Starligue
[Analyse] Les money times en Starligue
Ce sont ces moments qui nous font vibrer, qui coupent le souffle des spectateurs dans la salle (lorsqu’il y en a) : les fins de match à enjeu, les fameux money times en anglais. Quels sont les clubs qui en jouent le plus ? Quels sont ceux qui les gèrent le mieux ? Quels sont les joueurs décisifs dans ces moments chauds ? Voici quelques éléments de réponses chiffrées en partenariat avec Data7&Match.
La 27e journée de Starligue qui s’est achevée dimanche a été forte en émotion. Deux matchs nuls (entre Montpellier et Nîmes et entre Saint-Raphaël et Chambéry), une victoire d’un but pour Istres à Tremblay ou encore une de 2 buts pour Toulouse face à Chartres. Avec le retour du public, l’émotion, la tension et le suspense ont été encore plus forts. Alors que le championnat touche bientôt à son terme et que chaque match revêt encore plus d’enjeu, chaque money time pèse plus lourd. D’où l’intérêt de faire un premier bilan des fins de match à suspense de Starligue.
DEFINITION DU MONEY TIME
Avant toute chose, il s’agit de définir ce qu’est un money time. Cet anglicisme désormais bien répandu dans le sport n’a en effet pas de définition stricte. Globalement, on parle de money time lorsque le match est serré et qu’on s’approche de la fin du match. Mais à partir de quelle minute entre-t-on dans le money time ? Il nous a fallu trancher pour avoir un cadre précis pour l’étude et voici donc la définition retenue pour un money time ici : il s’agit d’un match lors duquel l’écart est au moins une fois de 2 buts ou moins lors des 6 dernières minutes.
Pourquoi cette définition ? Car elle permet une comparaison intéressante avec la Bundesliga, puisque la ligue allemande a publié récemment sur son site une étude des « crunch-time » dans son championnat. D’autres définitions sont toutes aussi légitimes (n’hésitez pas à en discuter en commentaires), mais on se concentrera donc ici sur les matchs dans lesquelles l’écart est au moins une fois inférieur ou égal à 2 buts dans les 6 dernières minutes.
On retrouve ainsi 114 matchs finissant par un money time, soit 56 % des rencontres en 2020-2021. Ce chiffre montre à quel point la Starligue est serrée cette saison. En comparaison, le ratio était de 36 % en 2019-2020, 49 % en 2018-2019 ou encore 44 % dans l’étude de Handballytics sur le championnat allemand de cette saison.
QUI VIT LE PLUS DE MONEY TIMES ?
La première question qui nous vient à l’esprit est de découvrir quelles sont les équipes qui disputent le plus de money times. Il s’agit finalement d’équipes plutôt de la première partie de tableau mais pas du trio de tête. Ainsi, 72 % des matchs d’Aix et Nîmes finissent par une situation de money time, soit 18 matchs sur 24. En revanche, Montpellier et Paris sont les deux équipes qui en vivent le moins, Paris ne vit ainsi des fins de match à suspense que dans 20 % des cas (5 matchs sur 25).
Source : LNH - Calculs : Data7&Match Comment lire le graphique ? Concernant Dunkerque, 62 % des rencontres de l’USDK se sont finies sur une situation de money time, soit 16 matchs sur 26.QUI SAIT GERER LA PRESSION ? MONTPELLIER EN REUSSITE, TREMBLAY ET LES DETAILS
Le money time génère du spectacle et du suspense, un vrai plaisir pour les spectateurs. Pour autant, le véritable enjeu pour les clubs est de remporter ces matchs stressants. Alors qui gère le mieux la pression lorsque le ballon devient plus lourd et que les cages ont l’air plus petites ?
