N1 élite
Une première édition tronquée mais exaltante (1/2)
Pour sa première édition, la poule élite a été, à de bien nombreux égards, une belle surprise. Début de tour d'horizon, avec les coachs de la seconde partie du classement.
La première édition de la poule élite de Nationale 1 aura été bien mouvementée. 5 VAP sur la ligne de départ, 3 sur la ligne d'arrivée, et une ligne d'arrivée bien rapprochée pour cause de pandémie mondiale. C'est peu courant. Et si la santé de tous reste la première préoccupation de tous les acteurs, cette situation exceptionnelle laisse parfois un goût d'inachevé et, surtout, complique le travail prospectif des différents clubs. "Notre métier d'entraîneur, c'est de pouvoir se projeter, prévoir, maîtriser les choses, résume le coach rennais Pierre Le Meur. Là, c'est très compliqué." Incertitudes vis-à-vis de la date de reprise, de la pérennité des partenariats privés, ... Toujours est-il que tous les clubs de la poule affrontent cette crise avec humilité et construisent du mieux qu'ils peuvent pour la saison suivante qui s'annonce, elle aussi, particulière.
12. Grenoble
6V, 2N, 7D. 10ème attaque, 5ème meilleure défense.
C'est peu dire que de parler d'une saison difficile pour le GSMH. Rétrogradé administrativement de Proligue l'été passée, rien n'a été épargné à la formation iséroise, qui a subi des avalanches de blessures et une rétrogradation en Nationale 2. "Notre début de saison était pas mal vu notre nouvel effectif et le groupe marchait bien, nous raconte le capitaine Samy Bendjaballah. Avec l'annonce de ne plus être en Proligue, il y a forcément eu un petit contrecoup. Les joueurs et l'entraîneur ont eu du mal à digérer ça." Ce qui n'a pas empêché le club de bien démarrer sa saison, ne restant qu'à 3 points de la première place à la 9ème journée. "Ensuite il y a eu les blessés." Parmi eux, on pense au "chef d'orchestre de l'attaque" Léo Dubois, ou encore à l'ailier droit Augusto Aranda, qui montait en puissance jusqu'alors. "On a aussi les étrangers qui ont mis du temps à s'intégrer, explique le défenseur. Notamment Marko (Mishevski, parti au Vardar) qui excellait en sélection mais avait plus de mal avec nous."
Avec les défaites, les blessures, l'annonce du retrait de 12 points puis de la rétrogradation, les départs de certains joueurs étrangers (Stojanovic, Mishevski) et donc, le manque cruel de rotations, le groupe s'effritait. Avec parfois seulement un ou deux remplaçants pour les matchs, le club a été amené à responsabiliser de très jeunes joueurs, comme l'arrière gauche Antoine Frattaruolo (19 ans) ou l'ailier droit Arthur Grillon (18 ans). Une nécessité de cette saison qui sera l'un des objectifs de la suivante. "Essayer de faire monter des jeunes, et jouer une saison en se faisant plaisir" conclut Samy Bendjaballah, qui pourrait tout aussi bien suivre cette saison sur le terrain, que dans un nouveau rôle sur le banc.
11. Boulogne
3V, 0N, 12D. 9ème attaque, 12ème défense.
Derniers au "classement sportif", les Boulonnais n'ont pourtant clairement pas démérité. Avec un effectif jeune, dont 10 des 18 joueurs ont été formés au club, la saison a été compliquée mais très enrichissante. "On savait que ça allait être difficile et ça l'a été, évoque l'entraîneur Olivier Le Bail. Mais le groupe n'a pas sombré, a continué de travailler, et j'ai la sensation que mon jeune effectif a beaucoup progressé durant ces deux tiers de championnat."
Beaucoup se disent compétiteurs dans une structure qui gagne, mais quand il faut se remettre au travail le lundi et digérer une défaite d’un but, c’est là qu'on voit les bonhommes quelque part. J’ai la chance de pouvoir travailler avec des hommes extraordinaires et ça c’est une vraie satisfaction.
