Proligue
Un championnat dense et incertain
Le championnat de Proligue débute ce soir, et il s’annonce très indécis. La concurrence s’annonce aussi rude pour les play-offs que pour le maintien.
Les résultats d’un premier tour de Coupe de la Ligue ne présagent rien d’une saison entière, bien sûr. Mais dans cette nouvelle formule où seules deux équipes de Starligue – les promus – étaient engagées au premier tour, c’était presque une répétition générale de Proligue à laquelle on a eu droit le week-end dernier. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que certains présupposés concernant le déroulé à venir de la saison ont été légèrement bousculés. Voyez plutôt : Strasbourg vainqueur à Cesson, Limoges battu chez lui par Massy, Billère qui secoue Créteil, Besançon vainqueur du derby contre Dijon, voilà de quoi faire réfléchir avant d’établir les forces en présence d’un championnat qui sera peut-être plus ouvert que celui de la saison dernière, rapidement coupé en deux entre les concurrents aux play-offs et les équipes se battant pour le maintien. De quoi, surtout, rappeler la densité d'un championnat où tout peut arriver.
Une forte concurrence pour les premières places
Quelques groupes d’équipes parviennent tout de même à se dessiner. Si Cesson et Limoges sont les deux équipes qui semblent sortir de la mêlée sur le papier, la lutte pour les six premières places, qualificatives pour les play-offs, s’annonce très ouverte. « Le championnat parait assez dense, avec sept ou huit équipes capables d'aller chercher les barrages », note ainsi Fabien Courtial. L’entraîneur et manager de Saran se veut prudent sur les objectifs de son équipe, après une « mauvaise saison » terminée à la septième place, aux portes des play-offs. « Une saison réussie, ce serait de finir dans les quatre premiers », déclare-t-il néanmoins, ajoutant qu’il a « l'impression d'avoir un groupe plus fourni, avec plus de solutions. Il va désormais falloir trouver la bonne carburation. »
Des objectifs similaires à ceux de Dijon, qui aborde la saison avec un effectif quasiment inchangé, avec un départ (Eduardo Reig-Guillen) et une arrivée (Johan Boisedu). Après leur troisième place l’an passée, les Bourguignons sont favoris naturels à une place dans le haut du tableau. « Le danger, après notre très belle saison de l’an dernier avec ce groupe, c’est de croire que, en claquant des doigts, on va retrouver notre niveau de l’année dernière », met en garde Ulrich Chaduteaud, le coach dijonnais, qui ne cache pas néanmoins que « l’objectif, c’est de retourner à Saint-Brieuc », où a eu lieu le premier Final Four de Proligue la saison passée.
Également annoncés dans la lutte, Massy, demi-finaliste la saison passée malgré un budget réduit. « Massy, depuis toujours ou presque, a obtenu un ticket pour les play-offs, rappelle Jérémy Roussel. Cette saison, encore, ce sera un objectif ambitieux, dans un championnat très homogène. » Le nouveau coach du MEHB a décidé de « ne pas tout changé en arrivant. On s’appuie sur ce qui a été fait les saisons précédentes, puisque cela fonctionnait. On veut rester sur ce qui fait l’ADN de Massy, une grosse défense et une grosse dépense d’énergie. » Et il préfère « d’abord s’attacher à assurer le maintien pour, ensuite, se projeter sur plus haut. »
Nancy, capable de s’installer au plus haut ?
