N1 - Play Off
Amiens, pour le plaisir
En déplacement à Villeurbanne, le Amiens Picardie Handball est venue chercher la victoire pour le début de la phase de play-off. Un match particulier entre deux équipes qui grandissent, mais qui n'ont pour cette saison plus rien à jouer.
Sans le statut de VAP et avec l'accession en play-off arrachée, Amiens a déjà réussi sa saison. Traverser la France pour jouer un match sans enjeu quand on est semi-professionnel, voilà quel est le défi à son arrivée dans le Rhône. Mais contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, c'est peut-être la partie la plus simple pour Pierre-Alain Lavillette, l'entraîneur depuis cette saison des pirates : "Motiver pour disputer les matches ce n'est pas compliqué : quand ils sont là, c'est pour gagner !" Confirmation côté joueur, avec Thomas Zirn : "Ce n'est pas la motivation qui manque car un match de handball, ça reste un match. Quelques soit l'enjeu et même aujourd'hui quand il est "juste" de faire la meilleure performance possible." La difficulté n'était donc pas ce samedi soir, en revanche du lundi au vendredi le cahier d'entraîneur fonctionne à plein régime : "La difficulté, elle pourrait être pendant la semaine, de s'entraîner avec la même exigence que celle qu'on avait début janvier pour aller chercher les play-off. [...] Toute la délicatesse est dans la subtilité de trouver un équilibre entre le fait qu'ils s'amusent, qu'ils prennent du plaisir à l'entraînement, et qu'on travaille pour préparer les matches." Le plaisir, une source importante de cohésion pour le groupe : "On s'est vraiment amusé, c'est ce qui maintient l'équipe à flot : l'ambiance est super et à chaque fois on se régale ensemble."
Entre vieux grognards et jeunes loups
C'est un ensemble pourtant étrange que ce collectif picard. Exemple au poste de demi-centre entre le vétéran Yuriy Petrenko (photo) et Louis Piolé dont l'écart d'âge est de 22 ans. Un exemple parmi tant d'autres d'un collectif où coexistent nombre d'ancien professionnels et quelques sortis du cru. "La mayonnaise arrive à prendre car les anciens qu'on a choisit, qui ont déjà une belle carrière derrière eux, sont de vrais bons mecs. Vu leurs expériences ils ont beaucoup à donner quand nos jeunes ont beaucoup à apprendre, tout le monde est à sa place dans cette effectif." Un pari qui n'était pas gagné d'avance, d'autant qu'en début de saison le remplacement de Tarik Hayatoune par Pierre-Alain Lavillette a coïncidé avec un renouvellement important de l'effectif : "On a eu quelques problèmes en début de saison car on a changé 12 joueurs, mais depuis on reste sur une grosse série de victoires." À savoir que la dernière défaite enregistrée date du 11 novembre à Gonfreville (24-23), l'autre équipe à jouer ces play-off.
Attention chantier
C'est la seconde saison où Amiens réussit à sortir en play-off, mais encore une fois sans le Saint Graal du VAP. Un statut que briguera le club en sortie de saison : "On est parti sur un projet sur trois ans avec l'intention de déposer un VAP en fin d'année. Les dirigeants tentent de remplir cet objectif." Le club qui naviguais encore en N2 trois ans en arrière monte en puissance en construisant patiemment, et les joueurs le sentent bien : "Le club fait un super effort pour construire financièrement, avec les partenaires, le public, la communication... Nous on fait le maximum pour bien jouer et faire plaisir à tous. Moi c'est ma seconde saison, et déjà la différence entre le début de saison dernière et cette année, beaucoup de choses ont bougé. Depuis la N2 jusqu'à aujourd'hui, le chemin est déjà immense." L'élément le plus visible est probablement la salle du Coliseum (photo), où se retrouve un public nombreux à chaque rencontres. "Villeurbanne a déjà une belle salle, mais quand on voit chez nous avec nos 1300 supporters à chaque matches, parfois plus, on n'a rien à envier aux grandes équipes. [...] Le public, ça reste fédérateur pour nous et on est là pour lui faire plaisir." Retrouvailles prévues pour le 17 mars contre Lanester, mais auparavant un autre déplacement d'envergure les attends à Grenoble. Sans pression autre que celle de se faire plaisir.
Le match : Villeurbanne 26-30 Amiens
Malgré les nombreux départ (Loïc Laurent, Nicolas Huyghe) et blessés (Mario Sampohi), ce sont bien les "black gones" qui prennent le meilleur dans ce début de rencontre. L'ancien amiénois Gregory Thevenot se rappelle aux bons souvenirs de ses anciens coéquipiers et offrent les ballons de relance à Clement Bludzien (9-3, 14e). Julien Richard et Yuriy Petrenko n'apprécient pas forcément le traitement de faveur qu'ils reçoivent, et Amiens peine à se sortir du bourbier. "On connaissait pas du tout, même si on a quelques vidéos, donc on mis 10-15 minutes à comprendre leur jeu" expliquera Thomas Zirn. Au bout de ce quart d'heure, les ballons allaient finir par rentrer, quand à l'inverse les rhodaniens commençaient à se casser les dents sur Romain Le Balch. Résultat, un 7-1 qui remet tout le monde à hauteur (12-12, 25e) pour un score de parité à la pause (15-15, MT). La dynamique reste cependant du côté d'Amiens, avec Rabah Soudani qui joue de réussite (8 buts) tandis que Daniel Tongmen Tatto (4 buts) joue les équilibriste devant la ligne des six mètres. À l'inverse des villeurbannais dont la stérilité était illustré par la difficulté à trouver Pierre Jaglin (1 but) où les manqués inhabituels du capitaine Joris Vanseveren (4 buts). "On a été surpris par leur jeu rapide malgré qu'on s'y soit préparé, confirme Pierre-Alain Lavillette. Après on a remis un petit peu les pendules à l'heure dans notre jeu, et reprendre l'avantage progressivement." Une issue finalement logique au vue du match qui aura penché plus nettement dans le sens des visiteurs (26-30, SF).
À Villeurbanne, Maxime Thomas