EL (M)
Montpellier doit vite tirer les enseignements du Final Four
Quatrième du Final Four de l’European League, Montpellier a passé un mauvais week-end à Flensburg. Le MHB devra trouver les ressources pour rebondir, et ne pas finir la saison 2022-2023 bredouille.
« Des remords et des regrets », c’est ce que va ramener Karl Konan du week-end difficile passé par son équipe, Montpellier, à Flensburg, tout au nord de l’Allemagne. Pas à la hauteur dans la durée en demi-finale contre Berlin, futur vainqueur de l’épreuve (29-35), le représentant français n’est même pas parvenu à monter sur le podium en échouant contre Göppingen, déjà affronté en poule (une victoire, une défaite) et quinzième de Bundesliga (29-33). « Je suis en colère et déçu, parce qu’on est un peu brouillons à certains moments et on n’arrive pas à relever la tête », ajoutait encore le reconverti pivot, une amertume qui fait écho à celle exprimée également par Yanis Lenne en zone mixte. Repartir d’un Final Four avec deux défaites fait mal, surtout lorsqu’il est abordé avec objectivement de bonnes chances de remporter la compétition.
Une baisse de niveau coupable dans les deuxièmes périodes
Le MHB manque là une belle opportunité de remporter un titre, alors que le club n’a plus remporté de trophée depuis 2018. La prestation contre Berlin cristallise évidemment les critiques : trop de petites erreurs avec de grosses conséquences, avec des deux minutes évitables et des tirs ratés, qui ont « fait qu’on n’est plus vraiment dans le match », expliquait Julien Bos samedi, alors que Patrice Canayer confessait ne pas avoir dormi entre samedi et dimanche « parce que j’ai ressassé le match toute la nuit ». Mais la petite finale contre Göppingen, pour laquelle Montpellier tenait à l’emporter pour se remettre dans le sens de la marche avant l’importante fin de saison, n’a pas vraiment rassuré. « On n’a pas réussi à être rigoureux sur 60 minutes, collectivement et individuellement, et ça se paie cash », résumait Karl Konan, alors que Yanis Lenne pointait les manques au niveau du jeu collectif sur la deuxième période.
En conférence de presse, l'entraîneur Canayer tempérait l’analyse : non, le match contre Göppingen, où l’écart s’est vraiment fait dans les dix dernières minutes, n’était pas si négatif. « Il ne faut pas non plus dramatiser la situation, a-t-il déclaré. Hier [samedi], j’étais beaucoup plus en colère qu’aujourd’hui [dimanche]. J’ai trouvé qu’aujourd’hui, on est restés longtemps cohérents. Il est clair que le niveau a baissé [en fin de match], mais on est resté beaucoup plus compacts, plus solidaires, groupés. »
Des Montpelliérains pas clutchs
Le coach du MHB a néanmoins pointé trois lacunes de son équipe pour le week-end. La première est la gestion émotionnelle de la rencontre : « on dépense beaucoup d’énergie émotionnelle qui nous manque un petit peu en fin de match », estime le technicien. La deuxième est celle des rotations, pas forcément à la hauteur, surtout « à ce niveau ». On ne peut que s’accorder avec cette analyse, notamment en soulignant que, dans les deux matchs, Montpellier a un coup de moins bien dans les dix dernières minutes de la première mi-temps, au moment où Canayer a fait souffler ses cadres. L’écart entre l’importance de Kyllian Villeminot et ce qu’apporte Andreas Holst a été particulièrement criant. Enfin, l’expérimenté entraîneur appuie sur « les échecs de tirs à des moments extrêmement importants. Hier [samedi] c’est arrivé en début de seconde mi-temps, ce soir [dimanche] c’est arrivé un petit peu plus tard, sur des situations qui sont vraiment ouvertes. Le match a vraiment basculé sur ça. »
Là aussi, on peut lui donner raison, et même aller plus loin, en élargissant à la performance de la défense et des gardiens. Si les portiers montpelliérains ont des statistiques assez honnêtes, les arrêts réalisés par le duo Rémi Desbonnet – Charles Bolzinger n’ont pas été réalisés aux moments cruciaux. À l’inverse, la grande majorité des arrêts de Dejan Milosavljev samedi ont eu lieu en deuxième période, tandis que côté Göppingen, Marin Sego s’est rappelé au bon souvenir de ses anciens partenaires en sortant une grosse fin de match à 60 % de réussite, dont deux penaltys de Julien Bos repoussés. Tireurs comme gardiens n'ont donc pas été capables de débloquer la situation en faveur des Montpelliérains. De plus, à l’image d’un Kresimir Kozina toujours prêt à haranguer ses partenaires et ses supporters, Göppingen a montré un visage plus conquérant en fin de rencontre, et s’est mis dans les dispositions favorables pour aller chercher la victoire, quand Montpellier s’enfonçait dans des aventures individuelles pas couronnées de succès. Le fameux manque de lucidité est aussi à aller chercher dans ces mauvais choix.
Sans titre, la saison aurait un goût d’inachevé
« Ça sera le constat de ce week-end, qui n’est pas celui depuis le début de saison car on avait l’habitude de bien finir nos matchs », temporise là encore Patrice Canayer à propos des critiques faites sur la prestation des siens. « On n’a pas manqué de caractère, on a manqué de maîtrise technique », ajoute-t-il, pour rappeler que l’état d’esprit était au rendez-vous. Mais le coach du MHB regarde aussi un peu plus loin : « Ce week-end est extrêmement instructif pour nous, a-t-il également souligné. On a été poussé dans nos limites, et ça a permis de voir comment a pu réagir l’équipe, sur quoi il faut axer le travail, sur quoi même peut-être il faut axer le recrutement… Il y a quand même des leçons importantes à tirer de ce week-end ». La gestion d’un tel rendez-vous demande un peu d’expérience, qui a manqué surtout samedi contre une équipe de Berlin plus solide sur ce point, et Montpellier repartira au moins de Flensburg avec des enseignements à tirer sur la gestion de ces moments clés.
Mais avant de regarder plus loin, il faudra déjà bien finir la saison. La disette de titres peut en effet encore être stoppée. En championnat, il faudrait un sacré concours de circonstances pour que le MHB passe devant Paris, à deux points, et Nantes, alors que les deux rivaux ont la différence particulière à leur avantage sur Montpellier. Afin de ne pas avoir de regret, et de coller à la philosophie de « jouer match après match » de Patrice Canayer, le MHB se tourne vers les deux rencontres à venir, deux beaux duels à domicile contre Aix et Chambéry. Mais la finale de Coupe de France, le 10 juin contre Nantes, est davantage encore en ligne de mire. « Il faut se dire les choses, travailler, faire un bilan et se remettre en place dès mercredi, conclut Karl Konan, alors que les Montpelliérains ont deux jours de repos. On n’a pas beaucoup de temps, donc le temps pour les remords et les regrets on l’aura le 10 juin ». Un temps qui sera plus douloureux en cas de défaite en Coupe, d’où la nécessité de tirer les enseignements le plus rapidement possible pour que cette saison 2022-2023, si bien commencée, ne s’achève pas sur un goût d’inachevé.
Mickaël Georgeault avec Antoine Piollat, à Flensburg