Alors que le championnat reprend demain avec la quatorzième journée, le club du Pays d’Aix vit une véritable crise de croissance. Pas tant sur le terrain qu’en coulisses.
“On est plutôt inquiet.” C’est le message qui revient en boucle quand on aborde le cas Aix en Provence avec certains autres présidents de club de Starligue. Mais pourquoi l’être, quand on sait que le PAUC a connu une trajectoire stratosphérique, passant en sept saisons du statut de promu dans l’élite à celui de candidat auto-déclaré à une place en Champions League ? “On est en pleine crise de croissance, et on va observer une petite pause dans notre développement, tout en maintenant les ambitions à un niveau élevé” admet le président Christian Salomez, quand on évoque les soucis actuels de son club. Le licenciement de Stéphane Cambriels, le manager général de toujours, il y a deux semaines, a alerté tout le monde. La croissance exponentielle du club, tant sur le terrain qu’en dehors, avec l’entrée dans l’Arena en 2017, ne s’est pas faite sans prise de risque financière. Et, à en écouter les bruits de couloir, le PAUC serait en train d’en payer les pots cassés. “On entend des choses farfelues, comme quoi on aurait un trou énorme dans les caisses. On a fini la saison dernière avec un déficit d’exploitation de 76.000€, et nous sommes en train d’étudier différents scénarios pour cette saison” continue le président, sans contredire quand on lui suggère que le déficit de la saison en cours devrait être supérieur au précédent. Selon nos informations, celui-ci pourrait atteindre les 400.000€ : “C’est impossible à dire, il y a beaucoup de paramètres à étudier. Quoi qu’il en soit, la situation n’est pas catastrophique comme on peut l’entendre ici ou là.”
Le prix de l’Arena, un fardeau trop lourd à porter
Il faut dire que, pour grimper quatre à quatre les étages de la hiérarchie handballistique, le PAUC n’a pas lésiné sur les moyens. Des joueurs de calibre international (les frères Karabatic, Jérôme Fernandez ou, plus récemment, Nicolas Claire, pour ne citer qu’eux) ont été recrutés et une salle digne de ce nom investie, après des années à jouer dans un gymnase du Val de l’Arc désuet. Sauf que tout cela a un prix (1.4 million d’euros par saison pour la location de l’Arena), et que les recettes actuelles sont en deçà de ce qui était espéré il y a deux ans. Avec un remplissage moyen à moins de 4.000 spectateurs par match la saison passée, le gap deviendrait trop grand à combler. “L’Arena nous coute plus cher que projeté initialement, d’autant que nous avons à payer des services associés que nous n’avions pas prévus au départ et qui viennent impacter assez lourdement le budget. D’autre part, la qualification européenne est une véritable aubaine sur le plan sportif, moins sur le plan financier” ajoute Salomez, sans cacher que la qualification en phase de poules de la coupe EHF décrochée face à Chambéry pourrait au final couter plus cher au club que ce qu’elle ne pourrait lui rapporter, surtout si la salle venait à ne pas être remplie lors des trois matchs à domicile.
Un fil tendu entre économies et ambitions conservées
Dans ces cas-là, et comme dans toute entreprise, on cherche à faire des économies. “L’objectif est de prendre moins de risques sur un plan financier. Chaque saison, on est ric-rac et il faut peut-être observer un moment de stabilisation” explique le président. Jean-Michel Durand, le nouveau manager général issu du monde de l’entreprise arrivé il y a trois semaines, est déjà à l’oeuvre. “Il y a des choses à améliorer, des gens avec qui discuter. Il n’y a aucun affolement, mais on enchaine les réunions pour voir où nous pouvons être plus efficaces” explique-t-il, en promettant de ne pas raboter l’ambition sportive. Quid de ces joueurs invités à diminuer leurs émoluments la saison prochaine, comme on a pu l’entendre ça et là ? “C’est totalement faux. Que nous envisagions des pistes pour remodeler l’effectif en vue de la saison prochaine, en revanche, n’est pas tout à fait inexact” glisse Christian Salomez. L’arrivée de William Accambray a pu être, un temps, remise en question même si, selon nos informations, aucune demande officielle n’a été formulée à son entourage. Certains joueurs encore sous contrat l’an prochain pourraient, également, être incités à trouver un autre point de chute. Pour ce qui est de la saison en cours, le club a déjà dégraissé, en laissant partir Joze Baznik et Morten Bjørnhauge cet hiver, tout en activant toutes les pistes pour le Slovène Darko Cingesar. En fin de contrat, Vid Kavticnik n’est pas retenu et est déjà en contact avec plusieurs clubs, dont Nîmes, pour la saison prochaine, tandis que le capitaine Iosu Goni Leoz (photo) ne sera pas non plus prolongé.