Jamais "à la rue", l'équipe des Hauts-de-Seine a pu être déçue de sa défense, meilleure du niveau l'année passée et dernière de la poule cette saison, mais s'est satisfait de son jeu offensif. "On essaie vraiment d'avoir un jeu le plus dynamique possible, explique le coach. J'aime beaucoup parler de créativité à mes joueurs. Avoir la volonté de produire de l'émotion, du spectacle, le sportif en a la capacité et c'est ça qu'il faut aller chercher." Une équipe qui ne compte pas de gros gabarits, mais s'est liée à son public par un jeu surpenant, imprévisible. "C'en est paradoxal, car on a tellement été soutenus par notre public que j'ai eu l'impression de gagner tous les matchs à domicile, s'amuse Le Bail. Alors que c'était loin d'être le cas."
Onzièmes, les Boulonnais pourraient bien quitter la poule élite, mais ont de bons espoirs d'être repêchés. En attendant, ils s'attelent à construire l'effectif de la saison prochaine, qui souffrira des départs des deux gardiens et de l'ailier droit et meilleur buteur Romain Perdrix (retraite). L'objectif étant de garder un intérêt pour les jeunes joueurs, le club a identifié ses projets : accompagner les double projets, travailler sur les loyers élevés pour attirer des jeunes, et garder en tête le projet de Palais des Sports dans 4-5 ans. Les nouveaux sont déjà connus, avec l'arrivée de l'ex-Ivryen César Castro, qui, logiquement, ne vient pas en star mais car il a été séduit par l'ambiance et les valeurs du club. Dans la cage, le tunisien Mahdi Zouaghi (29 ans) viendra faire la paire avec le jeune du club Karl Tshimanga. En somme l'effectif est très peu modifié, et c'est un collectif presque semblable qui serait sur la ligne de départ de la poule élite. "Quand le championnat s’est arrêté, j’ai appelé les joueurs et je leur ai dit que je souhaitais continuer parce qu'il y avait un goût d’inachevé, raconte Olivier Le Bail. Mon équipe est jeune, elle peut progresser et j’ai l’adhésion de toute l'équipe. Là y a de la satisfaction et, quelque part, une vraie réussite."
Pour finir, la solidarité de l'ACBB s'est traduite de belle manière début avril. Les joueurs ont, de leur propre initiative, organisé une vente de maillots pour soutenir l'hôpital de la ville, récoltant 1400€. "Un maillot c’est important pour un joueur. Et mes joueurs ils n’en ont pas 50 des maillots, ils en ont un pour l’année, explique fièrement l'entraîneur. Mais spontanément, ils ont tous donné le leur. Je trouve que ça montre bien ce qu'est cette équipe."
10. Pau-Nousty
3V, 1N, 11D. 12ème attaque, 8ème défense.
A Nousty aussi, la saison a été compliquée, parfois inconstante. Et ces difficultés se comprennent notamment par un effectif malchanceux avec de nombreuses absences, nous explique son entraîneur Michel Laborde. "On a été obligés de bricoler, je n'ai eu que 3 joueurs sur les 19 qui ont joué les 15 matchs. Ça a été très compliqué de se mettre dans le rythme, d'avoir une intensité physique adaptée et un niveau de performance homogène. C'est la grosse frustration de cette saison." Malgré tout, sur le terrain, l'équipe n'a jamais été ridicule, loin de là, et a petit à petit haussé son niveau de jeu. Toutes les équipes de la poule craignaient le déplacement à Nousty, et sur les 11 défaites de la formation béarnaise, 7 l'ont été de 3 longueurs ou moins. On note également une victoire de prestige face à Sarrebourg lors de la 13ème journée (29-28). De bon augure pour la suite. "On montait en puissance et j'espère que ça continuera pour la saison prochaine." avance l'entraîneur.
Pour construire son futur proche, le club s'appuie toujours sur sa formation (Hadrien Ramond, Denis Serdarevic ou Jordan Camarero sont passés par Pau-Nousty). "L'année prochaine, on aura 9 joueurs sur 18 qui seront formés au club. Et pas des joueurs qui sont arrivés à 15 ou 17 ans, des joueurs qui ont démarré le handball à Nousty." Des efforts sont également faits pour développer la structure, avec la présence d'un kiné pour l'équipe première, la récente embauche d'un commercial, et des projets concernant plus directement le sportif. Ajouter une 5ème séance d'entraînement hebdomadaire, améliorer la qualité des déplacements ou le suivi médical des joueurs. "On essaie de développer tous les aspects de la structure qu’ils soient sportifs, financiers ou plus structurels, explique Laborde. C'est très important pour le club."
