Euro (M)
La Croatie au bout du suspense, l'Espagne plus sereine
Le public de Stockholm a eu droit a deux demi-finales radicalement différentes : un match au couteau de 80 minutes entre la Norvège et la Croatie, puis une équipe d'Espagne qui a bien maîtrisé son match contre la Slovénie. Retour sur une journée riche en émotions.
Si l'EHF cherchait des moyens de faire la promotion du handball, elle pourrait à coup sûr rappeler ce vendredi 24 janvier, et surtout cette première demi-finale incroyable entre la Norvège et la Croatie. Incroyable d'abord pour l'ambiance mise par les nombreux supporters de la Croatie présents, qui ont bien rempli la Tele2 Arena de Stockholm. Incroyable ensuite car les deux équipes ont vraiment semblé être au même niveau, et qu'il aura fallu attendre les dernières secondes de la deuxième prolongation pour départager les deux équipes. "Je n'avais jamais vécu un match comme ça, ça a été 80 minutes de pur combat", lâchait Igor Karacic en zone mixte. Chaque équipe a eu l'occasion de faire la différence dans ce match : en toute fin du temps réglementaire, la Croatie ne parvint pas à profiter des 21 dernières secondes de possession pour gagner. A la fin de la première prolongation, les Norvégiens ont eu l'avantage avant de concéder un 7 mètres, transformé par Domagoj Duvnjak pour l'égalisation et une deuxième prolongation. Puis, à la 80e minute, Gøran Johannessen buta sur Marin Sego, avant que Zeljko Musa, habituellement cantonné aux tâches défensives, crucifia Torbjørn Bergerud, auteur de 14 arrêts sur le match, à la dernière seconde (29-28 ap)...
La Croatie gagne avec "la tête et le cœur"... et Duvnjak
"C'est tout simplement incroyable, souriait Luka Stepancic en zone mixte. On a une telle force mentale dans cette équipe, on l'avait montré contre l'Allemagne et l'Espagne, et on l'a refait contre la Norvège." Igor Vori, le manager de la sélection, n'en revenait pas : "Nous avons joué avec la tête et le cœur, et c'est incroyable comme une équipe peut tenir comme ça pendant 80 minutes." Les Norvégiens n'ont pas démérité, mais les mots manquaient pour décrire la hauteur de la déception. "Je ne peux pas vraiment dire ce qui a décidé le match. Nous étions tout proches, mais au final, peut-être qu'une seule action dans les 80 minutes n'a pas été suffisamment bonne... On a eu une opportunité, mais ce n'était pas notre jour", regrettait Harald Reinkind en zone mixte.
Et s'il fallait mettre en lumière un facteur décisif côté croate, on pourrait se retourner vers Domagoj Duvnjak. Alors que Luka Cindric n'a pu être utilisé que parcimonieusement, l'autre demi-centre croate a été lumineux, avec une activité énorme en poste avancé de la défense 5-1 de Lino Cervar, et aussi décisif en attaque. A la fin du temps réglementaire, ce sont ses deux buts qui mettent la Croatie en bonne position, qu'elle n'arrive finalement pas à exploiter. A la fin de la première prolongation, c'est à nouveau lui qui maintient en vie la Croatie avec son 7 mètres réussi à la dernière seconde. Avec ses huit buts au total, il aura réussi à avoir plus d'impact que son futur partenaire à Kiel, Sander Sagosen, pourtant auteur d'un gros match avec ses dix buts, et remporte ainsi le duel à distance avec la star norvégienne. "C'est un animal, s'extasie Igor Vori. Je ne peux pas dire où ce garçon trouve sa force, il est tellement malin et intelligent, et il n'abandonne jamais." Avec un tel capitaine, le navire croate peut aller très loin...
L'Espagne a maîtrisé son match
Il était difficile d'attendre un scénario similaire de la deuxième demi-finale entre l'Espagne et la Slovénie. En fait, le match a été beaucoup moins équilibré, puisque le tenant du titre, devant des tribunes moins garnies que pour le premier match, a dominé son adversaire coupable de trop nombreuses erreurs et pertes de balle. L'écart fait en première période (18-13, 27'), les hommes de Jordi Ribera se sont attachés à conserver une avance d'au moins trois buts en deuxième période, et ils y sont parvenus sans trop de problèmes... jusqu'à l'entrée dans le money-time. "On a pris un petit écart au score, mais on connaît bien l'équipe de Slovénie, elle revient toujours, notait Daniel Sarmiento en zone mixte. On a fait des erreurs en attaque, perdu quelques ballons et ils en ont profité pour marquer des buts rapides." Les Slovènes, revenus à une longueur, sont passés près de l'exploit, mais un dernier but d'Alex Dujshebaev les a finalement condamnés (34-32). "Je suis fier de notre retour, car même menés de cinq buts, nous n'avons pas abandonnés et nous avons continué à nous battre, affirmait Borut Mackovsek. Nous avons essayé d'accrocher les prolongations, mais malheureusement nous avons été trop courts."
Les Slovènes pourront au final regretter leurs trop nombreuses pertes de balle en première période (9, contre 2 pour l'Espagne), qui les a mis en difficulté après un gros premier quart d'heure d'égal à égal avec la Roja. L'Espagne a fait le travail, malgré un nombre de buts encaissés assez inhabituel pour l'une des meilleures défenses d'Europe. "On a bien maîtrisé notre sujet, même si on n'a pas trouvé de solutions en défense en deuxième mi-temps. Heureusement qu'on était assez efficace en attaque, soulignait Gonzalo Pérez de Vargas. Mais on a quand même réussi à gérer tout le match, et on est en finale." Et c'est bien là l'essentiel, avant de retrouver dimanche une équipe de Croatie déjà affrontée cette semaine, pour une finale qui pourrait bien faire encore une fois une bonne publicité pour le handball. Avec le public au rendez-vous, ce serait même parfait.
A Stockholm, Mickaël Georgeault avec Kevin Domas