EdF (M)
Attention au piège qatari !
Une mi-temps impeccable et une autre beaucoup plus compliquée ont permis à la France de s'imposer face à la Tunisie (25-23). Mais attention, le test face au Qatar cet après-midi (14h30, heure de Paris) sera d'une toute autre envergure.
Les hommes de Claude Onesta sont prévenus. Les atermoiements aperçus dimanche soir en seconde période face à la Tunisie n'auront pas le droit d'exister aujourd'hui face au Qatar. Car les joueurs du Golfe sont sur la lancée qui leur a permis d'arriver en finale de leur championnat du monde il y a un an et demi. Et ce dimanche, les Croates en ont fait les frais. "Le Qatar nous a montré comment jouer, ils nous ont dépassé dans tous les secteurs de jeu" pestait Ivan Cupic, le petit ailier droit après la cinglante défaite des siens (23-30). "On les a regardé faire, on les a laissé nous chahuter et nous donner une leçon de handball". Pour que quelqu'un avec un égo aussi développé que l'ancien de Kielce veuille autant se transformer en tapis, c'est que la désillusion a été grande. Et pourtant, Zeljko Babic et les siens n'ont pas découvert cette équipe qatari hier. L'ossature est la même, les schémas n'ont pas beaucoup varié en un an et demi et Valero Rivera, aussi génial qu'il soit, n'a rien révolutionné.
Une préparation digne d'une équipe de club
Une des clés de cette réussite, c'est la possibilité que le Qatar a eu de rassembler ses joueurs très tôt, dès le mois de juin, pour se préparer à la première échéance olympique de son histoire. Un stage intensif de six semaines, jalonné de six matchs amicaux à la maison, tous remportés. Associez à cela une fatigue moindre pour des joueurs qui ne disputent ni Champions League, ni championnat majeur, cette performance n'est donc pas une surprise pour Claude Onesta : "C’est une équipe qui a été finaliste du Mondial. Quand vous voyez les joueurs qu’ils ont et le temps qu’ils ont eu pour se préparer, on n’est pas du tout dans la logique d’une équipe nationale, elle est forcément beaucoup mieux préparée qu’une sélection traditionnelle. C’est presque une équipe de club, ils en ont la fluidité et les habitudes". Et si certains s'interrogeaient sur la capacité de ce Qatar à renouveler les prestations sorties de nulle part d'il y a un an et demi, ils ont vu leurs interrogations rapidement balayées.
Mallash organisateur, Capote et Markovic finisseurs
Pour battre la Croatie, les Qataris n'y ont pas été par quatre chemins. Une paire de gardiens impressionnante, avec un Danijel Saric à près de 50% d'arrêts, bien aidée par une défense solide a posé les bases. Et face à une telle réussite défensive, les Français ne pourront pas manquer autant de chances que ce qu'ils ont laissé passer face à Marouene Maggaiez et la Tunisie. "On va d’abord se préoccuper de nous et essayer de retrouver une forme de confiance, notamment dans le shoot, indispensable pour faire un grand match" confirmait d'ailleurs le sélectionneur bleu. Côté attaque, ce sont les artificiers habituels Zarko Markovic et Rafael Capote qui se sont chargés de conclure le travail dimanche. Mais si on connait bien ce duo, c'est surtout la capacité de Kamal Mallash a déstabiliser les grands gabarits croates, qui a interpelé. Le demi-centre d'1m78, façonné par Valero Rivera, s'est faufilé au milieu des grands gabarits croates, qui le cherchent toujours à l'heure qu'il est. "Un gardien assez exceptionnel, des tireurs de loin qui sont des bombardiers impressionnants et une défense très solide, physiquement très agressive. Quand vous avez tout ça dans le handball, vous n’êtes pas loin d’être une grande équipe" résume Claude Onesta.
Ne pas laisser le Qatar prendre confiance
Et la solution face à tout ça ? Hisser le niveau, face à un Qatar qui avait battu les Bleus en janvier dernier à la Golden League à Paris (28-25). Aller les chahuter en dehors des neuf mètres, s'étager et ne pas hésiter à laisser du champ aux ailiers, à priori moins dangereux que le trio d'arrière infernal. "Il va falloir les faire douter, les amener à des choses qu’ils maîtrisent moins bien, dans des difficultés que les Croates ne sont pas forcément arrivé à leur poser" anticipe Claude Onesta. Et surtout, ne pas les laisser prendre confiance, dans un environnement pas forcément favorable aux Français, on a pu s'en rendre compte face à la Tunisie. Le Qatar s'est enflammé dimanche, charge à la France de le faire redescendre sur terre.
Kevin Domas