Starligue
Finir le championnat pourrait virer au casse-tête
Alors que la 20e journée de Starligue prévue ce week-end a été émaillée de nombreux reports, la liste des matchs en retard s'allonge dangereusement. Tout jouer avant la fin du championnat, début juin, pourrait devenir plus compliqué que prévu...
Voilà un chiffre qui pourrait être source de cauchemars à la commission d'organisation des compétitions (COC) de la ligue nationale de handball (LNH) : sur les vingt premières journées disputées en Starligue, 30 matchs n'ont pas été disputés. 30 rencontres sur les 160 organisées, soit 18,75% des matchs sont donc à rattraper, alors qu'il reste par ailleurs dix journées à jouer. La longue liste de matchs à rattraper s'est alourdie ce week-end, où seulement deux matchs sur les huit prévus ont été disputés, la rencontre entre Chambéry et Aix étant même annulée dans des conditions rocambolesques. Ce chiffre fait de la Starligue un leader européen des matchs en retard. Une fois n'est pas coutume, l'Allemagne, avec 9 matchs non disputés sur 23 journées alors que la Bundesliga compte 20 équipes cette saison, fait mieux (9 sur 230 matchs, 3,9%) ; idem pour l'Espagne qui compte également neuf matchs reportés en Liga Asobal, avec 18 clubs engagés, et sur 25 journées (9 sur 225, 4%) ou la Pologne, où la Superliga compte 14 équipes, et 6 matchs restant à disputer sur les 18 premières journées (6 sur 126, 4,8%). Kielce a même le luxe de compter un match de plus, en ayant avancé sa rencontre de la 20e journée. Pour le classement illisible, toutefois, la Hongrie fait mieux, avec des disparités fortes dans les matchs joués entre les équipes (Veszprém a disputé 19 matchs sur 26, Tatabanya seulement 10).
Des choix hivernaux qui se paient
Cette différence entre la Starligue et les autres championnats européens ne s'explique pas que par les cas de Covid-19 touchant les clubs, même si ces dernières semaines, la propagation accélérée du virus en France est la cause unique de ces reports. L'explication d'un tel écart entre la France et ses voisins repose avant tout sur des choix faits par ses dirigeants et les dirigeants des clubs. Alors que la LNH imposait à chaque équipe d'avoir disputé au moins dix matchs avant la fin décembre, beaucoup d'équipes, ayant dépassé cette barre, ont demandé le report d'une rencontre, espérant pouvoir la disputer au printemps suivant avec éventuellement des spectateurs. Une décision qui pouvait paraître justifiée en décembre, alors qu'on ne parlait pas de variants du coronavirus. Mais une décision qui a des conséquences aujourd'hui : si la plupart des 30 matchs reportés ont déjà une date prévue pour le report, ce n'est pas le cas pour Cesson-Nîmes (J13) et Limoges-Montpellier (J14), les calendriers de Nîmes et de Montpellier étant alourdis par leur engagement en European League. Ces matchs avaient été reportés au souhait des hôtes des rencontres. Quant à Aix, une des six équipes du championnat à compter cinq matchs de retard, c'est surtout les matchs à domicile reportés du début de saison qui sont la cause de son retard.
Deux autres explications peuvent être avancées pour ces nombreux reports. D'une part, la rigidité du calendrier de la Starligue n'a pas permis de libérer des espaces pour jouer des matchs reportés. En Pologne, 4 des 6 matchs en retard se joueront cette semaine, ce qui allège par ailleurs la semaine de Kielce, qui pourra se concentrer sur son match de Ligue des champions contre Nantes. En Allemagne, les dates des journées sont fixées au compte-gouttes, ce qui a permis de prendre un week-end avant le tournoi de qualification olympique (TQO) pour disputer plusieurs matchs en retard et remettre à jour le calendrier des équipes. Ce qui permet de mettre en exergue d'ailleurs l'autre choix fait par les dirigeants français : celui de ne pas disputer le moindre match en retard avant le TQO. Pour des équipes engagées en Coupe d'Europe, avec les contraintes de calendrier de l'EHF, un tel choix se justifiait. Pour les autres ? On peut clairement en discuter. Fallait-il attendre le 31 mars pour disputer la rencontre entre Tremblay et Créteil de la 13e journée (depuis décalé au 14 avril), ou le match entre Aix et Chambéry de la J4, dont le report apparaît inévitable depuis les cas détectés à Aix ce week-end ?
Décaler la fin du championnat, une possibilité ?
Dans ces conditions, la fin du championnat devient de plus en plus difficile à organiser. Au 29 mars, six équipes de Starligue n'ont disputé que quinze rencontres, soit seulement la moitié de leur championnat. Et si on suit le calendrier de la Starligue donné en début de saison, il ne reste plus que neuf semaines (en excluant la coupure internationale de fin avril) pour disputer donc jusqu'à quinze rencontres pour certaines équipes, onze pour Limoges, la mieux lotie du championnat. L'objectif était en effet de finir la saison le week-end du 4 au 6 juin, celui précédant le Final Four de la Ligue des champions. La plupart des matchs sont déjà replacés en avril et en mai, mais quatre rencontres (sans compter les deux oppositions entre Aix et Chambéry) restent à fixer dans le calendrier. L'Allemagne, qui est confrontée à des problématiques plus aigües avec son championnat à 20 équipes et ses quinze journées restant à disputer (les deux équipes encore engagées en Ligue des champions, Kiel et Flensburg, comptent même quatre matchs de retard, soit 19 matchs encore à jouer !), se pose actuellement la question des modalités de fin du championnat avec un calendrier difficilement tenable. Décision avait été prise outre-Rhin de finir la saison le 27 juin. Face à l'accumulation des retards, et si les clubs continuent d'être touchés par une maladie qui n'en finit pas de sévir, les dirigeants des clubs de Starligue et de la LNH pourraient être, à terme, amenés à soulever l'éventualité de finir le championnat un peu plus tard que prévu...alors que la préparation de l'équipe de France pour les JO de Tokyo arrivera dès le début du mois de juillet !
Mickaël Georgeault