LdC (F) - Metz
(C)houette ailière gauche
Depuis qu'elle a fait ses premiers pas en Ligue Butagaz Energie à Fleury, Manon Houette s'est installée comme la référence à son poste. Partie un an en Allemagne, elle rayonne sur le parquet des Arènes de Metz depuis 2017. Avec Metz, ce samedi (16h), elle tentera de renverser la vapeur face à Brest pour décrocher une qualification pour le Final four de la Ligue des Champions.
L’image d’un duel externe, à l’aile gauche, un soir de finale des championnats du monde et un ballon qui passe dans un trou de souris. Le banc exulte après cette réalisation hors du commun, qui permet aux Françaises de rester dans le match à 12 minutes de la fin d'une finale hors du commun. Manon Houette et l’équipe de France sont championnes du monde face à la Norvège. "Sur les buts que je mets ce soir là, à part mes tripes, il n'y avait pas grand chose", sourit l'ailière de 28 ans.
Pourtant, quand elle arrive de la Sarthe à Fleury rien ne la prédestine à décrocher le graal, cette soirée de décembre 2017 dans la Barcalycard Arena d’Hambourg. Un peu de tennis, sans plus. Puis le hand arrive avec sa soeur, âgée d’un an de plus. Manon découvre tranquillement la discipline. « Le sport individuel n’était pas fait pour moi, je m’énervais énormément et c’était ingérable. » Son père est le président et l’entraîneur de l’équipe de son village. « On était sept, j'y ai joué quatre-cinq ans et ce sont des potes que j’ai encore aujourd’hui. »
Première sélection inattendue
L’évolution semble classique, pour une jeune adolescente d’une quinzaine d’années. Sélection départementale, régionale et un pôle espoir, à Segré. C’est là que tout se complexifie. « Quelques jours avant les sélections je ne voulais pas y aller. J’y vais pour ne pas avoir de regrets et finalement je suis prise. » D’une équipe de moins de 17 ans région, toujours dans son village natal, elle passe à la Nationale 3, dès la fin de son lycée et première sélection en France jeune. Le club de Fleury arrive alors. « Je me fais les croisés au mois de mai. Je rate les interpoles et les championnats de monde à Saint-Domingue. Je devais signer une semaine après à Fleury. J’appelle Christophe Maréchal pour lui dire que je me suis fait les croisés et du tac au tac il me dit 'ça ne change rien, on te rééduque pendant un an et on te met en D1'. »
Après une année blanche, cinq saisons suivent et l’emmènent jusqu’en Ligue des Champions. A l’époque, Fleury cartonne et prend un titre de champion de France à Metz, en 2015. L’équipe de France ne tarde pas non plus à arriver, en 2013, malgré la concurrence à l’aile. La capitaine, Siraba Dembélé, tient la boutique avec Paule Beaudouin. « Je suis en vacances à Toulouse un samedi soir et j’ai Fred (Bougeant) qui m’appelle il me dit ‘Manon je ne sais pas où t’es, mais Alain Portes va t’appeler tu pars en stage demain’. Alain Portes m’appelle, il me dit ‘il faut que tu sois à 13h à la Fédération, Siraba a une petite douleur, je t’amène. J’ai pris un train de nuit Toulouse-Paris, j’ai récupéré mes affaires à Fleury et je suis arrivée à 13h à la Fédé sans dormir. » Elle attend tout de même 2015 pour s'y installer pleinement, joue son premier mondial au Danemark et découvre les Jeux Olympiques un an plus tard. « Je suis arrivée là-bas, valise, sac à dos avec le sourire jusqu'aux oreilles. J'avais l'impression d'avoir gagné un concours. J'avais du mal à prendre conscience que j'étais là-bas en tant qu'athlète. » Le parcours est « incroyable, l'ambiance dans l'équipe est folle ». Et la médaille d'argent arrive.
Metz, une deuxième maison
Après une année à découvrir la ligue des Champions et dès le retour de Jeux de Rio, elle part de France et prend la température du championnat allemand. « Je ne parlais pas allemand mais surtout, je parlais mal anglais », s'amuse l'ailière. Dans le jeu, une première étape se franchit. « Dès le premier stage au mois d'octobre en équipe de France je sens beaucoup plus d'agressivité. C'est particulier de se retrouver seul à l'étranger, tu fais le déplacement pour un truc, le handball, forcément tu t'y investis à fond. Ca a été bénéfique. » Après une saison outre-Rhin, la Sarthoise, qui « n'a jamais rêvé du haut niveau quand j'étais dans mon village parce que je ne savais pas ce que c'était » est appelée à Metz. « J'avais peur d'y aller, ce n'est pas rien quand même!»
Les Arènes sont une deuxième maison, la structure est quelques crans au-dessus de ce qu'elle a connu jusqu'à présent en club. Plus que la réussite en club, où Metz récolte tous les titres, c'est aussi l'apothéose en sélection. Un titre de championne du monde (2017) et un titre de championne d'Europe (2018 en France). "C'est ma compétition référence, c'était parfait. Personne ne nous attendait, on joue la Norvège en finale... Tout le monde nous voyait tomber en finale." Comme en France l'année d'après, elle partage le titre avec ses proches. "Ma soeur avait fait le trajet dans la journée, mon père était là depuis le début de la compétition, pleurait dans les tribunes... C'est irréel." L'histoire est belle, le parcours continue de s'écrire. Depuis son retour de blessure cet hiver, elle revient à son meilleur niveau pour apporter son talent et son expérience à Metz jusqu'à la fin de saison, avant de poser ses valises à Bourg-de-Péage la saison prochaine.
Maxime Cohen.
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