Dossier
Le championnat danois en pleine évolution (1/5)
Cela fait désormais quelques années que le championnat danois s'est installé comme la troisième meilleure compétition nationale en Europe, derrière la Bundesliga et la LNH. Mais peut-il viser plus haut ? Peut-il espérer, un jour, avoir des résultats sur la scène européenne ? Nous avons enquêté pour vous.
Reverra-t-on un jour un club danois en demi-finale de la Champions League, comme Kolding l'avait fait en 2002 ou Copenhague dix ans plus tard ? Pour l'instant en tout cas, cela risque d'être compliqué, puisque Kolding, le seul représentant du royaume en poule haute, est quasiment éliminé de la compétition, tandis que la route de Skjern, sorti des poules basses sera encore plus tortueuse. Et pourtant, le championnat national est monté en gamme ces dernières saisons, comme le confirme Cyril Viudes, le pivot français qui évolue au KIF Kolding Copenhague depuis cinq saisons : "Maintenant que la Liga Asobal n'est plus là, le Danemark a pris la troisième place. Avant, les joueurs de tous horizons qui voulaient évoluer à l'étranger avaient le choix entre la France, l'Allemagne et l'Espagne. Désormais, le troisième choix, c'est le Danemark." Si Ulrik Wilbek, l'ancien sélectionneur national, partage le constat, il a un avis différent sur les raisons de cette évolution : "Pour moi il n'y a rien de nouveau, le Danemark est le troisième meilleur championnat depuis plus d'une dizaine d'années. La seule différence est que le deuxième n'est plus l'Espagne mais la France".
Un championnat lourd et homogène
Quelle qu'en soit la genèse, cette évolution se traduit par un championnat ultra serré, avec sept équipes en six points en tête du championnat, et des budgets assez proches les uns des autres. La formule, avec une saison régulière de 26 matchs, se poursuit, avec une seconde phase de championnat sous forme de deux poules, dont les deux premiers s'affrontent dans un carré final. Si on y ajoute la coupe nationale et la Champions League, on frise la cinquantaine de matchs disputés, rien d'une sinécure donc. "En arrivant ici, j'ai trouvé un championnat avec un niveau très homogène, très différent de ce que j'ai connu en Espagne et en Allemagne", témoigne Konstantin Igropulo, l'arrière droit russe arrivé à Kolding l'été passé. "Evidemment, certains clubs avec plus de moyens sont au dessus mais il faut vraiment se battre tous les weekends. Les clubs de bas de tableau, ou ceux de deuxième division qu'on peut affronter occasionnellement ont une vraie culture tactique, ce n'est pas que trois passes et shoot".
Les jeunes ont leur chance dans tous les clubs
Cette qualité technique et tactique est forcément facilitée par le fait que le handball est le sport numéro un au Danemark. "Dès le plus jeune âge, tout le monde se met au handball", témoigne Cyril Viudes. "Les jeunes joueurs ont leur chance dans les clubs, même ceux de haut niveau, et le fait que tous les clubs sortent des joueurs de haut niveau participe à la densité du championnat". En effet, à l'exception notoire du KIF Kolding, toutes les autres équipes du championnat ont des moyennes d'âge aux alentours de 27 ans. Avec des joueurs élevés dans la plus pure tradition scandinave, comme confirme le pivot danois de Saint-Raphaël Alexander Lynggaard : "Au Danemark, on joue beaucoup plus sur des systèmes tandis qu'en France, on laisse plus de liberté sur les un contre un, le jeu individuel." Une rigueur bien à l'image du pays et qui produit des joueurs coursés par les plus grands clubs d'Europe, au grand détriment de leur pays formateur.
Retrouvez dès demain la suite de notre dossier sur le championnat danois.
Kevin Domas