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Aymeric Minne : "C'est l'une de mes meilleures premières parties de saison de ma carrière"
Arrivé dans la cité des Ducs de Bretagne à 22 ans, le meneur nantais est sûrement dans la meilleure phase de sa carrière. Après une première partie de saison intense, où il a su mener le HBC Nantes vers la première place du championnat, Aymeric Minne nous a accordé une interview dans laquelle il se livre avec sincérité et émotions pour Handnews, abordant tous les sujets, lui qui est lié au HBC Nantes jusqu'en juin 2026.
Celui qui a fêté ses 10 ans dans le championnat français la semaine dernière ne cesse de progresser saison après saison. Formé au Centre de formation de Toulouse à partir de 2013, Aymeric Minne décide rapidement de quitter la Ville rose pour signer à Aix en 2015, après avoir décroché l'or au championnat du monde avec l'équipe de France junior. Quatre ans plus tard, il quitte le club pour rejoindre le HBC Nantes, où il grandit en tant qu'homme mais aussi en tant que joueur. Il espère clôturer son histoire nantaise en beauté en remportant le premier titre majeur du club avant de s'envoler pour la Bundesliga, où il possède déjà un accord verbal avec Flensburg pour juin 2026, soit la fin de son contrat avec le HBC Nantes.
Téléphone en main, dès la sortie de l'entraînement jeudi dernier, l'international français a pris le temps de s'asseoir dans son canapé pour analyser sa première partie de saison, tout en se projetant sur la deuxième, qu'il considère comme « la plus excitante » qu'il ait vécue à Nantes.
Handnews : Comment évalues-tu ton début de saison ?
Aymeric Minne : Je suis satisfait de mon début de saison. Après l’été intense que nous avons vécu avec les JO, je ne savais pas trop comment mon corps allait tenir physiquement. Heureusement, je n’ai pas ressenti le contrecoup que l’on redoute souvent après les Jeux. J’ai pu enchaîner les matchs avec un bon temps de jeu, que ce soit en Ligue des Champions ou en championnat. Je suis particulièrement content de la régularité que j’ai affichée sur cette première partie de saison, qui est l’une des meilleures de ma carrière.
HN : On a l'impression que tu es dans la meilleure phase de ta carrière, que tu as franchi un cap durant cette première partie de saison. Comment expliques-tu ceci ?
AM : Je pense que c’est lié à l’âge. À mon poste, on m’a souvent dit qu’on atteignait la maturité à 27 ou 28 ans, ce qui m’agaçait un peu plus jeune, car je n’étais pas d’accord. Maintenant, je comprends mieux ce qu’on voulait dire (Il a 27 ans aujourd'hui). J’ai plus d’automatismes et une meilleure préparation mentale pour mes matchs. Par exemple, je pense davantage à mes adversaires, aux stratégies de jeu. Je sens que j’ai gagné en maturité dans ma tactique. Cela dit, je dois continuer à progresser. Chaque année, j’ai l’impression de faire mieux que la précédente. C’est une bonne chose, car je me remets constamment en question et ne me satisfais jamais pleinement de mes performances passées. Cette année, j’ai aussi ajouté de petites routines dans ma préparation tactique, ce qui m’aide à aborder les matchs avec plus de sérénité.
HN : Est-ce que l’arrivée de Nicolas Tournat cet été a modifié votre tactique offensive ?
AM : Oui, complètement. Nico est un pivot de position, un profil que nous n’avions pas vraiment avant. On avait pris l’habitude de jouer sans et cela a nécessité un temps d’adaptation. Au début, Nico était un peu frustré car on ne l’utilisait pas assez efficacement. Il stoppe l'échange, réfléchit quelques instants et reprend . Pour être honnête, on a eu une discussion assez longue avec Nicolas. Je lui ai demandé de nous laisser un peu de temps pour nous réhabituer à jouer avec un pivot comme lui. Petit à petit, nous avons trouvé des automatismes et aujourd’hui, il est essentiel pour notre collectif. Même quand il ne marque pas, il obtient de nombreux pénaltys et crée des points de fixation en attaque.
HN : On a l'impression que son arrivée vous a libérés, avec Thibaud Briet et Julien Bos ?
AM : Oui, ça nous permet de devoir déclencher moins de duels, de garder un peu plus d’énergie, ce qui nous permet d’être plus lucides lors des money time ou dans des actions où nous devons prendre nos responsabilités. Nico est un pivot de classe internationale, c’était peut-être le joueur qui nous manquait dans l’effectif pour être armés à lutter pour gagner le championnat.
HN : Est-ce que ton match à Magdebourg (9 buts sur 11 tirs) reste ta meilleure performance individuelle de l'année ?
AM : Oui, probablement. J’étais en réussite ce jour-là, notamment en défense. Réussir une telle performance contre une grosse équipe européenne, c’est forcément marquant. Ça a été un moment fort de cette première partie de saison, un de ces matchs où l’on n’est pas forcément favoris, mais où l’on a réussi à répondre présent.
