EdF (M)
Nikola Karabatic, 20 ans, toujours présent

La Fédération Française de Handball a eu la bonne idée de célébrer les vingt ans en équipe de France de sa plus grande star, Nikola Karabatic, à l'occasion de la rencontre face à la Lituanie à Poitiers.
Tout avait été prévu dans le plus grand secret. Sa compagne et ses enfants avaient voyagé jusqu'à l'Arena du Futuroscope sans prévenir qui que ce soit, et les suiveurs de l'équipe de France n'avaient eu l'info qu'au dernier moment. Si on n'était pas le 2 novembre, la date exacte des vingt ans de Nikola Karabatic sous le maillot, le cadeau n'avait pas moins bonne saveur pour autant. "Je savais que ça faisait 20 ans depuis mes débuts en équipe de France, mais ça m'était sorti de la tête que ça tombait en octobre" souriait-il après avoir signé un nombre incalculable d'autographes pour ses fans poitevins. Pour fêter l'occasion, il pu revivre quelques-uns de ses meilleurs moments sur une vidéo, entouré de ses coéquipiers vêtus d'un sweat à son effigie, avant que ses enfants ne lui apportent un maillot collector au centre du terrain.
Ce soir, à Poitiers, il était bien loin l'automne 2002 où, à peine passé la barre des 18 ans, l'ainé des Karabatic est monté dans l'avion pour la Suède et la World Cup, où il a fait ses premiers pas sur le parquet de Göteborg. Vingt ans, c'est long, très long. Tout autour de lui rappelle à Nikola que les années passent. Dernier symbole, l'arrivée cette semaine à la Maison du Handball du jeune portier Charles Bolzinger, de seize ans son cadet, dont son père était le parrain. "Je l'ai connu bébé" rigolait-il lundi au point presse des Bleus. L'inusable moteur de la machine bleue a pris de l'âge. Alors il ne joue plus soixante minutes par match, ménagé pour mieux performer sur la durée. Et sortir de sa boite dans les grandes occasions. "Je ne suis pas Benjamin Button, je sais qu'il n'existe pas et, de toute façon, je ne recherche pas la jeunesse éternelle. Je sais que ça va s'arrêter un jour, alors j'essaye de savourer un maximum" dit l'ainé des Karabatic, tandis que son frère, promu au rang de capitaine en équipe de France, parle d'un "exemple pour nous tous, d'un modèle pour les jeunes joueurs qui arrivent aujourd'hui en équipe de France."
Pas un jubilé, ni un au revoir
Ce soir, c'était peut-être un "simple" match de qualifications contre la Lettonie, une rencontre à sens unique comme les Bleus en ont déjà vécu un paquet. Mais à en voir la colère que Nikola Karabatic a piqué après un bourre-pif reçu en début de seconde période et son début de match canon, avec deux buts et quatre passes décisives dans le premier quart d'heure, la motivation était bien là. "Clairement, ce n'était pas son jubilé" souriait son frère, tandis que Nikola, lui, soulignait le plaisir qu'il prend encore tous les jours : "Faire de la muscu, jouer aux cartes dans le bus, voyager, j'aime toujours autant ça. Je suis incapable de dire si j'irais jusqu'aux JO, pour tout le monde, ça semble près mais pour moi, c'est dans 100 ou 120 matchs."
Il va sans dire que ses coéquipiers et même le sélectionneur Guillaume Gille aimeraient bien le garder encore un peu avec eux. Un exemple pour les plus jeunes et, aussi, un monument indéboulonnable capable par moments de porter son équipe sur ses épaules, comme il a pu le faire aux derniers Jeux Olympiques, "certainement un des plus beaux titres de ma carrière." "Niko, c'est une référence dans notre sport, quand on entend que ça fait vingt ans qu'il est là, ça dépasse un peu l'entendement. Je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de candidats, même dans d'autres sports, avec une telle longévité et autant de titres" soulignait le sélectionneur, lui qui a quand même passé seize ans sous le maillot bleu. Ce soir, on a fêté un monument du handball français. Mais on ne lui a pas dit au revoir.
A Poitiers, Kevin Domas