“Un nouveau cycle”
Cela suffira-t-il ? Le recrutement pour la saison prochaine est d’ors et déjà bouclé, avec les arrivées de six joueurs déjà validées. “Nous aurons, de l’avis de tous, la plus belle équipe que le PAUC ait jamais eu. Nous allons annoncer les noms dans quelques jours et notre ambition ne sera pas du tout revue à la baisse” insiste Jean-Michel Durand, sûr de son fait, tandis que son président semble un peu plus sur la retenue. “Nous avons beaucoup investi au moment de l’entrée dans l’Arena et on s’est peut-être un peu emballé. Le club entre désormais dans un nouveau cycle” termine Salomez. Un cycle qui, malgré les déclarations de bonnes intentions des uns et des autres, pourrait amener le PAUC à rentrer dans le rang. Avec un budget stable, en espérant que les municipales de mars prochain ne changent pas la donne. Aucun risque de ce côté là, selon les dirigeants, qui assurent entretenir de très bonnes relations avec les différents candidats à la mairie de la ville, qui subventionne le club à hauteur de 300.000€ par saison. Une épine de moins dans un pied provençal bien malmené ces derniers temps.
Le programme de la quatorzième journée :
Mercredi 5 février
Dunkerque – Créteil à 21h00 (en direct sur beIN Sports Max 4)
Istres – Aix à 21h00 (en direct sur beIN Sports Max 5)
Ivry – Montpellier à 21h00 (en direct sur beIN Sports Max 6)
Nantes – Chartres à 21h00 (en direct sur beIN Sports Max 7)
Tremblay – Saint-Raphaël à 21h00 (en direct sur beIN Sports Max 8)
Nîmes – Chambéry à 21h00 à 21h00 (en direct sur beIN Sports 1)
Jeudi 6 février
Toulouse – Paris à 20h45 (en direct sur beIN Sports 1)
Kevin Domas
Bonjour
J'ai toujours eu du mal à comprendre la politique d'Aix en matière de recrutement et de formation.
En comparaison de clubs comme Nantes ou Nîmes ils se situent à mon avis loin derrière.
Je l'ai déjà dit et le redis, la chance du recruteur ne passe pas tous les ans et à trop vouloir dénicher les bonnes affaire on finit par un effectif pléthorique et hors de prix.
Je ne parle pas du coût de la salle qui ne date pas de la semaine dernière mais à vivre au dessus de ses moyens et se voir trop beau trop vite, on finit sur la paille.
Il ne faut pas oublier non-plus que les frères Karabatic ont à eux seuls sauvé le club de la relégation, en 2015-2016 masquant par là peut-être quelques faiblesses structurelles et gonflé artificiellement la confiance d'un staff il me semble à l'époque pas si serein que ça (gestion du cas Roussel, venue de Serdarusic, Wiltberger).
Quoi qu'il en soit, ça ressemble un peu à ton Jules qui te dit qu'il veut prendre un peu de recul mais dont tu sais bien que la prochaine fois que tu le reverras ce sera à l'audience de conciliation…
Les frères Karabatic ont plutôt sauvé le club en 2013 ou 2014 de mémoire.
Très bon article. Avec les”délocalisations” dans la salle annexe de l’Arena ou au Val de l’Arc, le limogeage de Cambriels et les départs de joueurs, on sentait bien le gros coup frein planté en pleine ligne droite par le président qui reconnaît qu’il y a eu un défaut de maîtrise dans la croissance. Je dois également dire que la com’ positive “issue de l’entreprise” de la part du nouveau manager général n’augure rien de bon pour Aix.