Montpellier est la meilleure équipe sur les money times. Les Héraultais n’ont ainsi perdu aucune rencontre sur un score serré, les deux seules défaites du MHB étant sur un score plus large face au PSG. Cette saison, les hommes de Patrice Canayer se sont même fait une spécialité d’arracher des résultats en toute fin de match, comme à Saint-Raphaël, Chambéry, ou encore ce week-end face à Nîmes. Montpellier prend ainsi 1,6 point par money time. Paris n’est pas loin derrière, le PSG n’ayant perdu que face à Nantes, d’un petit but. Enfin, on retrouve les équipes du bas de tableau en fin de liste, à l’exception d’Istres qui a réussi quelques jolis coups sur des matchs serrés. Source : LNH - Calculs : Data7&Match Comment lire le graphique ? En moyenne, Aix prend 1,1 point par match qui se finit par un money time.Ces statistiques plus avancées permettent de mettre en avant quelques tendances. Ainsi, Dunkerque, encore un peu menacé par la relégation, a joué beaucoup de money times (62 % de ses matchs) et a, malheureusement pour les Nordistes, assez mal réussi ces fins de matchs (0,7 point obtenu).
Dernier, Tremblay détient un triste record, les Jaune et Noir ont perdu 11 fois lors d'un money time cette saison, dont 7 défaites d’un but. Une histoire de détails, comme on dit.Club | Nb money times | Victoires | Nuls | Défaites | Moyenne de points par match money times | Moyenne de points par match non money times |
Montpellier | 11 | 7 | 4 | 0 | 1,64 | 1,75 |
Paris | 5 | 4 | 0 | 1 | 1,60 | 2,00 |
Nantes | 16 | 9 | 3 | 4 | 1,31 | 2,00 |
Chambéry | 15 | 7 | 5 | 3 | 1,27 | 0,73 |
Limoges | 15 | 8 | 3 | 4 | 1,27 | 0,55 |
Aix | 18 | 9 | 2 | 7 | 1,11 | 1,71 |
Istres | 12 | 5 | 3 | 4 | 1,08 | 0,33 |
Toulouse | 17 | 8 | 2 | 7 | 1,06 | 1,00 |
Nîmes | 18 | 8 | 3 | 7 | 1,06 | 1,71 |
Saint-Raphaël | 18 | 7 | 4 | 7 | 1,00 | 0,75 |
Créteil | 12 | 5 | 0 | 7 | 0,83 | 0,50 |
Ivry | 13 | 4 | 2 | 7 | 0,77 | 0,33 |
Cesson-Rennes | 15 | 3 | 5 | 7 | 0,73 | 0,55 |
Dunkerque | 16 | 4 | 3 | 9 | 0,69 | 0,80 |
Chartres | 13 | 4 | 0 | 9 | 0,62 | 0,77 |
Tremblay | 14 | 2 | 1 | 11 | 0,36 | 0,17 |
En moyenne, Aix prend 1,11 point par match qui se finit par un money time. Lors des matchs qui ne se finissent pas par un money time (donc les matchs moins serrés), Toulouse prend 1,00 point en moyenne et Paris et Nantes font le plein (2 point par match).
QUELS JOUEURS SE TRANSCENDENT ?
Nos amis d’outre-Atlantique, en NBA, emploient le terme « clutch » pour désigner ces joueurs qui savent se rendre décisifs lors des fins de matchs irrespirables. Vous avez forcément en tête des actions de la sorte, au hasard, un jet franc direct de Kiril Lazarov à la dernière seconde au Phare ou le but de la victoire de Valentin Porte à Saint-Raphaël cette saison ? Alors quels joueurs sont les plus décisifs dans le money time ?
On retrouve, cette saison, des ailiers, tireurs de jets de 7 mètres, dans les meilleurs buteurs par money time. Avec 0,73 but par money time, Dragan Gajic est le joueur le plus « clutch » de Starligue cette saison. Il est suivi de près par une horde d’ailiers gauches : Caucheteux, Pellas, Mohamed et Nemanja Ilic.
Source : LNH - Calculs : Data7&MatchEn conclusion de ce tour d'horizon statistique des money times, on peut tout d'abord constater l'importance des money times dans cette saison avec plus d'un match sur deux qui se finit sur un score serré. Leur gestion est donc primordiale pour chaque équipe et force est de constater que certaines s'en sortent de manière exceptionnelle, comme Montpellier qui n'a ainsi jamais perdu de money time cette saison, réalisant même parfois des remontadas presque inespérées. De l'autre côté, certains clubs comme Tremblay paient très cher leurs difficultés dans ces derniers instants.
Tristan Paloc - Data7&Match