TQO (F)
Six équipes européennes de plus à Tokyo
Après les hommes la semaine dernière, c'était au tour des sélections féminines de se disputer les derniers tickets olympiques. La Russie a obtenu sa qualification tranquillement, tandis que la Norvège, championne d'Europe en titre, a failli passer à la trappe.
L'équipe de France, qualifiée directement pour les Jeux olympiques grâce à son titre de championne d'Europe acquis en 2018, a pu profiter d'une semaine internationale sans trop de pression avec deux matchs amicaux contre le Danemark, qui a manqué la qualification pour un tournoi de qualification olympique lors du Mondial 2019. Mais d'autres nations étaient engagées pour ces tournois ce week-end, et ont vécu un week-end plus riche en enjeux.
Tournoi 1 (Espagne) : la Suède et l'Espagne se partagent la qualification
Dans ce tournoi joué à trois équipes suite au forfait du Sénégal, la Suède et l'Espagne partaient favorites devant l'Argentine. Mais le tournoi de Llíria, à une trentaine de kilomètres de Valence en Espagne, débutait par le choc entre les deux nations européennes, et la vainqueur aurait quasiment directement son ticket pour Tokyo. Après une bonne entame suédoise (4-8, 13'), les Espagnoles ont refait progressivement leur retard pour égaliser peu avant la pause (13-13, 30'). Rebelote en deuxième période où les partenaires de Johanna Westberg (7 buts) reprennent les devants (16-21, 41'), mais sans parvenir à maintenir l'écart. Les hôtes du tournoi reviennent, et égalisent à la dernière seconde par Jennifer Gutierrez (28-28). Le résultat fait finalement les affaires des deux équipes, qui n'ont désormais besoin que de battre l'Argentine pour se qualifier. La Suède l'a fait sans trembler samedi, avec une large avance acquise dès la première période (17-8, 30') pour une victoire très nette (34-21). La gardienne suédoise Johanna Bundsen a été décisive avec 18 arrêts. Quant à l'Espagne, elle n'a pas fait plus de détail face à l'Albiceleste ce dimanche. Les Guerrerras ont fait la différence dans les dix dernières minutes de la première période (9-10, 20' ; 10-19, 30'), notamment grâce à une Marta Lopez en feu, autrice de sept buts dans le dernier quart d'heure de la première mi-temps. Solides en deuxième période (6 buts encaissés), les hôtes s'imposent largement (16-31) et décrochent leur qualification pour les Jeux. Après une première participation olympique en 2016, les Argentines ne verront pas Tokyo cette année.
Tournoi 2 (Hongrie) : La Hongrie et la Russie sans trembler
A Györ, le tournoi de qualification mettait aux prises la Russie, championne olympique en titre, la Hongrie, pays-hôte, la Serbie, qualifié surprise après son superbe Mondial 2019, et le Kazakhstan, repêché très tôt suite à la défection de la Corée du Nord dès janvier 2020. La sélection kazakhe n'a pas pesé lourd lors de son premier match face à la Hongrie (19-46), mais a davantage accroché sa voisine russe lors de son deuxième match (17-16, 30') avant de craquer en deuxième période (33-26). Les Russes avaient, la veille, fait preuve de maîtrise face à la Serbie : après une bonne première période (17-13, 30'), les partenaires de Iuliia Managarova (6 buts) et d'Anna Vyakhireva (7 buts) ont eu un coup de moins bien en milieu de deuxième période (21-20, 44') mais n'ont pas permis à leurs adversaires d'égaliser. Elles ont accru leur avance en fin de rencontre pour accrocher une victoire confortable (28-23).
Les Serbes, pour continuer de rêver à Tokyo, devaient alors battre la Hongrie samedi. Mais les Hongroises ont vite pris la partie en mains et n'ont jamais été inquiétées : l'avance de cinq buts au bout d'une vingtaine de minutes (8-13, 21') s'est maintenue en début de deuxième période (16-21, 38'), avant que les Hongroises n'enfoncent le clou dans les minutes qui suivent en prenant huit buts d'avance (17-25, 45'). Cet écart maintenu au final (23-31) qualifiait les Hongroises un jour avant la fin du tournoi, alors que les Russes, également à deux victoires, avaient également décroché leur ticket. Les matchs de dimanche n'avaient donc pour intérêt que le seul plaisir de jouer au handball. La Serbie a terminé avec un large succès contre le Kazakhstan (42-30), avec notamment 6 buts de la pivot de Brest Sladjana Pop-Lazic. Quant au choc entre la Russie et la Hongrie, il a été remporté par les Russes (23-28). Après avoir pris deux buts d'avance en milieu de première période et confirmé cet avantage avant la pause (12-14, 30'), les Russes ont conservé leur avance en deuxième période, et ont creusé l'écart dans les derniers instants de la rencontre. Les Russes prennent la première place honorifique du tournoi et valident ainsi un très bon week-end, en particulier pour son nouveau sélectionneur Alexei Alexeev, arrivé en poste peu après l'éviction d'Ambros Martin en fin d'Euro.
