Euro U20 (M) - J2
Victoire plus que précieuse pour les Bleuets
Au terme de 60 minutes d'un duel engagé, les Bleuets l'emporte face aux Îles Féroés d'Oli Mittun (34-31). Une victoire qui fait du bien au classement, mais donne aussi de bons espoirs de qualification au prochain championnat du monde. Surtout, cette génération - souvent en souffrance - s'offre son premier succès collectif en poules d'une compétition officielle. Une victoire qui se savoure donc, avant de confirmer face à la Suisse samedi.
Elle le sait : l'équipe de France joue face aux Îles Féroé son va-tout pour espérer accrocher une qualification pour le tour principal. En face, l'ennemi est identifié : si ces Féroïens ont prouvé leur talent en tant que collectif ces deux dernières années, il repose en grande partie sur les qualités de meneur, de passeur et de buteur de son joueur star : Oli Mittun. Le top scoreur des deux dernières compétitions internationales de sa génération et MVP du dernier Euro ne sera pas en reste face aux Français, et donnera la couleur dès le premier but.
Contrairement à la veille, les Bleuets - chez qui Niels Martin-Cussat fait son retour en lieu et place de Graciel-Yanis Quere - , vont immédiatement rentrer dans leur match. Oli Mittun plante le premier but du match, Naël Tighiouart lui répond suite à une rentrée en pivot : le match est lancé. Durant le premier acte, les deux formations vont se renvoyer coup pour coup. Les Français s'appuient sur une base arrière mobile et dirigée vers le but. En son centre, Eliott Desblancs fera beaucoup de bien en plantant 4 buts et provoquant 3 pénaltys sur ses 20 minutes de temps de jeu. De l'autre côté, sans surprise, le jeu tourne autour de Mittun. Bien pris par la charnière centrale bleue, le cousin du Kieler Elias Ellefsen a Skipagotu sait se mettre en retrait de la marque pour gratifier sa base avant de passes précises, et l'ailier gauche Jakub Egholm ou le grand pivot Isak Vedelsbol assurent ensuite face aux buts d'un Stanis Soullier à la peine (aucun arrêt en première mi-temps).
Une fin de période idéale
Les Français se montrent largement à la hauteur du défi proposé : ayant déjà souffert de 3 exclusions temporaires à la 12ème minute de jeu, ils restent aux coudes à coudes avec leur adversaire avant de ne progressivement réussir à reprendre le match à leur compte. L'entrée de Kylian Prat à la 15ème apporte une nouvelle énergie sur la base arrière, des grandes courses et une forte pression sur les montées de balle rapides. En défense, Desblancs puis Rémi Peyre tentent la prise en stricte d'Oli Mittun qui, lorsque réussie, aura su dérouter le reste de l'attaque féroïenne (pourtant à 7 en attaque). Conjugués, ces efforts offensifs et défensifs des Bleuets leur permettront de virer en tête à la pause. En avance de 2 unités avant le gong, Prat se permet même de contrer la dernière relance du portier scandinave qui, sur le gong, finit ainsi dans ses propres filets (17-14, 30').
Les hommes des Îles Féroé reprennent le second acte en poursuivant leur jeu à 7, sans pour autant perturber les Bleuets. Au contraire, la prise en strict d'Oli Mittun par Rémi Peyre porte ses fruits, l'entrée de Niels Martin-Cussat et ses premiers arrêts fait du bien, Amara Karamako est bien trouvé en fins de montées de balle et l'écart monte à 5 unités, provoquant le temps mort du coach scandinave (21-16, 36'). Malheureusement, alors que la fin de match aurait pu s'annoncer plus paisible, Mittun et les siens vont revenir en un rien de temps. L'arrière droitier Helgi Poulsen mouille le maillot pour apporter un danger autre que celui du meilleur buteur de son équipe, mais Oli Mittun reste le principal danger. Sur le seul second acte, il plantera 9 buts en 11 tirs, dont 3 coup sur coup avant la 45ème pour garder son équipe dans le match (22-21, 42'). Le temps mort français va ouvrir sur une fin de match irrespirable : durant les quinze dernière minutes, les Bleuets ne font la course en tête que d'une courte unité, et les deux formations enchaînent les attaques réussies alors que la pression monte, et que le contingent de supporters Féroïens emplit la Golovec Arena de ses encouragements.
