Starligue
Des conséquences financières très lourdes pour les clubs
L'arrêt des compétitions professionnelles jusqu'au 22 avril aura forcément des conséquences financières sur les clubs de handball. Si les plus petits pourraient s'en sortir, les plus gros pourraient ne pas en sortir indemnes.
"Des conséquences potentiellement désastreuses". Ce sont, peu ou prou, les mots qui reviennent dans la bouche des présidents des clubs de l'élite quand on évoque l'arrêt complet du championnat jusqu'au 22 avril. Qui ne reste qu'une date indicative, tant la visibilité reste limitée sur l'avenir proche. Le président de la République a bien annoncé un confinement total pour les quinze prochains jours, soit jusqu'à la fin du mois de mars, mais il apparait déjà probable que celui-ci soit prolongé. Et qu'une reprise à la date donnée devienne rapidement utopique. "Pour l'instant, on navigue à vue. Tout dépendra de la situation de la crise sanitaire, mais ce qui est sûr, c'est que la priorité n'est évidemment pas à la reprise des compétitions sportives à l'heure actuelle" résume David Tebib, président de l'UCPH (union des clubs professionnels de handball).
Devant ce cas de force majeure, et dans l'impossibilité d'utiliser les installations sportives et de se regrouper, les joueurs et les staffs administratifs restent donc chez eux. Et les clubs ont utilisé la possibilité de les mettre au chômage technique. Leurs employés sont donc payés 84% de leur salaire net, même si dans certains clubs, les présidents ont choisi de payer le reste, pour garantir la totalité des émoluments. Ce qui n'est pas le cas à Montpellier, même si le club languedocien n'est pas le seul dans ce cas. "On n'a aucun regard sur ce qu'il va se passer, cela nous est impossible. L'important, c'est que tous les salariés, joueurs mais aussi employés, puisse continuer à vivre correctement" explique Julien Deljarry, le président du MHB. Le club héraultais perdrait, selon ses chiffres, environ 500 000€ si la fin du championnat devait se dérouler à huis-clos. 350 000€ côté partenaires, une centaine de milliers pour la billetterie (en comptant la réception de Paris à l'Arena) plus le remboursement d'une partie des abonnements, l'addition est lourde, surtout pour un budget affiché un peu au dessus de 8 millions d'euros.
Moins de dégâts pour les petits clubs ?
Pour les plus petites structures, la pilule pourrait avoir un peu moins de mal à passer. "On ne perdrait pas grand-chose si on venait à arrêter le championnat maintenant. Le mieux serait évidemment de reprendre, pour qu'on puisse continuer à honorer nos partenariats" note Steeve Baron, le président de Chartres. Une partie de l'explication réside dans les recettes moindres en matière de billetterie. Même son de cloche du côté d'Ivry. "On est en train de regarder, juridiquement, la teneur des contrats avec nos partenaires. Mais c'est un cas de figure complètement inconnu et imprévu. Je pense qu'on va être impacté mais, du fait de notre structure, avec des subventions publiques importantes, on pourrait s'en sortir mieux que les autres" explique le président François Lequeux.
La situation pourrait-elle impacter les clubs au delà de cette saison ? Les perspectives de certaines structures pourraient-elles être mises en péril à moyen terme ? Tout dépendra de la durée de la crise. Car les entreprises partenaires, touchées dans leur secteur d'activité, pourraient ne plus pouvoir s'aligner sur les sommes offertes les saisons précédentes. "On voit que l'économie du handball est encore très fragile. Dans certains clubs, la perte de quelques partenaires pourrait être synonyme de grand danger" appuie David Tebib, qui estime que son club de l'USAM est à l'abri de ce genre de risques. Mais d'autres pourraient bien prendre le mur de plein fouet. Nul ne sait quand le handball français sortira de ce long tunnel. Mais certains s'attendent déjà à des jours difficiles.
Kevin Domas
Nous aborderons demain les autres questions découlant de la suspension actuelle du championnat !