne saison, qui était en pleine confiance donc ça ne m’a pas aidé. Honnêtement pour expliquer je ne saurais pas quoi dire : moi j’étais physiquement sûr de mes moyens, j’ai eu une petite blessure à la cheville en début d’année mais rien de grave, rien qui aurait pu me mettre sur la touche. Mais bon c’est comme ça, c’est la vie de sportif. Ce n’est pas la dernière fois que ça va m’arriver qu’un coach puisse d’un coup changer d’avis, changer sa vision des choses, c’est comme ça. L’essentiel pour moi c’est de rebondir et passer à autre chose.

Je suis quelqu’un qui marche beaucoup à la confiance. C’est-à-dire que si je n’ai pas la confiance du coach et des gens autour de moi, je ne vais pas être bon. Quand tu joues et que tu sais que dès que tu fais une connerie on te sort ou tu plus te faire jouer pendant 2 matchs, forcément tu joues différemment. Alors que là, pour parler de cette année, on peut dire qu’il n’y avait pas vraiment de concurrence à mon poste, personne pour me remplacer, et résultat je fais un début de saison vraiment top et je retrouve mon niveau de jeu.

HN : Au-delà du sportif, après avoir vécu dans une plus grande ville à Paris et une plus petite à Saint-Marcel Vernon, comment te plais-tu à Grenoble ?

L.D. : On ne m’avait pas dit que du bien sur Grenoble, que ce n’était pas très beau, que ça craignait un peu, mais honnêtement le quartier où je suis est vraiment calme, y a des supers endroits à Grenoble et le fait d’avoir des montagnes partout ça change du quotidien où tu es entouré d’immeubles, de la ville. Honnêtement la ville est grande, il y a du monde, c’est étudiant. Ça aussi ça fait du bien de pouvoir faire autre chose que du handball. Parce que quand on allait à Vernon, on disait que c’était « Under the Dome ». C’est-à-dire que quand on rentre à Vernon on a l’impression d’être dans une bulle et qu’on ne peut rien y faire quoi. Là la ville est beaucoup plus grande. Je ne vais pas dire que c’est comme Paris mais ça y ressemble en tous cas.

Je suis quelqu’un qui a besoin de voir des gens, qui a besoin un peu de sortir, rencontrer des gens, etc. Vernon quand tu as 22 ans tu ne fais pas grand-chose. Non pas que je veuille sortir tous les soirs et faire n’importe quoi mais c’est important aussi de s’aérer la tête et de faire autre chose que du handball, sinon tu pètes un câble. Donc je suis vraiment agréablement surpris par Grenoble, c’est une ville que je recommande !

J’ai aussi été très bien accueilli par le club. Franchement, tout le monde a été très gentil, rien à redire là-dessus. J’ai été accueilli comme il se doit, j’ai un bel appartement. Le club, les supporters ils ont toujours des mots gentils avec moi. Même là quand je me suis blessé, beaucoup sont venus me voir gentiment et tout. Donc non honnêtement le club il est top. Ils sont très cool et c’est important car ils permettent de te sentir bien. L’environnement c’est important. Avoir des gens autour de toi qui te donnent l’envie de bosser, de travailler, de te dépasser, c’est toujours mieux.

HN : Sur le terrain, tu es rapidement devenu le patron de cette équipe, comment te sens-tu par rapport à tes objectifs personnels ?

L.D. : Comme je le disais ça marche beaucoup à la confiance. Le premier match c’était compliqué, on rentrait dans le vif du sujet. Surtout il y avait pas mal d’absents, Riadh (Souid, le pivot) qui était blessé, Marko (Mishevski, demi-centre), Augusto (Aranda, ailier droit) et Drazen (Stojanovic, gardien) qui ne jouaient pas, on était un peu diminués. Donc c’était un premier match compliqué mais on a gagné. J’ai pas forcément été super efficace mais j’ai réussi quand même à apporter, notamment dans le jeu en fin de match donc ça m’a mis en confiance. Puis au fur et à mesure j’ai su prendre ma place. Je suis quelqu’un qui, si on lui laisse le moyen de s’exprimer, ne manquera pas sa chance. J’ai toujours été un petit peu un leader, j’ai toujours aimé organiser, aider tout le monde pour qu’on soit le mieux possible collectivement. Donc je pense que ça s’est fait naturellement. Le coach et mes coéquipiers m’ont accordé leur confiance donc j’ai bossé, j’ai fait ce qu’il fallait à l’entraînement et ensuite en match ça allait bien pour moi. Ça aide aussi d’avoir des coéquipiers qui savent te mettre en valeur et te laissent prendre ta place même quand tu es jeune.

HN : Après un bon début de saison, on observe un coup de moins bien depuis quelques matchs, avec notamment de grosses déceptions à domicile. Comment as-tu vécu ces dernières semaines ?

