LNH - PAUC
Aymeric Minne, itinéraire d'un surdoué
Si le nom d’Aymeric Minne vous dit quelque chose, ce n’est probablement pas pour rien. Entre son transfert controversé à Aix cet été et son récent titre de champion du monde junior, portrait de celui qui aujourd’hui nous éclabousse de tout son talent sur les parquets de LNH.
L’allure décontractée, un regard assuré avec un sourire amical quoi qu’un brin timide, Aymeric Minne pourrait ressembler à n’importe quel jeune de 18 ans… Et pourtant non, ce n’est pas n’importe qui. À peine majeur, et tout juste remis d’un titre de champion du monde junior cet été, Aymeric Minne a changé de dimension en rejoignant le Pays d’Aix Université Club cette saison. Si le temps d’adaptation est long chez certains joueurs, il ne lui a pas fallu longtemps pour se sentir à son aise dans son nouveau groupe « Au début mes parents étaient assez sceptiques de me laisser partir loin de chez moi puisque j’allais changer complètement d’environnement. Ma mère avait plus tendance à me laisser partir parce qu’elle faisait confiance aux personnes avec qui j’allais évoluer comme Jérôme (Fernandez), Stéphane Cambriels (Directeur sportif du PAUC) avec qui j’ai beaucoup échangé. Ils ont été super sympas avec moi alors que je n’avais pas encore mis un pied au club et ça m’a beaucoup rassuré. »
Pourtant rien ne fût facile pour le néo-provençal. Sa décision de changer de club a été prise tardivement car elle est le fruit d’une mûre réflexion. Celle-ci n’a guère été appréciée du côté de Toulouse, qui perd un joueur qu’ils ont formé, et qui faisait partie de l’effectif de N2 depuis la saison dernière « Je l’ai aussi mal vécu, surtout qu’on avait un préavis d’un mois donc j’ai du rester chez moi, tout seul à Toulouse. Je m’entretenais comme je pouvais mais je ne pouvais rien faire d’autre. Puis le fait que ça se passe mal alors qu’il y avait encore mon frère au club, j’ai pensé que sa situation allait se dégrader à cause de moi, donc je culpabilisais un peu. C’était pas une période facile. Les gens disaient que mon choix de rejoindre Aix était pour l’argent, pour Jérôme ou autre, mais ceux qui me connaissent vraiment savent que ce n’est pas pour ça, et aujourd’hui on voit les vraies raisons. »
[TOP BUT] La roucoulette d'Aymeric Minne par paysdaixhandballDu Fénix au PAUC, les raisons d'un départ
Les vraies raisons, quelles sont-elles ? Aujourd’hui à Aix-En-Provence, Aymeric Minne semble réellement avoir saisi sa chance. Profitant des blessures des titulaires habituels, le demi-centre fait bien plus que de gratter du temps de jeu et c’est évidemment ce qu’il recherchait « Ce qui était prévu au départ était que je fasse tous les entraînements avec l’effectif professionnel et qu’il y aurait une concurrence avec les autres joueurs pour les matchs. Lors de ma première semaine j’ai fait le déplacement à Créteil où je n’ai joué que deux minutes mais cela a montré la confiance du coach envers moi. Puis on a joué des équipes comme Montpellier (3 buts) et Paris (6 buts) contre lesquelles il est plus difficile d’aller chercher des points, le coach en a profité pour me donner du temps de jeu. J’y suis allé sans pression et petit à petit j’ai pris mes repères. Aujourd'hui, je me sens bien à Aix » Une confiance émise par le club provençal de donner toutes les chances à son jeune joueur. Confiance rendue par Aymeric qui rend des copies bien plus que correctes au fil des semaines, à l’image de ses 6 buts mercredi soir qui ont largement contribué au match nul obtenu à Saint-Raphaël. Un rôle qui n’aurait peut être pas été d’aussi grande ampleur si celui-ci était resté au Fénix « En réalité je ne sais pas si Toulouse m’aurait proposé la même chose et on ne pourra jamais savoir. À Toulouse je me serais entraîné aussi avec l’effectif professionnel, nous étions trois demi-centres alors qu’à Aix nous n’étions que deux, trois si on compte Jérôme Fernandez donc la donne était différente. Je sentais dans le discours du PAUC qu’il y avait une réelle volonté de me faire jouer et que je réussisse à m’imposer dans le groupe, cela aurait été plus compliqué à Toulouse. » justifie-t-il.