Un money time irrespirable
Côté Français, comme en première mi-temps, l'entrée de Kylian Prat apporte de la confiance en attaque, et ses grandes courses mènent souvent le ballon jusqu'au fond des filets (29-27, 50'). Mais à l'entrée du money time, Aleksandar Lacok (11 arrêts), de retour dans les cages adverses, sort deux gros arrêts coup sur coup, permettant à Mittun - oui, encore lui - d'égaliser sur un shoot en lucarne (29-29, 52'). Martin-Cussat arrête le ballon de +1 avant que les Féroïens n'y reviennent, Michal Baran est exclu au pire moment à 5 minutes du terme, mais les Français tiennent bon (29-30, 55'). Eliott Desblancs prend les deux prochains shoots pour les siens et si le second ballon ne rentre pas, il reviendra dans les mains d'Amara Karamoko qui permet aux supporters français de relâcher un petit peu la pression. Mieux, sur l'attaque suivante, Kylian Prat, qui finira MVP français avec 7 buts, surprend tout le monde en envoyant Reyhan Zuzo en kung-fu pour revenir à +2 (32-30, 58'). Dernier temps mort scandinave, le pivot Isak Vedelsbol est vite trouvé, et la dernière attaque française se jouera sous haute tension. Yohann Delattre sauve les siens en posant son temps mort avant que l'arbitre ne siffle le jeu passif, et c'est Kylian Prat - encore lui - qui est envoyé au-dessus du mur. À 23 secondes du terme, le Montpelliérain s'envole et allume la lucarne, laissant exulter le banc français. Poulsen manque un tir précipité, et Naël Tighiouart offre même aux siens un dernier but pour clore cette rencontre haute en couleurs, au terme de laquelle cette génération de Bleuets peut savourer un succès ô combien précieux pour son histoire (34-31).
E. Desblancs : La première victoire de ce groupe en phase de poules
"En compétition officielle, c'est notre première victoire avec le groupe en phase de poules", se félicite le demi-centre Eliott Desblancs au sortir de l'Arena. Et effectivement, les sourires sont nombreux du côté des joueurs de l'équipe de France et de leurs proches venus les encourager durant ces deux semaines slovènes. C'était forcément un match difficile, ils ont récité leur jeu pendant une heure, c'est un jeu qui n'est pas habituel mais qui leur aura permis de marquer beaucoup de buts, avec un joueur [Oli Mittun] qui fait vraiment la différence. Sur 60 minutes, on savait qu'il allait lâcher des ballons donc l'objectif c'était de le harceler pendant une heure : on est montés en strict, on a récupéré des ballons, ... Et effectivement, sur chacune des deux mi-temps, les Bleuets seront parvenus à repasser en tête en profitant de ballons perdus ou tirs manqués du demi-centre féroïen de Sävehof. En face, le jeune ailier gauche scandinave Jakup Egholm peine à cacher sa déception. "Je pense qu'on a perdu pas mal de ballons en première période, on leur a laissé des buts faciles, ... mais en seconde période on a été excellents, on a eu des périodes où on parvenait à marquer sur chaque attaque, se satisfait-il, mais malheureusement dans la fin de match ça n'a pas tourné en notre faveur. L'ailier gauche, qui évolue en club au H71 aux Îles Féroés, ne tarit par ailleurs pas d'éloges sur son capitaine Oli Mittun. "Il est excellent, il trouve toujours le moyen de débloquer toutes les situations." La prochaine situation à débloquer sera le champion espagnol, ce samedi. Avec seulement 2 points acquis face à la Suisse hier, les Féroïens ne sont pas assurés de ne se qualifier pour le tour intermédiaire (places 9 à 16), et pourraient manquer la qualification au Mondial U21 de l'été prochain. "Ce serait une vraie déception si on n'y parvenait pas, alors face à l'Espagne ce sera un gros match, mais on va le préparer dès maintenant." Le coach français Yohann Delattre souhaite aussi rappeler la qualité de l'adversaire et des Îles Féroé en tant que nation émergente du handball. "C'est un pays qui, dans l'imaginaire collectif, ne renvoie pas l'impression que renvoient l'Espagne ou le Danemark mais les Îles Féroé proposent depuis quelques temps, au travers de certaines individualités, du beau jeu. On l'a même vu chez les A [avec le match nul accroché en janvier face à la Norvège]". On pense bien sûr au Kieler Elias Ellefsen a Skipagotu, au Berlinois Hakun West av Teigum ou, bien sûr, à Oli Mittun qui fait les beaux jours du club suédois de Sävehof, en ligue européenne notamment. Toujours est-il qu'au delà de l'adversaire, l'équipe de France U20 peut marquer cette victoire d'une pierre blanche : une victoire précieuse qui marque une progression dans l'histoire du groupe, et lui ouvre les portes d'une qualification pour le mondial de l'été prochain.