Tournoi 3 (Monténégro) : le Monténégro et la Norvège au bout du suspense
L'autre tournoi à trois équipes, suite à la défection de la Chine, était sur le papier le plus indécis, entre trois nations européennes de qualité : la Norvège, dernière championne d'Europe mais non qualifiée (le ticket direct du champion continental étant attribué au champion d'Europe de 2018, donc à la France), faisait figure de favorite, mais le Monténégro, pays-hôte, et la Roumanie ne sont pas des équipes faciles à affronter. Les Norvégiennes n'ont pas tardé à en avoir la preuve : face au Monténégro, les partenaires de Nora Mørk (photo, 3 buts) ont été immédiatement mises en difficulté (2-6, 8'), et elles ont dû cravacher pour revenir avant la pause (12-13, 30'). Mais en début de deuxième période, les Monténégrines, menées par la Brestoise Djurdjina Jaukovic (7 buts), créent un nouvel écart (14-19, 38'). Bien dans leur match, les hôtes parviennent à maintenir les championnes d'Europe à distance jusqu'à la fin de la rencontre pour créer la première surprise des TQO (23-28).
Dos au mur, les Norvégiennes n'avaient alors plus l'intégralité de leur destin entre leurs mains. Mais il leur fallait déjà battre la Roumanie sur le score le plus large possible samedi, afin de se donner le maximum de chances pour accéder aux JO. Menées dans le premier quart d'heure, les Norvégiennes prennent le match à leur compte et passent devant à la mi-temps (13-11, 30'), bien aidées par une solide Katrine Lunde (16 arrêts, 42 %). Elles prennent le large dans le premier quart d'heure de la deuxième période (20-13, 44'), profitant notamment de l'efficacité clinique de Stine Skogrand à 7 mètres (9/9 dans l'exercice, 12 buts au total). Mais les partenaires de Cristina Neagu (11 buts) se reprennent et réduisent modérément l'écart, la défaite de cinq buts (29-24) laissant néanmoins espérer à une qualification en cas de victoire d'au moins cinq buts contre le Monténégro, lors du dernier match de dimanche.
Chez elles à Podgorica, les Monténégrines ne comptaient pas laisser le ticket olympique s'échapper. La Roumanie est devant au score une bonne partie de la première période, mais le Monténégro reste au contact et prend même l'avantage peu avant la pause. A la mi-temps, le Monténégro est qualifié avec la Norvège avec un score de parité (15-15, 30'). Ça se complique pour les Roumaines en deuxième période : bien que devant d'une ou deux longueurs au score, les échecs face à Ljubica Nenezic, notamment à 7 mètres (14 arrêts, dont 2/4 pen.), ne permettent pas de creuser l'écart. Pire : Crina Pintea, si précieuse depuis le début de la rencontre en attaque (4 buts) et en défense, est disqualifiée après avoir mis la main au visage d'Itana Grbic (41'). Au courage, la Roumanie se bat jusqu'au bout, mais le Monténégro, encore porté par Djudjina Jaukovic (9 buts), tient sa qualification. Un but de Majda Mehmedovic assure quasiment la qualification monténégrine (25-24, 56'), et les Roumaines, sur un baroud d'honneur, remportent le match sans se qualifier (25-28). Pintea, Neagu (12 buts) et leurs partenaires sont en pleurs : neuvième des JO de Rio en 2016, la Roumanie ne participera à l'édition nippone de 2021. Les Norvégiennes, qui ont atterri chez elles 30 minutes après le coup d'envoi de la dernière rencontre, enchaîneront une quatrième olympiade de rang.
Les équipes qualifiées pour les Jeux olympiques de Tokyo
Japon (pays organisateur), Pays-Bas (champion du monde 2019), France (champion d'Europe 2018), Brésil (vainqueur des Jeux Panaméricains 2019), Corée du Sud (vainqueur du tournoi de qualification olympique asiatique 2019), Angola (vainqueur du tournoi de qualification olympique africain 2019), Suède, Espagne, Hongrie, Russie, Monténégro, Norvège (qualifiés via les TQO).
Mickaël Georgeault