EdF (M)
Pas sur la même planète
Battue par un Danemark sensationnel (30-38), l'équipe de France est éliminée du championnat du monde au stade des demi-finales. Sans qu'il n'y ait quoi que ce soit à redire.
Didier Dinart répétait avant le match contre l’Espagne, au tour principal, qu’il "n’y aurait pas neuf buts d’écart entre les deux équipes". Il avait complètement raison. Ses joueurs ont dominé de la tête et des épaules la Roja samedi dernier. Mais finalement, ce n’était peut-être pas l’adversaire qui posait problème mais le stade des demi-finales. Comme l’an passé en Croatie, les tricolores se sont retrouvés menés de neuf buts, cette fois par le Danemark, renvoyant la même impression d’impuissance. D'incapacité à avoir une quelconque prise sur les éléments, ou de posséder la solution quand les éléments se déchainent. "Plus compliqué même, parce qu'on a eu l'impression d'avoir eu une équipe du Danemark au dessus. On a la sensation d'avoir pris un rouleau compresseur en pleine poire" piquait encore un peu plus Cyril Dumoulin. "On est un peu désabusé, on a l'impression d'avoir revu la finale des JO. T'as beau essayer de bien défendre, tout fonctionne" déplorait Valentin Porte.
Dumoulin, comme son homologue Vincent Gérard, n'ont rien pu faire pour sauver la patrie. Mais s'ils ont été moyens, avec quatre petits arrêts à eux deux en soixante minutes, on peut aussi reconnaitre que leur défense n'a rien fait pour les aider. Mikkel Hansen, comme prévu, a été magique, inscrivant douze buts qui ne résument pas son influence sur le jeu. Car quand "le meilleur joueur du monde" (dixit Dumoulin) ne faisait pas tourner bourrique aux gardiens, les martyrisant de l'extérieur des neuf mètres, il gavait ses partenaires à coups de passe décisives d'une précision chirurgicale. Le pivot Anders Zachariassen en a plus que profité. A lui tout seul, ou presque, le joueur du Paris Saint-Germain a fait exploser la charnière Luka Karabatic-Ludovic Fabregas, celle qui était l'assurance tout risque des Bleus depuis le début de la compétition.
La défense perdue
Et la question est pourquoi ? Pourquoi cette doublette, encore encensée dans les quotidiens sportifs nationaux ce matin, a-t-elle pris l'eau à ce point là ? Pourquoi Morten Olsen a-t-il pu dégainer à dix mètres comme à l'échauffement ? Pourquoi les pivots ont-ils été trouvés sans problème, jusqu'à ce que Rasmus Lauge mette un point final à la démonstration avec une dernière passe dans le dos ? "Les Danois ont joué à un très très haut niveau. Dès le début, ils ont eu beaucoup de réussite. On a tout essayé, mais on a pris des coups de massue à chaque fois" analysait Luka Karabatic, tandis que Kentin Mahé n'hésitait pas à battre sa coulpe et celle de ses coéquipiers : "Tu peux parler autant que tu veux, tu peux faire autant de vidéo que tu veux, à la fin il faut mettre les tripes. Et on a péché dans ce secteur. Quand on prend 21 buts, il y a des questions à se poser." Clairement, si offensivement la maison bleue a tenu le coup, derrière, elle s'est effondrée. "C'est sûr que quand on en encaisse 38, on va avoir du mal à dire qu'on a été bon. Notre pire match" confiait quant à lui Ludovic Fabregas en zone mixte, l'oeil fixée sur une télévision où repassait le résumé de la rencontre.
Effectivement, toutes les tentatives se sont soldées par des échecs. L'expérience Mathieu Grébille en numéro trois défensif a été un échec complet, Adrien Dipanda n'a été lancé que quand le match était joué et Nikola Karabatic n'a pas été utilisé avant la deuxième période. "Il faisait partie des rotations, il n'y a pas lieu de parler de lui" bottait en touche Dinart, avec un argument qui ne convainquait personne. La star bleue était-elle blessée ? En tout cas, elle n'est pas apparue après la rencontre, retenue au contrôle anti-dopage. Sans lui ou presque, l'équipe de France a-t-elle atteint ses limites du moment, un an après avoir échoué en demi-finale du championnat d'Europe ? L'excuse de l'expérience individuelle ne tient pas forcément, quand on sait qu'à part Mahé, seul Richardson (6 buts) a tenu son rang ce soir, pour sa première compétition internationale. Alors peut-être que celle du vécu collectif a plus de sens. Cette phase où les Danois sont passés par des années de galère à échouer à la porte des trophées, les Bleus sont peur-être en train de la vivre à leur tour. "Quand ils sont comme ça, l'équipe de France ne peut pas les battre. C'est la dure réalité. Ce soir, ils nous ont respecté, ils auraient pu faire tourner mais non, ils nous ont montré le boulot qu'il nous restait à accomplir" constatait, une nouvelle fois, Porte. Ce soir, les Français étaient loin, très loin de ces Danois. "Sur une autre planète" selon les mots de Dinart. Et ils s'en sont aperçus, violemment.
Les statistiques :
DANEMARK - FRANCE 38:30 (21:15) Arbitres : M. Gubica, B. Milosevic (CRO)
DANEMARK : Gardiens : N.Landin (2 arrêts / 13 tirs dont 0/2 pén), Green (9 arrêts / 27 tirs dont 0/3 pén); Joueurs de champ : N. Landin (2/2), M. Landin (3/3), Mortensen, Markussen, Lauge (6/10), Zachariassen (5/5), Svan (4/4), Møllgaard, Mensah (0/1), H. Toft (1/2), M. Hansen (12/15 dont 4/4 pén), Olsen (5/6), J. Hansen, Øris, Hald
FRANCE : Gardiens : Dumoulin (4 arrêts / 24 tirs dont 0/1 pén), Gérard (1 arrêt / 16 tirs dont 0/3 pén); Joueurs de champ : Rémili (2/4), Lagarde (3/5), Richardson (6/7 dont 2/2 pén), Mem (1/6), N. Karabatic, Mahé (8/10 dont 2/2 pén), Grébille (0/1), N’Guessan (4/5), Abalo (1/2), Guigou (1/1 dont 1/1 pén), L. Karabatic (1/2), Fabregas (3/4), Dipanda, Porte (0/1)
A Hambourg, Kevin Domas