J. Roussel : "Quitter Metz, une décision dure à prendre"

Un an et demi après être arrivé en Moselle pour prendre les rênes du Metz Handball, Jérémy Roussel replonge en LNH, du côté de Chartres. Contacté depuis plusieurs semaines pour remplacer Pascal Mahé, il arrivera en Eure-et-Loire jeudi, avant de diriger sa première séance d'entrainement vendredi. En s'engageant pour deux saisons et demies, soit jusqu'en juin 2018, il compte s'inscrire dans la durée au CMHB28, même si l'objectif du maintien en LNH sera compliqué à atteindre en fin de saison. Pour handnews, il revient sur sa décision.

Jérémy, c'est un peu une surprise de vous voir quitter Metz pour Chartres à ce moment de la saison. Pouvez-vous nous expliquer les raisons de votre choix ?

C'est un choix lourd, qui n'a pas été facile à prendre. La raison principale est que le projet chartrain est très séduisant et je crois en sa viabilité. L'autre raison majeure est bien plus terre à terre. Metz n'était pas en capacité de m'offrir suffisamment de lisibilité quant à ma situation future. Mon contrat se terminant en juin, ils ont eu la classe de me laisser le choix. Quand, en face, on vous désire ardemment, avec un beau projet, forcément on réfléchit. Quand on sait la dureté du marché des entraineurs en France en ce moment, il était difficile de laisser passer cette offre.

On peut supposer que vous ne quittez quand même pas Metz de gaieté de cœur...

Non, comme je vous l'ai dit, la décision a été très dure à prendre. Je suis très attaché à mes joueuses et à mon staff, à ce groupe sympa qui formait vraiment une belle équipe sur le terrain. J’ai également beaucoup d’admiration pour Thierry Wiezman, pour son énergie et son engagement constant auprès de ce club. Ce n'est jamais facile de se séparer de personnes pour lesquelles on a de l'estime et de l'affection.

Comment vos joueuses ont-elles réagi à l'annonce de votre départ ?

C'est difficile à dire, je les appelle les unes après les autres pour leur expliquer ma décision, puisque les trois-quarts d'entre elles sont actuellement avec leurs sélections nationales. J'avais bâti une équipe compétitive, jeune qu'il était très agréable et gratifiant d’accompagner. J’imagine qu’elles sont surprises, sans doute déçues aussi.

"Moins dans l'obligation de tout contrôler"

Vous aviez quitté la LNH en février 2014 à Aix, vous la retrouvez presque deux ans après...Qu'est-ce que votre passage a Metz vous a apporté ?

J’ai envie de penser qu’avec le temps et l’expérience on change et on se bonifie. A mes débuts d'entraineur, j'étais à la tête d'un groupe avec qui j'avais joué, partagé des moments festifs, il était nécessaire d’installer une distance. Distance que je me suis efforcé de préserver ensuite au fil de mes différentes missions. Mon passage à Metz m'a fait évoluer dans le sens d’un rapprochement vers le groupe et vers chacune des joueuses. Il me semblait important qu’elles n’aient aucun doute quant à ma bienveillance à leur égard et que ma porte était toujours ouverte. Par ailleurs, j’ai, au cours de ces dix-huit mois, partagé beaucoup plus de missions et de décisions avec mon staff. Je me sens moins dans l’obligation de tout contrôler. Mais pour cela il faut avoir un staff compétent, engagé et loyal, ce qui était le cas.

Avez-vous déjà en tête les changements que vous allez apporter sur le terrain à Chartres pour assurer la mission maintien?

J'ai discuté avec Jérôme Delarue, avec le manager Thibault Karsenty, avec le président, mais pas avec les joueurs; ça viendra plus tard. J'ai quelques idées sur la manière dont je vais aborder les choses, mais je ne veux pas arriver avec des idées trop précises ou des à-priori. Je n’ai pas de méthode type. Je vais d’abord me faire une idée précise de l’équipe et du club, de ses forces et faiblesses, avant de m’engager dans des décisions.

"Jérôme Delarue fait du bon boulot"

On a entendu parler d'Erick Mathé pour être à vos côtés, mais cela ne se fera pas. Avec-vous déjà une idée du staff qui va vous entourer ?

Chaque chose en son temps. Jérôme Delarue, qui assure actuellement l'intérim, est quelqu'un de très engagé dans le club et assure actuellement une mission pas évidente. Il fait du bon boulot, et il me parait évident qu'il sera associé à l'aventure au sein du club, d'une manière ou d'une autre. Il me semble néanmoins important, à terme, d'avoir les coudées franches pour construire un staff compétent, avec des personnes déjà en place ou en allant chercher des ressources extérieures.

Quel regard portez-vous sur cette LNH que vous avez quitté il y a deux ans ?

La progression dans tous les domaines saute aux yeux, dans le jeu beaucoup d'équipes sont très ambitieuses et intéressantes. Le championnat est désormais très homogène, des équipes comme Nîmes, Créteil sont dans le haut du tableau. On assiste également à l’émergence de nombreux jeunes joueurs français. La LNH n’a pas cessé d’évoluer positivement depuis sa création.

Propos recueillis par Kevin Domas