Starligue
H. Descat : "Un sentiment de revanche"
Deux ans après avoir quitté la France pour la Roumanie et le Dinamo Bucarest, Hugo Descat reviendra en France la saison prochaine sous les couleurs de Montpellier. A 26 ans, celui-ci qui compte deux sélections en équipe de France est parfaitement conscient de l’opportunité qui se présente à lui.
- Quelle a été votre réaction quand vous avez appris que c’était fait avec Montpellier ?
- J’étais super content, évidemment. Ca me tenait à coeur de revenir en France, d’autant plus dans un top club comme Montpellier. Quand on parle de palmarès, c’est quand même le meilleur club français. Le projet qui m’a été proposé est très ambitieux, comme chaque année. Le fait de renouveler toute l’équipe montre que le club n’a pas peur de repartir sur d’autres bases et cela fait très plaisir de faire partie d’un tel projet.
- Quel a été le discours que vous a tenu Patrice Canayer ?
- Il cherchait des joueurs avec du potentiel, des joueurs capables de répéter leurs bonnes performances, et pas juste de faire une grosse sortie.
- Signer à Montpellier, c’est un peu inespéré ?
- Inespéré, quand même pas. Quand je suis sorti de Créteil, j’avais quand même fait plusieurs bonnes saisons, j’étais dans le top 5 des meilleurs buteurs. En 2017, je finis deuxième derrière Uwe Gensheimer qui est, pour moi, la référence sur le poste. Ne pas avoir de propositions de gros clubs, cela m’a un peu déçu. Passer du Dinamo à Montpellier, pour moi, c’est faire un grand pas. J’espérais le faire avant, mais ce n’est que partie remise.
- Existe-t-il un sentiment de revanche ?
- Clairement. Revanche sur moi même, sur le fait d’avoir passé deux ans loin des lumières, même si ici je joue la Champions League et que cette année on fait un très beau parcours. On est premier de la poule, c’est historique pour le club. Et ce n’est pas fini. Mais quand on passe de la Lidl Starligue au championnat roumain, en terme d’exposition, ça change. Je suis content de retrouver la lumière, entre guillemets.
- Qu’est-ce que vous en tirez de cette expérience à Bucarest ?
- J’en sors grandi. Quand je suis parti, ma femme était enceinte, elle a préféré aller accoucher dans son pays. De juillet à février, elle n’était pas avec moi. Donc les premiers mois, dans un club étranger, tout seul, ça change tout, d’autant que je n’avais connu que Créteil avant. J’ai vécu pas mal de choses ici, des expériences super positives mais aussi d'autres que je n’avais jamais connues avant et dont on n’a pas l’habitude en France. J’en souris maintenant, mais sur le coup, cela n’a pas toujours été simple. Sortir de son confort et de son pays, cela peut montrer que les choses ne sont pas partout pareilles. Il ne faut pas cracher sur ce qu’on a en France et je m’en suis rendu compte.
- On dit que la paternité change un homme. Cela a été votre cas ?
- Avoir un enfant, sentir que, quelque part, il est dépendant de soi, cela change la perception. Cela met du plomb dans le cerveau. Je sais que les gens parlent beaucoup, mais si je suis un peu fou-fou dans la vie, c’est ce qui fait ma force sur le terrain. Je ne vais pas changer pour faire plaisir. Mais maintenant, je pense être plus canalisé.
"Ne pas être un suiveur, cela m'a sans doute joué des tours"
- Ca vous a blessé, cette réputation ?
- Que les gens me prennent pour quelqu’un que je ne suis pas ? Evidemment. Surtout que les gens parlent d’un mec à problèmes alors que personne ne s’est jamais plaint de moi à Créteil. Et pourtant, j’ai croisé pas mal de joueurs, de plein de nationalités. Même si je ne garde pas ma langue dans ma poche, même ici à Bucarest, je ne me suis accroché avec personne ici. Je ne sais pas d’où viennent les rumeurs, mais ça m’a blessé. Ne pas être un suiveur, cela m’a sans doute joué des tours, surtout pour trouver un club quand je suis parti de Créteil. Les gens ne voulaient pas prendre de risques, ils avaient entendu que j’étais un mauvais élément dans le vestiaire.
- Le fait que Patrice Canayer vous fasse confiance, cela vous inspire-t-il de la reconnaissance ?
- C’est ce que je lui ai dit. Il m’a fait comprendre que ce qu’il s’était passé, c’était passé. Chacun a son histoire et il ne veut pas changer qui je suis, mais le cours de mon histoire. Evidemment, j’ai été très reconnaissant qu’il accepte de me rencontrer, qu’il aille plus loin que ces rumeurs, qu’il veuille voir qui je suis vraiment. Rien que ça, ça me donne vraiment envie de me déchirer pour eux dès le premier jour où je serai là.
- Est-ce que vous pensez que c’est votre dernière chance ?
- Si je me dis ça, je me mets la pression d’entrée. Non, je ne pense pas. Pas ma dernière chance, mais une très grosse chance de se relancer. Une opportunité comme ça, je ne l’aurai pas tous les ans.
- En parlant de pression, passer après Michaël Guigou, c’est en une…
- Michaël a son histoire avec Montpellier, je vais essayer d’écrire la mienne. Je ne viens pas pour le remplacer. Ce qu’il se passe entre Montpellier et lui, cela ne me regarde pas. Les circonstances font que j’arrive à ce moment là, mais j’arrive en tant que Hugo Descat. Pas pour remplacer qui que ce soit.
Propos recueillis par Kevin Domas