L.D. : Il faut voir qu’il y a eu un gros changement d’effectif lié aussi à la grosse déception de la descente. Je pense que même si on fait un bon début de saison avant ces quelques matchs compliqués, la déception de la descente joue encore. Quand tu perds, tu es peut-être un peu moins patient, tu restes un petit peu sur ta faim et ils s’étaient beaucoup battus pour se maintenir donc je pense qu’il y a un petit coup de mou. Sur le terrain, quand le jeu va un peu moins bien, on ne se connait pas tous très bien, on est un effectif nouveau avec des joueurs qui n’ont pas forcément l’expérience du haut niveau. Et il faut dire que cette poule élite est assez relevée donc tous les matchs sont compliqués, il n’y a pas un match où tu arrives, tu domines et tu l’emportes de 10 buts. A part à Boulogne on n’a pas gagné de match facilement.

Après je pense que le manque de rotations joue énormément, on s’appuie sur les mêmes depuis le début de la saison. Donc les premières semaines ça va mais après quelques semaines, tout le monde commence à avoir des petits bobos, à fatiguer un peu et, au final, c’est toujours un peu les mêmes qui mettent la tête dedans, qui se tuent sur le terrain, qui jouent et je pense que c’est un point essentiel. Pourtant Aziz (Benkahla, le coach) le gère plutôt bien, on n’est pas surchargés à l’entraînement, il nous donne pas mal de récup pour qu’on ne soit pas fatigués quand on arrive en match.

Mais surtout mentalement, jouer 1 heure à chaque match franchement c’est compliqué. Parfois jouer 45 minutes et faire une petite pause entre deux temps de jeu, ça aide à être meilleur. Alors que là, à l’inverse, on est constamment mis devant nos responsabilités et le jour où on n’est pas trop dedans, ça pose tout de suite problème.

Léo Dubois (Grenoble SMH)

HN : C’est vrai que l’effectif pro est assez réduit avec seulement 11 pros et donc plusieurs postes non doublés

L.D. : La descente a refroidi pas mal de gens qui voulaient venir, qui avaient sans doute des objectifs différents de ceux qui sont aujourd’hui ceux de Grenoble. Mais c’est vrai qu’avec un effectif aussi réduit c’est plus compliqué de faire des choses. Avec juste 1 ou 2 rotations en plus honnêtement je pense qu’on ne ressemblerait pas du tout à ça. Parce qu’en termes de talents et de niveau de jeu, je n’ai rien à envier à aucune autre équipe. Mais c’est juste ce manque de rotations, avoir seulement 1 ou 2 mecs qui peuvent faire souffler 5-10 minutes et qui mettraient un petit coup de boost en défense, en attaque, des joueurs qui savent qu’ils ne vont pas forcément jouer beaucoup mais qui vont apporter leur pierre à l’édifice.

Pour mon cas, ça ne m’a pas refroidi car, déjà il faut le dire, après ma dernière saison compliquée je n’ai pas eu beaucoup d’options. J’aurais pu aller en Proligue et être le 13ème homme mais ça ne m’intéressait pas du tout. C’est sûr que mon objectif n’est pas de rester en N1 toute ma vie. J’ai connu la Proligue et je pense que je peux être largement au niveau. Il y a 2 ans j’ai réussi à l’être donc je ne vois pas comment aujourd’hui, avec deux ans d’expérience en plus, je ne pourrais pas être au même niveau voire meilleur. La Proligue j’y irai quand j’aurai une opportunité avec du temps de jeu, la confiance du coach, et ça arrivera un jour ou l’autre je ne m’inquiète pas pour ça. Mais y aller pour vivre une saison comme l’année, honnêtement je préfère rester en N1 et jouer 1h par match. Parce que c’est ma mentalité. Je suis jeune, j’ai besoin de jouer, j’ai besoin de me faire plaisir. Même si c’est aujourd’hui mon métier c’est avant tout par passion que je fais du hand et pas pour rester une heure sur un banc à regarder mes coéquipiers. Je pense pouvoir faire partie de la reconstruction de Grenoble. Ils ont été clairs en me disant que même cette année ça risquait d’être compliqué pour monter mais, à terme, ils essayent de restructurer le club proprement, de faire les choses bien pour pouvoir se stabiliser et se maintenir en Proligue.

 HN : Comme tu le dis, Grenoble a cette année un effectif pro plutôt réduit et ta blessure va pousser certains joueurs à prendre plus de place, quel est ton regard sur eux ?