HN : L'objectif de terminer premier du championnat à la mi-saison est atteint. On peut dire que, pour la première fois de son histoire, le HBC Nantes n'a aucun retard sur le PSG dans la course au titre.
AM : Oui, totalement. Les années précédentes, ce n’étaient pas forcément les confrontations directes qui nous coûtaient le titre, mais les matchs face à des équipes comme Limoges, Aix ou Toulouse, où nous laissions des points. Cette saison, on a su être réguliers, même après les grosses affiches en Ligue des Champions ou en championnat. Hormis notre défaite à Toulouse, qui reste notre pire match selon moi, nous avons réussi à gagner tous les autres matchs. Finir premier à la trêve, c’est une grande satisfaction. À côté de ça, il y a aussi la Ligue des champions. Maintenant que nous sommes dans cette position (actuellement 2e ex aequo de la poule, avec un calendrier plutôt favorable pour les matchs retours), bien sûr que nous allons tout faire pour viser cette deuxième place. Cela nous éviterait des matchs supplémentaires et nous placerait dans une très bonne dynamique.
HN : Malgré votre seule défaite face à Toulouse, le club de la capitale est à égalité de points avec vous. Que vous dites-vous en début d'année, lorsque vous affirmez clairement vouloir être champions, tout en sachant que le PSG a remporté les 11 derniers titres ?
AM : Nous savons que ce ne sont pas seulement les confrontations directes qui font la différence, mais aussi les matchs face aux équipes moins bien classées. Le PSG est chirurgical dans ces rencontres et perd rarement des points. Cette année, nous avons clairement l’effectif pour rivaliser.
Pour être honnête, je me suis dit en début de saison que j’avais peut-être un ou deux ans pour remporter le titre de champion de France avec Nantes avant de partir. C’est mon objectif numéro un. Je vais tout faire pour réussir à l'accomplir.
HN : La force collective, c'est un peu le mot qui ressort de cette première partie de saison du côté du HBC Nantes. Peux-tu nous en parler ?
AM : Je pense clairement que c’est là où nous avons le plus progressé. Nous avons confiance en nous, en notre projet de jeu, et dans nos qualités offensives et défensives. Nous gérons beaucoup mieux les moments clés, les "money time", ce qui nous permet de ne pas laisser de points en chemin. Cela fait maintenant plusieurs années que beaucoup d’entre nous font partie de l’effectif. Nous espérons pouvoir capitaliser sur cette expérience pour la deuxième partie de saison.
HN : Qu’est-ce qui te manquera le plus après ton départ de Nantes ? [Pour rappel, il a informé ses dirigeants à la fin de la saison dernière qu'il ne prolongerait pas son contrat, qui se termine en juin 2026, car il souhaite découvrir la Bundesliga. Il possède un accord verbal avec Flensburg pour juin 2026.]
AM : Beaucoup de choses. Je suis arrivé ici à 22 ans, je partirai à 29. J’ai grandi ici, tant sur le plan personnel que sportif. J’espère retrouver un autre type d’engouement en Allemagne. Thibaud Briet me manquera énormément. Sur le terrain, nous avons développé une relation très fine. On se connaît par cœur. Il est le joueur qui me connaît le mieux, et inversement. Les supporters, bien sûr. L’amour que le public nantais nous témoigne est inimaginable. On a la chance d’évoluer dans une ville où l’effervescence autour du sport nantais est incroyable. »
HN : Y a-t-il un joueur avec qui tu rêverais d’évoluer un jour dans ta carrière ?
AM : Je pense que Thibaud Briet me manquera énormément. Sur le terrain, nous avons une relation très fine. On se connaît par cœur. Sinon, j’aimerais beaucoup jouer aux côtés de Mathias Gidsel, pour observer sa routine, sa préparation et sa gestion des duels. Il est tellement impressionnant dans tout ce qu’il fait.
HN : On parle de plus en plus de la santé des sportifs de haut niveau. Ce n’est plus un tabou dans le monde du sport. Est-ce, selon toi, une bonne avancée ?
AM : Oui, c’est une vraie avancée. Aujourd’hui, les préparateurs mentaux et psychologues sont essentiels dans la performance. Après ma non-sélection à l’Euro, j’ai consulté une psychologue, et cela m’a beaucoup aidé. Parler avec une personne extérieure et neutre est parfois essentiel. Au HBC Nantes, nous avons une psychologue à disposition, et elle est souvent sollicitée. C’est vraiment une bonne avancée pour la santé des joueurs.
Place au repos pour Aymeric Minne et ses coéquipiers avant de débuter la préparation au Mondial le 1er janvier à la maison du handball. Le championnat du monde se déroulera du 14 janvier au 2 février 2025, dans trois pays : le Danemark, la Norvège et la Croatie.
Félix Landais