Starligue - J1
Excellente opération pour Saran à Cesson
Saran ouvre sa saison de la meilleure des manières en remportant deux points de son déplacement à Cesson-Rennes (29-30). Les Irréductibles peuvent avoir des regrets dans leur gestion du money-time, où Chema Rodriguez s'est montré très clutch.
« On était devant, puis derrière, puis devant... Ça s'est joué à des détails. » Hadrien Ramond est plutôt bon pour décrire la rencontre simplement. Le nouveau pivot saranais, bien intégré dans l'équipe, sort effectivement le mot clé de la rencontre : le détail. Cesson-Rennes et Saran avaient sans doute le même niveau. Mais Saran a été plus rigoureux, et a su mieux jouer de ces détails.
Cesson laisse échapper son large avantage
Pourtant, Saran met quelques minutes de plus à entrer dans la nouvelle saison, à l'inverse de Florian Delecroix, auteur des trois premiers buts de la rencontre. Pertes de balle, tirs sur Kevin Bonnefoi, exclusion rapide de Quentin Eymann (2') : Fabien Courtial pose son premier temps-mort au bout de quatre minutes de jeu seulement (4-0, 4'). Une pause qui fait beaucoup de bien à son équipe, puisque même si Sylvain Hochet aggrave le score en sortie de temps-mort (5-0, 5'), Saran devient plus appliqué dans son jeu, et grignote progressivement son retard. Cesson, de son côté, manque cruellement de réussite au tir en touchant trois fois les montants de Miroslav Kocic. Yérime Sylla interrompt le jeu à son tour, quand Saran est revenu à un but (6-5, 13'). « On a un très mauvais départ, je ne sais pas pourquoi. Heureusement qu'on est bien revenus, mais il faut faire attention pour la prochaine fois parce que ça peut coûter cher », déclare Ramond.
« On dit souvent que quand on prend un avantage de cinq buts, il faut le garder tout le match. C'est ce que les grandes équipes réussissent à faire. Mais nous, on a baissé d'intensité, on a peut-être cru qu'après dix minutes c'était bon, je ne sais pas », déplore de son côté Jef Lettens. Saran passe à son tour devant (7-8, 17'), et parvient même à prendre deux buts d'avance un peu plus tard (10-12, 23'). Mais dans cette première période finalement équilibrée quand elle est prise dans sa globalité, le score est logiquement de parité (14-14).
Un match très serré
Cesson peut certes regretter d'avoir laissé échapper son avantage initial, mais les hommes de Yérime Sylla ne sont pas pour autant sortis de leur rencontre. La deuxième période est très équilibrée, aucune équipe ne parvient à se décoller de l'autre. Quand Poirier repousse un penalty de Qerimi (16-17, 36'), Lettens fait de même deux minutes plus tard face à Lamazaa-Parry (17-18, 38'). Ce dernier, bien dans son match depuis son entrée à la 23e minute, se montre décisif : une double parade de sa part devant Jean-Jacques Acquevillo permet à Hugo Kamtchop-Baril de marquer. Dans la foulée, en infériorité numérique, Léo Le Boulaire marque à son tour et offre le premier avantage de deux buts de la deuxième période à Cesson (23-21, 46'). Allan Villeminot confirme cet avantage deux minutes plus tard (25-23, 48').
Chema Rodriguez, le roi du détail
Mais revenons à la question des détails. Vu le scénario serré qui nous était offert, il était évident que la rencontre se jouerait à très peu de choses. Chema Rodriguez, plutôt bon jusqu'ici, se sublime en fin de rencontre. Que ce soit à la passe, pour provoquer des 7 mètres ou pour marquer en contre (comme pour une nouvelle égalisation à 27-27, 55'), il a toujours posé problème à la défense de Cesson. « On savait qu'avec Rodriguez, ils ont un demi-centre à l'ancienne, qui tourne autour de ses pivots et qui va chercher les penaltys. Il fallait défendre fort sur eux et notamment sur lui, mais il est usant », affirme Benoît Doré, le capitaine du CRMHB, qui a dû se coltiner le phénomène. Les Bretons, pas aidés par l'arbitrage, ont concédé neuf 7 mètres au total. C'est sur 7 mètres que Saran, revenu au score, repasse devant avec une nouvelle tentative réussie de Matthieu Drouhin (27-28, 56'). « On prend neuf penaltys, plusieurs deux minutes. Justifiés ou pas, c'est toujours difficile quand tu défends bien et que tu prends quand même un 7 mètres derrière... », regrette de son côté Jef Lettens.
