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R. Desbonnet : "C'est ce dont on rêve quand on est gamin"
Auteur d'une prestation impressionnante, le portier de 30 ans aura permis aux siens de revenir dans une rencontre qui semblait pourtant très mal embarquée.
Cantonné au rôle de numéro deux derrière Vincent Gérard depuis le début de la compétition, Rémi Desbonnet avait du se contenter de morceaux de matchs depuis le Mondial. Ce soir, c'est lui qui a pris toute la lumière, avec 14 parades à 47% d'efficacité. Si pendant le premier acte, c'est son homologue allemand Andreas Wolff qui aura été en réussite (16 arrêts, 33% de réussite), la tendance s'est largement inversée en deuxième période. Et il n'a pas caché son émotion au moment de revenir sur sa performance.
On t'a vu te prendre la tête dans les mains, à la fin de la rencontre, qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?
"J'essaye de garder ce moment un peu, profiter de ces quelques secondes, c'est pas si souvent qu'on vit des trucs comme ça, c'est la première fois pour moi et je suis encore un peu dedans. J'essaye de garder au maximum ce que je vis parce que c'était vraiment cool. Demain, on va se pencher sur la demi mais pour l'instant, on profite encore un peu"
Est-ce le match le plus important de ta carrière ?
"Oui, en termes d'enjeu évidemment, avec le monde qui regarde, oui, c'est incroyable. Je pense que c'est ce dont on rêve quand on est gamin et qu'on rentre dans une salle de hand pour la première fois, on veut faire comme les grands et comme les joueurs de l’équipe de France..."
On te sent très ému...
"Oui évidemment, parce que je ne vais rien vous apprendre en vous disant que ça a beaucoup douté. Mais il y a aussi beaucoup de gens qui ont cru en moi donc je les remercie ce soir."
Il n'y a pas eu un arrêt pendant 20 minutes et d'un coup tu rentres, comment ça se passe dans ta tête ?
"Déjà on a eu une préparation très particulière, avec le premier match qui a duré, on s'est échauffé dans le couloir, très peu de temps sur le terrain, un protocole accéléré donc tout est allé vite. Est-ce que ça explique le début de match ? Je ne sais pas, les Allemands ont quand même commencé pied au plancher. Quand on est gardien, c'est pas le moment le plus simple mais pour autant, on a réussi à garder l'équipe dedans, à toujours être collé au score, on a eu pas mal d'interceptions, la défense a été incroyable. Et après le début de deuxième, c'est une autre histoire, on se met direct dedans, on est dominants à l'impact, sur tous les duels donc la vie elle devient plus facile derrière. Quel plaisir d'être gardien derrière les gros. Petit à petit, on a imposé notre force physique, on savait que ça allait être une grosse bagarre, on a eu le match auquel on s'attendait et on est contents de les avoir fait céder petit à petit."
T'as déjà connu un tel état de grâce, où tout semble te réussir ?
"Oui bien sur, on connait toujours des match où ça se passe bien mais à choisir, c'est mieux que ça arrive maintenant."
Il te dit quoi Vincent sur la touche ?
"Je le remercie mille fois parce qu'on fait une belle équipe. Il m'a gardé dans un état de positivité, de confiance tout le match. Avant que les arrêts commencent à arriver, il m'a dit c'est mathématique, tu les touches tous donc à un moment donné ça va aller dehors. Je le remercie encore parce que je pense qu'il aurait aimé être décisif ce soir, il a été incroyable avec moi."
Tu lui piques la place en demi du coup ?
"Non non, je vais le laisser faire le taff mais j'espère que s'il y a besoin, je rentrerai."
Propos recueillis à Gdansk, par Théo Alleaume