EDF U18
M.Plotton : "On peut être fières d'être 6e"
L'équipe de France jeune féminine a réussi à accrocher la sixième place du championnat du monde après son élimination face à la Russie, future championne du monde. Un parcours des plus honorables pour les bleuettes et leur arrière gauche Mathilde Plotton qui revient avec nous sur la compétition.
Il n'est jamais évident de se remobiliser après une frustrante élimination : "On avait le moyen de battre les russes... C'était frustrant d'avoir joué en dessous de notre niveau, on a été prises par l'enjeu car elles n'ont pas été imprenables" . Les bleuettes vont réussir à remporter le premier match de classement face à la Suède (28-26), mais échouer contre la Hongrie pour la 5e place (31-34) : "Derrière, c'était dur de se remobiliser mais finalement on a réussi à se remettre dedans face à la Suède. On a été fières de faire un match plein tout comme face à la Hongrie. Mais on a eu moins de réussites dans le match face aux hongroises, avec quelques erreurs et des décisions arbitrales moins favorables. Face à la Hongrie qui est une grande équipe, ça pardonne pas. Avec ce qu'on a réussi, on peut être fières de cette 6e place" .
Un nouvel esprit
Une sixième place qui est un bon résultat, tant la route aurait pu être stoppée bien plus tôt. Après deux défaites consécutives au premier tour, le match contre la Roumanie est la charnière de la compétition : "La Roumanie est le premier match où on a eu peur de perdre. On avait plus le droit à l'erreur, entre l'orgueil de ne pas perdre un troisième match d'affilée et ne pas vouloir terminer quatrièmes de poule et finir comme les juniors face au Danemark en huitième... On s'est rendues compte qu'il fallait qu'on ressorte sans énergie, avec plus rien que de la sueur, tout donner. On a vraiment réalisé à ce moment de l'exigence d'un championnat du monde" . Au final, le pire n'aura pas lieu et la victoire n'en fut que plus belle face à des roumaines quatrièmes du dernier championnat d'Europe.
Une maîtrise des émotions qu'on semblait avoir perdue dans le handball féminin français. Laurent Puigségur, arrivé à la tête de l'équipe cette année, y est sûrement pour quelque chose. "Laurent Puigségur a amené beaucoup sur le handball, bien sûr, mais plus encore sur le plan humain. On sent qu'il a été un grand joueur et il apporte beaucoup avec Myriame Saïd Mohamed de ce côté là" . Une différence qui s'est ressentie dans les matches à enjeu, avec une sérénité peu entraperçue l'année passée au championnat d'Europe : "Il a réussi à faire des choix qui nous ont soulagés. Il nous a aussi montré qu'on avait le droit à l'erreur et nous a donné un esprit de cohésion, une hargne qu'on avait pas l'année dernière" .
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L'avenir est à elles
Le passage par l'équipe de France est un accélérateur pour ces jeunes en formation : "On prend conscience de l'exigence, sur et en dehors du terrain. On gagne en maturité, on apprend à s'occuper de notre corps qui est notre outil de travail. D'autant plus qu'on joue contre les meilleures joueuses du monde ! Face à ce niveau de difficulté très élevé, on joue mieux individuellement et surtout ensemble. On apprend aussi ce qu'on représente en tant que joueuse dans un monde professionnel" . Dans un sport qui se pose beaucoup de question sur son pendant féminin, entre les liquidations de Mios, de Nîmes et la tenue d'états généraux du handball féminin en septembre, le mondial positif des jeunes - et le cadre de la formation en général - est à regarder avec attention. Pour Mathilde Plotton, interrogée sur le monde féminin professionnel qu'elle va rejoindre au centre de formation de l'OGC Nice, le mot clé est : "Optimisme, je suis très souvent optimiste [rire]" . Avec un regard assez clair sur le handball féminin : "Je trouve que le handball féminin existe de plus en plus même si la comparaison avec les garçons est difficile. C'est une bonne chose qu'on distingue le handball féminin du masculin car même si on joue le même sport, la pratique est différente. On a aussi un championnat important avec de grandes équipes comme Fleury et Brest. Bien sûr, un résultat des filles à Rio serait un vrai accélérateur" . Pour cette génération qui passe en catégorie supérieure, l'exigence va aussi être forte : "On fait des progrès de notre côté et on peut espérer faire quelque chose dans les deux prochaines compétitions" . Rendez-vous à l'été 2017.
Maxime Thomas