N1 élite
Vénissieux : les salariés saisissent la justice
Dans la tourmente après la décision de la CNCG et des financements annoncés qui n'arrivent pas, les salariés de la SAS du Vénissieux Handball, non-payés depuis 4 mois, ont saisi les prud'hommes. Retour sur la situation du club, de ses salariés, et d'un fonctionnement dégradé ces derniers mois.
Après des mois de tourmente, le club de Vénissieux, malgré sa très belle saison sur le plan sportive, a reçu la décision de la CNCG fin février. Comme nous l'expliquions dans un précédent article, le VHB perd son statut VAP, 7 points au classement, et se voit dans l'interdiction de recruter. En cause ? Des salaires impayés pour les salariés de la société, et ce depuis maintenant 4 mois.
Le 8 février, dans une interview livrée au Progrès, l'investisseur et actionnaire principal de la société annonçait la régularisation prochaine des dettes du club. Mais les fonds n'ayant à ce jour pas encore été versés, la CNCG n'a pas revu son jugement. L'association a toutefois donné sa signature avec la société (SAS, entité professionnelle), pour faire appel à la décision. Et, alors que la régularisation des dettes était annoncée pour fin février, les salariés de la société annoncent en ce début de mois de mars saisir les prud'hommes face à leur employeur.
Salaires impayés : les salariés de la société saisissent les prud’hommes
Ils sont une dizaine : les joueurs professionnels, l'entraîneur principal, la secrétaire et la responsable communication, ainsi qu'un alternant. Tous salariés de la société, ils n'ont pas touché de salaires depuis maintenant 4 mois et une saisine des prud'hommes est en cours. La situation a notamment mené à 4 départs parmi les joueurs début 2023 : Kalim Zahaf, qui a pris cet hiver le chemin de Cherbourg, mais aussi Mathieu Diaz, Théo Gaspari et Florent Joli. Pour les trois derniers cités, une pause handballistique s'est alors imposée, sans offres en Starligue ou Proligue, et étant dans l'impossibilité de rejouer dans le même championnat.
Pour ceux qui restent, le versement des salaires est régulièrement annoncé mais ne se traduit pas encore sur les comptes en banque. On note pourtant que la société aurait touché différentes indemnités liées aux contrats professionnels de ses salariés. On pense aux indemnités liées à l'arrêt maladie d'un joueur professionnel qui n'a pas touché ses salaires (dont le versement est confirmé par la CPAM), ou encore à l'aide d'État (comprise entre 5 000 et 8 000€) liée au contrat de l'alternant. Ce dernier n'est toutefois plus payé non plus depuis 3 mois.
Les joueurs conventionnés par l'association également en difficulté
Hors des joueurs professionnels, certains joueurs bénéficient d'une convention avec l'association, qui leur garantit une indemnité fixe chaque mois. Moins malchanceux que leurs partenaires professionnels, ces derniers n'ont toutefois vu leurs mois de novembre et décembre payés qu'en février, et n'ont pas encore touché d'indemnisation pour 2023.
Par ailleurs, du côté de l'association, on soulèvera le cas de l'ex-entraîneur adjoint de l'équipe de Nationale 1 élite. Également en charge du secteur jeune et de l'accompagnement des entraîneurs du club, ce dernier avait également saisi les prud'hommes vis-à-vis de son employeur, l'association. S'il a pu voir ses salaires régularisés (mais non ses frais), il a également par la suite vu ses missions réorganisées et a été retiré du staff de la Nationale 1.
Un fonctionnement dégradé et des déplacements précaires
Les difficultés économiques du club se répercutent logiquement sur l'ensemble de la vie de l'équipe professionnelle, autour des terrains comme en dehors. Des prestataires cruciaux pour la bonne route de l'équipe première tels que les médecins, kinés, transporteurs, ou encore la salle de musculation n'ont pas non plus reçu leur dû et se désengagent de leur collaboration avec leur club. Cela joue, parmi d'autres facteurs, sur la dégradation de la sérénité du groupe professionnel, notamment dans l'organisation de ses déplacements.
On peut notamment citer le déplacement à Hazebrouck, où les joueurs apprennent à 22h leur départ en train prévu pour 7h le lendemain matin. Plus récemment, ce weekend lors du déplacement à Mulhouse conclu par une courte défaite, le groupe professionnel apprend le vendredi qu'il fera le déplacement en voitures, dont l'une devra être conduite par le coach. Les salariés témoignent aussi de conditions d'hébergement dégradées lors des déplacements, à l'image d'un hôtel à l'hygiène douteuse dont les joueurs apprendront, à leur accueil par les locaux, qu'il est connu pour être un "hôtel de passe". Et des remontrances s'expriment également sur les repas inadaptés, avec des sandwichs ou steak-frites comme repas d'avant-match.
Enfin, hors des terrains, les joueurs professionnels sont actuellement en difficulté vis-à-vis de leurs logements, garantis par leur club dans leurs contrats. Les loyers ne sont pas payés non plus depuis 4 mois, et certains joueurs reçoivent des courriers de leurs propriétaires, dont un qui est actuellement sous menace d'intervention d'huissiers.
Une sortie de crise à venir ?
Alors que l'ambiance entre la société et l'association, et entre les salariés et les dirigeants associatifs et de la SAS se crispent, quelle sortie de crise le club peut-il espérer ? Si les fonds annoncés par la société et son investisseur principal, Jean-Pierre Casas, se font encore attendre, l'association espère une régularisation de la situation, et un appel victorieux de la décision de la CNCG. Que le club sorte par le haut de cette crise ou non, les fans de handball comme les joueurs & salariés du Vénissieux Handball sont aujourd'hui dans une période de flou. Une période déterminante pour le championnat qui ne devrait pas manquer d'alimenter le feuilleton de N1 élite dans les prochaines semaines.
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