Mais c'était peut-être écrit que Chema Rodriguez devait marquer la Starligue dès son premier match. L'Espagnol fait gagner Saran en interceptant une passe d'Arber Qerimi puis en marquant en contre (28-30, 59'). « Je ne savais pas qu'il était capable d'intercepter et de courir aussi vite que ça ! », rigole Hadrien Ramond, reconnaissant envers le joueur d'expérience si précieux pour son équipe. Cesson marque vite derrière, un arrêt de Lettens à quinze secondes du terme permet même aux Bretons d'avoir une balle d'égalisation en supériorité numérique, mais Qerimi fait le mauvais choix. Saran l'emporte de justesse, mais l'emporte quand même (29-30). Cesson pourra regretter ces pertes de balle, ces shoots manqués, ou encore l'inconstance de certains de ses joueurs (on a par exemple perdu de vue Florian Delecroix après dix bonnes premières minutes). « Dans les phases placées, ils ne sont pas meilleurs que nous, mais ce sont les pertes de balle qui nous coûtent cher parce que ça leur permet de recoller au score et de nous passer devant », résume Jef Lettens. Saran peut se réjouir d'avoir déjà remporté une victoire à l'extérieur, face à un concurrent direct. Parce qu'on le sait bien, le maintien se jouera cette année encore à des détails...
La feuille de match :
Cesson-Rennes – Saran : 29-30 (14-14).
Arbitres : MM. Buy et Duclos.
Cesson-Rennes. Gardiens : Lettens 14 arrêts sur 31 tirs (dont 2/6 pen.), Bonnefoi 2/15 (dont 0/3 pen.). Joueurs de champ : Derbier, Bolaers, Helgason, Hochet 2/4, Kamtchop-Baril 2/2, Le Boulaire 6/7, Delecroix 4/10, Ooms, Villeminot 3/6 (dont 1/1 pen.), Gudmundsson 1/3, Qerimi 8/11 (dont 3/5 pen.), Doré (cap) 2/3, Guillo, Beauregard 1/3. Entraîneur : Yérime Sylla. Exclusions : Kamtchop-Baril (22', 51'), Gudmundsson (29'), Delecroix (45'), Guillo (55').
Saran. Gardiens : Kocic 10 arrêts sur 32 tirs (dont 0/3 pen.), Poirier 4/11 (dont 2/3 pen.). Joueurs de champ : Guillaume, Drouhin 8/11 (dont 5/6 pen.), Lamazaa-Parry 5/8 (dont 1/2 pen.), Diaw, Muyembo 0/2, Gheysen (cap), Rodriguez 4/5, Acquevillo 4/10, Kollé 1/2, Ramond 4/7, Eymann 3/7, Jallamion, Mbemba, Bordier 1/1. Entraîneur : Fabien Courtial. Exclusions : Eymann (2', 57'), Diaw (39', 60'), Jallamion (47').
Benoît Doré : "On ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes"
Benoît Doré (ailier gauche et capitaine de Cesson-Rennes) : « On n'a pas su être tueurs quand il fallait. C'est dommage parce qu'on perd trois-quatre ballons en fin de match qui nous font très mal. Notre gestion de match dans les cinq dernières minutes n'est pas catastrophique, mais on a les ballons pour revenir et on ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes. On avait complètement la possibilité de faire match nul, voire de gagner, et on s'est tirés une balle dans le pied. Même si Saran a bien joué, on doit tout faire pour réussir à gagner ces matchs-là, et au moins essayer de ne pas perdre ce dernier ballon et prendre un tir, pas une touche. Je trouve qu'on a fait un match plutôt serein jusqu'à la 53e minute, et je ne sais pas pourquoi... La paire d'arbitres a sans doute permis des choses à Saran qu'ils ne nous ont pas permis. Mais l'engagement de Saran était bien plus important que le nôtre, et c'est ça qui a payé chez eux. »
Fabien Courtial : "Ouvrir le compteur sur le premier match, c'est top"
Fabien Courtial (entraîneur de Saran) : « Cesson attaque très bien le match. Ils ont été performants dès le début. Nous, on rate un ou deux shoots. On pose le temps-mort et on se dit quand même qu'on va réussir à débloquer le compteur, parce que sur un premier match, quand tu prends la foudre d'entrée ce n'est jamais rassurant. Ce qui est bien, c'est qu'après, on revient au score et on passe même devant. La première mi-temps est au final équilibrée. En deuxième période, j'aurais aimé qu'on réussisse à faire le trou, mais Lettens nous fait mal. Il a été performant, alors qu'a contrario, on a du mal à faire des arrêts, mais Poirier fait une bonne entrée à la fin. Mais bon, c'est sûr que Chema (Rodriguez), sur la fin, nous a fait du bien. Mais tout le monde s'est battu, je suis content. Le dernier ballon est chaud, mais ça passe. Il fallait débloquer ce compteur, et si je n'ai pas envie d'être trop optimiste pour la suite, c'était hyper important de gagner. On a pris deux points, on n'est pas dernier, on a ouvert le compteur sur le premier match, c'est top. Ça s'est fait dans la douleur, on a encore plein de choses à régler mais j'ai le sentiment qu'on a un potentiel qui n'est pas inintéressant. »
Mickaël Georgeault