Starligue
Quels sont les effets du huis clos sur les matchs de Lidl Starligue ?
Ce mardi soir, l’affiche entre Dunkerque et Nîmes aura un parfum particulier et pas uniquement pour Dylan Garain et Kader Rahim qui retrouveront leurs anciens coéquipiers. En effet, il s’agira de la 100e rencontre à huis clos de la saison. Au-delà de rendre les matchs forcément moins enthousiasmants à suivre et à vivre, cette barre des 100 matchs est également l’occasion de s’interroger sur l’effet du huis clos sur les résultats des matchs de Starligue.
Les supporters jouent-ils réellement le rôle de 8e homme ? On a l’habitude d’entendre les louanges des joueurs à leurs fans lors des interviews de fin de match. Mais avec tous les matchs à huis clos cette saison en Starligue (dont les 100e et 101e demain soir), l’occasion se présente d’essayer de vérifier si le public a un impact sur le résultat des matchs. Quels sont les effets sportifs du huis clos ?UNE BAISSE ASSEZ NETTE DU POURCENTAGE DE VICTOIRES A DOMICILE
Face à cette question, la démarche entreprise par William Galy, fondateur de Data7&Match, spécialisé dans l’analyse statistique du handball, est claire : « On a comparé les données des 99 matchs à huis clos de cette saison de Starligue avec presque 2900 matchs du championnat de France, depuis 2004 ». Le premier constat est qu’avec le huis clos, les équipes gagnent moins souvent à domicile. Devant leur public, les équipes qui reçoivent gagnent en moyenne 54,1 % des rencontres. A huis clos, ce ratio tombe à 47,5 %. Inversement, les équipes à l’extérieur semblent profiter de l’absence de public et s’imposent dans 46,5 % des cas à huis clos contre seulement, 36,6 % en présence de public.
DES MATCHS LEGEREMENT PLUS PROLIFIQUES, PRINCIPALEMENT GRÂCE AUX VISITEURS
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le nombre de buts inscrits en Starligue est en moyenne plus élevé lors des matchs à huis clos que devant du public (56,6 contre 55,5). Cela s’explique majoritairement par le fait que les visiteurs marquent en moyenne environ un but de plus (28 buts contre 27,1 buts devant du public). Les équipes à domicile voient leur total relativement peu changé.DES ARBITRES MOINS SOUS PRESSION ?
C’est forcément une question à laquelle vous avez pensé. Sur quels facteurs influe le public ? Au-delà de motiver ses joueurs, un public en chaleur peut intimider l’adversaire mais également influencer les arbitres ! Les données traitées par William Galy semblent conforter cette hypothèse. « L’influence du public sur l’arbitrage une des hypothèses qui nous intéressait le plus de tester. Le nombre de 2 minutes semblait être un bon indicateur et ce qu’on a trouvé présente des éléments vraiment intéressants ». Ainsi, alors que depuis 2004, sur les plus de 2500 matchs observés, les équipes à domicile sont en moyenne moins sanctionnées que les visiteurs, le constat s’inverse à huis clos.
Note de lecture : les deux derniers points concernent la saison 2020-21 : l'un représente les matchs avec jauge réduite (JR), et le dernier, les matchs à huis clos (HC). Chaque point représente le nombre moyen d'exclusions pour 2 minutes par match. Les données commencent en 2004-2005 et finissent au dernier match de Starligue cette saison.PEUT-ON DEJA TIRER DES CONCLUSIONS ?
A cette question, William Galy répond limpidement : « Non, bien entendu. On a pour l’instant trop peu de matchs à huis clos pour pouvoir tirer des conclusions. De plus, même si l’échantillon-test déjà disponible d’une centaine de matchs est d’une taille intéressante, on ne peut pas conclure définitivement sur l’effet des huis clos car il y a une multitude d’autres facteurs. Principalement, en cette saison mouvementée, le fait que certaines équipes aient joué des matchs avec énormément d’absents ou que d’autres aient enchaîné beaucoup de rencontres en peu de temps, biaise nécessairement les résultats. Pour autant, ces premiers résultats permettent de dégager des tendances vraiment intéressantes et que l’on n’avait jamais statistiquement mises en exergue pour notre sport. On va continuer de suivre ça jusqu’à la fin de la saison ». De notre côté, on espère que la fin de la saison clôturera l’échantillon des statisticiens et que nous pourrons rapidement repeupler nos gymnases.
Tristan Paloc