9. Rennes
5V, 0N, 10D. 11ème attaque, meilleure défense.
"On venait découvrir ce niveau-là avec humilité avec l’objectif de découvrir et se maintenir, dresse le coach Pierre Le Meur. L’objectif principal est assuré, à savoir mettre 3 équipes derrière nous." Le début de saison des Bretons a été spectaculaire, avec 3 de leurs 5 victoires lors des 4 premières journées (Angers, Caen et Frontignan). La suite de la compétition a rapporté moins de points, notamment face aux concurrents directs pour le maintien. "On est forcément contents de nous mais on a eu des hauts et des bas. On a commencé fort puis ça s'est un peu essoufflé, analyse l'entraîneur. Pourtant, on est rarement passés au travers d'un match. On est 9èmes mais avec un goal average positif." Il aura peut-être manqué un peu d'expérience, pour mieux gérer les moments clés de matchs perdus sur le fil. "On semble pas loin mais on est loin quand même, plus le niveau monte plus la différence se fait sur des détails." Et si l'équipe est la meilleure défense du championnat (avec une belle paire de gardiens, et notamment de bonnes performances de Nicolas Busson, qui découvrait le niveau), son entraîneur compte bien travailler pour la suite sur le jeu sur grand espace, pour pouvoir bonifier ce travail défensif.
Niveau effectif, les départs sont importants avec les deux pivots (dont Enzo Handjou au centre de formation de Nantes) et les deux demi-centres (dont Paul Serinet à Massy) et la retraite de Maxime Derbier. Pour l'instant, seul le Frontignanais Jean-Christophe Benard a été annoncé sur le poste de pivot, et la suite du recrutement sera à voir lorsque la situation sera moins incertaine. "Notre but c'est de sauver la structure club. La N1 est la vitrine, mais il faut sauver l'entité sportive, assurer les salaires des salariés." La saison prochaine du CPB comporte donc encore de nombreuses interrogations, mais Le Meur est confiant. "On était inquiets parce qu'on perdait nos 2 gardiens l'année dernière et ça s'est très bien passé. Lorsqu'on a des joueurs qui se sentent bien dans leur environnement, ça marche bien."
8. Caen
6V, 1N, 8D. 7ème attaque, 9ème défense.
Après une saison cauchemardesque en Proligue, les Vikings ont poursuivi leurs désillusions à l'échelon inférieur. "Je pense que le traumatisme n'avait pas été pris dans sa totalité et on est retombés dans la spirale de la saison d'avant" déplore l'entraîneur Roch Bedos. "On a fait une saison sur courant alternatif avec des matchs prometteurs sur lesquels on a voulu s’appuyer, mais sur les matchs décisifs qui nous auraient permis de recoller on est retombés dans nos travers." Le collectif normand ne parvenait pas cette saison à enchaîner les victoires, ce qui s'illustre notamment par le grand manque de réussite à l'extérieur, avec seulement 1 victoire hors de ses bases avant l'arrêt du championnat. Aussi, la défense, 9ème du championnat, est à améliorer pour l'exercice prochain. "Tout cela fait que la saison se termine difficilement. La pandémie vient rajouter à la sinistrose, c'est une saison qui nous laisse un goût amer."
Mais tout n'est pourtant pas à jeter dans cet exercice, notamment l'attaque satisfaisante et l'investissement des jeunes joueurs, avec l'arrière gauche Matthias Créteau en tête de file : 20 ans et troisième meilleur buteur de son équipe. Se projetant sur la saison prochaine, le club travaille également à garder son statut VAP, pour pouvoir "rester ambitieux, tout en restant modérés" au vu du contexte. Bien que dans la modération, le club a opéré d'importants changements d'effectif en signant des joueurs ayant l'expérience du haut niveau et visera les premières places, qu'il soit seul prétendant à la montée ou non.
Antoine Piollat