"Ce match a été à notre image en ce moment, avec ses hauts et ses bas. Là ça a tourné en notre faveur, face à une adversité pas commode avec leur jeu à 6 contre 6 et à 7 contre 6. On avait anticipé pas mal de choses là-dessus mais je trouve que leur jeu en supériorité ne nous aura pas forcément trop mis à mal. On a aussi subi beaucoup d'exclusions en première mi-temps, plus qu'en deuxième, mais là non plus ça ne nous a pas été trop préjudiciable dans le jeu. Ce que je trouve dommage, c'est notre passage à vide au moment où on pouvait tuer le match, où on avait 5 buts d'avance. Ils se relancent à ce moment là, et nous aussi on manque des ballons. À part ça, je trouve qu'on a eu une construction de match plus intéressante sur la durée, mieux géré les rotations, permettre d'envoyer Keyliane [Traore] sur des courses, Eliott [Desblancs] pour traverser la défense, ou mieux géré les droitiers à droite. C'est une victoire qui fait et fera du bien à l'équipe, il faut la savourer, et il faudra la rééditer samedi. Certes, tout le monde n'a pas participé aujourd'hui, mais c'est l'histoire de ce match là. Une compétition, ça se construit à 18 joueurs, et samedi face à la Suisse, on aura besoin d'Alban [Simonnet] ou de Henri [Kirst] qui ont moins joué aujourd'hui."
- Yohann Delattre
J3 du championnat d'Europe ou match de barrage pour le Mondial ?
On l'aura compris, cette troisième et dernière journée du tour préliminaire face à la Suisse revêtira plusieurs enjeux pour les Français. Une victoire d'un nombre important de buts pourrait, mathématiquement, qualifier la France au tour principal, et ainsi lui permettre de continuer vers les premières places. "Si on y arrive tant mieux, mais on n'a aussi eu peu de chances lors du tirage au sort avec cette poule qui n'a pas de vrai maillon faible", explique le coach, en comparaison aux poules A et B, où le Monténégro et la Grèce passent un séjour pour le moins douloureux en Slovénie, permettant à leurs adversaires de gonfler leur goal average général (un article sur le règlement de la compétition sera publié dans la soirée*). Pour autant, une victoire face à la Suisse assureraient aux Français de se qualifier pour le tour intermédiaire, qui arbitrera des places 9 à 16. Les 15 premiers de l'Euro étant qualifiés au mondial de l'année prochaine, une victoire samedi aurait tout d'un ticket composté pour l'été 2025. "On les a déjà joués à l'Airport Trophy, donc on sait comment ils jouent et on va essayer d'appuyer là où ça fait mal, explique Eliott Desblancs. On a deux jours pour préparer ça, on a une coupure demain qui sera la bienvenue, et on préparera ce match avant tout pour chercher la victoire." Mais l'adversaire est dans la même situation. Une victoire des Suisses face à la France, pour peu qu'elle soit de quelques buts, leur permettrait de rêver à rattraper jusqu'à la 2ème place, et ainsi se rapprocher d'une qualification au Mondial. "Samedi, il ne faudra pas qu'on retombe dans les travers qu'on a connu aujourd'hui face à l'Espagne, où on a lâché le match, nous disait le gardien suisse Mathieu Seravalli après le match. On doit absolument battre la France pour espérer finir dans les 15 premiers."
Yohann Delattre aura également deux jours, avec ses joueurs, pour préparer ce samedi décisif où se jouera l'été 2025 des générations 2004-2005 française, féroïenne et suisse."De l'extérieur on n'a pas forcément conscience de l'enjeu de cette qualification aux championnats du monde. Mais aller au tour intermédiaire, c'est aussi pouvoir continuer à s'opposer à des équipes d'un certain calibre, et ouvrir la voie à une compétition l'été prochain. Donc on doit impérativement renouveler notre victoire dans 48 heures pour que cette génération puisse continuer de progresser, de se construire une ambition dans le temps. Au vu de l'histoire de cette génération, c'est tout ce qu'on espère pour l'évolution de ce groupe." Rendez-vous est donc pris pour samedi, 14h20.
À Celje, Antoine Piollat