"La référence, c'était Nikola Karabatic"
Du coup, la notoriété d’Aymeric a pris un sacré envol depuis la confirmation de son nouveau statut. Aujourd’hui on ne parle plus de lui pour son transfert, mais pour ses performances. Comme il nous le raconte c’est une véritable revanche sur le début de saison qu’il a vécu « Après le transfert de cet été qui a beaucoup fait parler, je n'avais pas trop le droit de me louper. Le fait qu’aujourd’hui on parle de mes performances et non plus de mon transfert c’est une revanche, ça prouve aussi que mon choix était le bon. Évidemment que ça fait plaisir quand on parle de moi, et de lire son nom dans les journaux. Un peu de reconnaissance ça n’a jamais fait de mal mais je ne me prends pas la tête : je suis encore loin d’être un titulaire indiscutable ! » Car le niveau de la LNH, c’est encore autre chose que tout ce qu’il a vécu en Nationale 2 à Toulouse et encore plus
éloigné du niveau de Tounefeuille, son premier club de handball en région Toulousaine. « Lorsque j’ai déménagé à Tournefeuille mon père a cherché directement un club proche et donc je suis arrivé là-bas comme ça. Mon père entrainait là-bas et ma mère aussi. Du coup, j’ai commencé le handball à 4 ans avec ma mère. J’étais un peu pré-destiné à venir au handball ! J’en garde un excellent souvenir j’ai passé beaucoup d’années là-bas, j’y ai encore pleins d’amis et je sais que ce sont mes premiers supporters. » Aymeric fait ses gammes là-bas, et comme tous les jeunes de son âge les idoles étaient les joueurs de l’Équipe de France, et plus particulièrement deux d’entres eux « Tout petit, et comme beaucoup d’enfants la référence était Nikola Karabatic, surtout sur la base arrière. Après il y a eu Jérôme Fernandez aussi que j’ai eu la chance de côtoyer à Toulouse et maintenant à Aix. Aujourd’hui, j’essaye de prendre exemple sur le jeu de Daniel Narcisse parce que comme lui je ne suis pas forcément très grand pour un arrière. »
"L'Équipe de France A ? Je suis très loin d'y penser !"
Bien que le handball prenne une place prépondérante dans sa vie, Aymeric a décidé de ne pas faire l’impasse sur les études. Bachelier scientifique depuis l’année dernière, il a intégré cette année l’école d’ingénieur de Polytech à Marseille et ce malgré la difficulté à concilier handball de haut-niveau et études supérieures « C’était compliqué pour moi au début car je n’avais pas le permis de conduire, je devais enchaîner les cours et les entrainements sans rentrer chez moi. J’ai un emploi du temps aménagé mais bon c’est un rythme à prendre. Le plus difficile c’est de se mettre au travail chez soi, quand tu rentres des entraînements tu n'as pas forcément envie de mettre le nez dans les cahiers. Mais je veux vraiment essayer de concilier les études et le handball. Après si ce n’est pas possible on verra en temps voulu » Et même dans le sport il n’y a pas que le handball : « Je m’intéresse à tous les sports ! Mais je n’ai pas vraiment d’équipe préférée, surtout au football. Maintenant que je suis proche de Marseille il va falloir que j’aille découvrir le stade Vélodrome ! » À 18 ans, Aymeric Minne prouve aussi que la formation « made in France » a encore de l’avenir. « Avec les jeunes de ma génération on commence à se croiser sur les terrains de LNH. Il y a deux ans on regardait les matchs à la télévision maintenant c’est nous qui jouons, c’est vraiment extraordinaire. » De quoi à penser à l’Équipe de France A ? « Je suis très loin d’y penser ! J’ai fait trois bons matchs en LNH je peux pas encore prétendre à une place en équipe de France mais forcément c’est le rêve de tous joueurs de porter les couleurs de son pays. Puis j’ai encore 18 ans, je n’ai pas encore le physique ni la qualité pour prétendre à y penser. Pour moi la priorité c’est plutôt de réaliser des bons matchs en club et après on verra ! »
Propos recueillis par Yoan Hovsepian.