Ce genre de déclaration pourrait avoir de l’écho à Nancy, véritable surprise de la saison passée où les Lorrains ont longtemps été les dauphins de Chartres. « Ce qui s'est passé avant, ça appartient aux joueurs, il faut regarder devant, déclare le nouvel entraîneur Benjamin Braux. Je ne suis pas arrivé dans l'optique de tout changer, d'autant plus que beaucoup de joueurs sont encore là. Mais plus pour optimiser ce qui a été fait par le passé. » Le recrutement intéressant du club (Kosta Savic, Pierre Marche, Louis Prévost), troisième budget de Proligue, peut laisser se deviner des ambitions pour la saison à venir. « Celui qui n'avance pas recule, et on doit donc chercher à faire mieux que la saison passée. On va donc viser les Finales de Proligue, tout en gardant toute l'humilité nécessaire pour arriver à remplir un tel objectif. »
À cette lutte pour les play-offs, il faut bien sûr ajouter Pontault-Combault, relégué de Starligue la saison dernière. « Arriver à se maintenir, cela aurait été historique. On finit avec six points, c’est honorable, d’autant plus qu’on rate pas mal de matchs à un but, positive Chérif Hamani. En revanche, on a beaucoup appris pendant cette saison. On a joué face à une adversité inédite, et cela nous a clairement fait grandir. » Lui aussi veut placer son équipe dans la lutte pour les play-offs, à l’image de Christophe Viennet à Sélestat, qui aimerait avant tout éviter de revivre la même saison galère que l’année dernière. « On est bien conscient de ne pas être parmi les favoris, pose-t-il. Mais on a un groupe très qualitatif. On aimerait bien ne pas être en dessous de la huitième place, rester toute la saison entre les places 4 et 8. »
Et à cette lutte, il ne faudrait pas oublier la possibilité d’une surprise. Cherbourg, par exemple, en a le costume parfait. « On n’en entend pas beaucoup parler, mais Cherbourg a plutôt bien recruté et devrait être en haut du tableau », pense Ulrich Chaduteaud, avant de rappeler : « Cette année, il y a beaucoup plus que six prétendants pour les places de play-offs. »
Une lutte à cinq pour le maintien ?
Derrière, on a cinq équipes qui ne devraient a priori pas pouvoir se mêler à la course aux play-offs. Il faut dire que l’été a été particulier pour certains de ces clubs, suite aux rétrogradations administratives de Grenoble et Vernon. Strasbourg, relégué sportivement le printemps dernier, a été réintégré, et cherchera cette fois à accrocher son maintien sur les terrains, avec Denis Lathoud pour mener le projet. Valence, troisième de N1, a été repêché pour être la troisième équipe à monter en Proligue, en compagnie de Billère et Besançon. La trois promus ont abordé leur retour à l’échelon professionnel différemment : Billère a revu de fond en comble son effectif (10 arrivées), Valence a changé d'entraîneur avec Eric Forets mais a aussi bien recruté, notamment des joueurs d’expérience (Sylvain Kieffer, Sassi Boultif, Yoann Eudaric), tandis que Besançon a gardé un effectif stable. « J’ai promis aux joueurs l’année dernière que, si on montait, on gardait tout le monde. On a établi les critères humains, sportifs et financiers. On a gardé l’équipe, j’ai tenu ma promesse », explique Dragan Zovko. Le coach bisontin ne préfère pas parler d’objectifs avant cette saison, et n’aime pas dire jouer le maintien. « Bien sûr que sur le papier, nous avons une équipe parmi les plus jeunes, le plus petit budget, la moins expérimentée, déclare-t-il. On sait donc que pour nous, ce sera difficile. Mais je ne vais pas dire qu’on travaille pour le maintien, j’ai envie qu’on gagne le maximum de matchs. »
Nice est la cinquième équipe à citer. Le plus petit budget de Proligue a connu beaucoup de changements cet été, au niveau de l’effectif et même sur le banc, où Edu Fernandez Roura, l’entraîneur qui a permis au Cavigal de s’installer en Proligue, est parti à Aix pour épauler Jérôme Fernandez. « Je ne vais pas changer grand chose par rapport à ce qui était fait la saison dernière, prévient Asier Antonio Marcos, qui lui a succédé. Edu et moi, on avait un peu la même école, le même point de vue sur le handball. » Les Niçois ne vont pas changer non plus d’objectif, le maintien. « Se battre pour le maintien tous les ans, ce n'est pas fatiguant, ce qui est fatiguant c'est de se battre pour ne pas descendre en N3 tout le temps, lâche-t-il, de quoi faire écho à l’actualité estivale. On aimerait bien faire un peu mieux cette saison que l'an dernier. On est content de ce qu'on a produit lors de nos deux premières saisons en Proligue, et on aimerait bien continuer à y figurer encore un peu. » Ce qui est déjà un bel objectif, dans un championnat de plus en plus relevé.
Retrouvez le programme de la 1e journée dans l'onglet Résultats.Mickaël Georgeault, avec Kevin Domas