L.D. : Marko (Mishevski, macédonien, 19 ans), je suis le premier à le pousser et à dire que c’est un très bon joueur. Il a tout pour lui ce garçon : il est grand, il tire bien, en appuis, en extension, il sait même jouer avec les pivots, … il faut juste qu’il ne fasse pas tout en même temps. Pour moi, il va exploser et qu’il va faire des bonnes choses, c’est sûr. Antoine (Frattaruolo, 18 ans) aussi a un profil super intéressant, il pourrait être l’arrière gauche shooteur dont on a besoin. C’est un mec qui bosse bien à l’entraînement, ça arrive souvent que je lui donne des conseils. Il est tout le temps à l’écoute, c’est important. Même si je suis jeune, j’ai quand même de l’expérience, j’ai été à sa place, je sais comment ça se passe. Donc si je peux l’aider, je l’aide. C’est un bon petit gars, je l’aime bien moi. Et j’espère que ça va aller pour lui. Ce n’est pas facile non plus d’arriver dans des conditions comme ça mais bon, de toutes façons il faut bien un moment, c’est aussi une chance.

Source : GSMH38

HN : Après la défaite à domicile face à Caen, tu subis une blessure aux ligaments croisés qui met fin à ta saison. Peux-tu nous en dire plus ?

L.D. : C’est ma première grosse blessure depuis le début de ma carrière, il va falloir que je gère ça bien. Avec le début de saison que je faisais, je pense que si je ne m’étais pas blessé, pas mal de portes se seraient ouvertes, mais c’est comme ça, j’essaie de relativiser. Je me dis que en deux mois j’ai quand même prouvé que j’avais ma place dans un club que je ne connaissais pas, avec une équipe nouvelle, un nouveau coach, et j’ai su gagner la confiance de tout le monde.

Après j’étais surtout inquiet parce que je n’avais signé que pour 1 an. Je me suis tout de suite dit que j’allais devoir chercher un club, que ça allait être galère ... Mais je suis très reconnaissant envers le club pour m’avoir prolongé d’un an dès ma blessure. Ça me permet de pouvoir me concentrer à 100% sur mon genou.

Après mentalement c’est sûr que ça ne fait jamais plaisir. Et ça fait chier de me faire une grosse blessure quand d’un point de vue personnel tout va bien pour moi. Après j’essaie de relativiser, je sais que maintenant les croisés c’est une opération qui est commune, tu reviens bien et les gens savent comment s’en occuper donc je ne suis pas inquiet sur ce point-là. Et ce n’est pas un petit coup comme ça qui va m’empêcher de continuer. C’était un peu dur au début mais là honnêtement ça va et je suis bien entouré. J’ai reçu plein de messages gentils sur les réseaux, ma famille est là pour moi donc franchement ça va, je ne suis pas du tout en dépression, tout se passe plutôt bien pour l’instant.

HN : Comment vas-tu organiser ton année de rééducation et athlétisation ?

L.D. : Ce qui est sûr c’est que je vais me faire opérer à Paris, après j’y resterai pour le post-opératoire tant que je ne suis pas autonome. Je vais rester chez ma mère pour qu’elle fasse bien à manger, pour que je n’aie pas à me débrouiller pour tout faire, à manger, les courses, etc … On s’occupera de moi. Et dès que je serai autonome, j’essaierai de retourner à Grenoble quand même pour faire une partie de ma rééducation là-bas. Il y a des kinés du foot de la Ligue 2 qui sont très bien donc je travaillerai avec eux et j’irai une ou deux fois faire un stage à Capbreton. Je pense que c’est important. Non pas que les gens ne soient pas compétents à Grenoble ou qu’ils ne puissent pas faire ce que je ferai là-bas, mais je pense que 3 semaines où tu es interne, où tu as un régime qui est proposé, tu fais attention, tu as 2 séances par jour, tu as des médecins, des kinés, des ostéos, … Tout est réuni là-bas.

Aujourd’hui, je suis revenu sur Paris donc je suis en famille, j’ai tout le monde autour de moi qui fait tout pour que ça se passe bien. Je me suis bien entouré, j’ai retrouvé un médecin que j’avais à Créteil, j’ai aussi vu le chirurgien pour mon opération qui est prévue pour le 12 Décembre. Je ferai tout ce qu’il faut pour revenir encore meilleur. Beaucoup de gens me disent que ça peut me faire du bien. Je vais pouvoir me concentrer uniquement sur mon corps, sur mon physique, et dieu sait que je peux m’améliorer sur ce point-là. S’il y a un point sur lequel je peux m’améliorer c’est bien sur mon physique. Donc ça va être important pour moi de garder ce challenge, de me fixer des objectifs qui sont toujours plus hauts et revenir dans les meilleures conditions. Et après il n’y a pas de raisons pour que quand je revienne je n’explose pas tout. C’est comme ça que je vois les choses.

 

Propos reccueillis par Antoine Piollat

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