JO (M)
Qui pour une médaille ?
Douze équipes, deux groupes de six, et trois médailles au bout que tout le monde convoite. Alors, qui sont les favoris ? Qui peut espérer obtenir une médaille et qui va devoir cravacher pour sortir des groupes ? Petite revue des forces en présence.
Ceux qui peuvent viser l'or
France
Doubles tenants du titre, impeccables en préparation, compliqué de ne pas mettre l'équipe de France en tête de liste des favoris. La déception de l'Euro a été rapidement avalée, d'autant plus que les Bleus comptaient de nombreux blessés. Tous ne sont d'ailleurs pas revenus (Xavier Barachet, Nédim Rémili), mais le poste d'arrière gauche possède désormais deux joueurs capables d'apporter de la variété en la personne de Mathieu Grébille et Timothey N'Guessan. Les neuf joueurs qui découvrent les Jeux seront encadrés, comme toujours, par les plus anciens toujours aussi affamés (Nikola Karabatic, Thierry Omeyer, Michael Guigou). La route vers les quarts de finale n'est pas dégagée, loin s'en faut, mais arriver en quarts de finale ne devrait pas poser de problèmes aux hommes de Claude Onesta. Restera trois matchs à bien négocier pour aller chercher une troisième médaille d'or de suite.
Danemark
"Seulement" quarts de finaliste à Londres, éliminés par la Suède, les Danois seront encore dans les favoris cette année. Même si l'arrière droit Kasper Sondergaard, déjà absent à l'Eurotournoi, a rechuté et pourrait bien carrément déclarer forfait pour les Jeux. C'est la seule ombre au tableau pour une équipe qui, malgré sa lourde défaite face à la France en préparation, semble être au summum de sa force. Mikkel Hansen, Mads Mensah Larsen, Niklas Landin, les frères Toft Hansen, tous ou presque jouent dans des top clubs européens et ont l'habitude des matchs à enjeux. Suffisant pour aller chercher un or inédit ?
Croatie
Troisième favori, et troisième équipe à figurer dans le groupe A, celui de l'équipe de France, la Croatie, troisième du dernier Euro. Il s'en est fallu de pas grand chose pour que les coéquipiers de Domagoj Duvnjak accèdent à la finale en Pologne. Les jeunes sont désormais bien intégrés dans la rotation et Luka Stepancic, le futur Parisien, est revenu en grande forme. Les Croates ont d'ailleurs confirmé leur bonne forme en préparation en battant l'Allemagne dès leur arrivée à Rio. Seuls points faibles, les postes de gardien de but et de pivot. Sur le premier, ni Mirko Allilovic, ni Filip Ivic n'ont été pris, alors qu'au centre de l'attaque, Igor Vori a été ignoré au profit des jeunes Ilija Brozovic (Kiel) et Kresimir Kozina (Flensburg).
Ceux qui peuvent espérer une médaille
Allemagne
Ce n'est pas parce qu'on arrive au Brésil auréolé d'un titre de champion d'Europe qu'on fait partie des favoris des JO. Surtout quand on sort d'une préparation plutôt ratée. Deux petites victoires face à la Tunisie et l'Egypte, des défaites contre la Croatie, la Russie et le Danemark ont fait redescendre les bad boys de leur nuage. Dur de dire les raisons, car l'équipe parait encore plus forte qu'en Pologne avec les retours de Patrick Groetzki, Patrick Wiencek et Uwe Gensheimer. Mais l'effet de surprise ne joue plus, la dynamique est moins porteuse et les adversaires bien plus concentrés sur le titre olympique. Dagur Sigurdsson en est convaincu, ses hommes peuvent jouer une médaille à Rio. Pourquoi pas, mais il va falloir montrer autre chose.
Slovénie
Après avoir éliminé l'Espagne au TQO, les joueurs de Veselin Vujovic se posent en vrai médaillé potentiel à Rio, à la sortie d'une préparation réussie, à l'image des deux larges victoires face à la Tunisie courant juillet. L'équipe est un beau mix d'anciens (Vid Kavticnik, Gorazd Skof, Uros Zorman), de joueurs habitués à la Champions League (Jure Dolenec, Dean Bombac, Matej Gaber) et de jeunes qui seront la relève dans quelques années (Blaz Janc, Nik Henigman). Le tout fonctionne pour l'instant à merveille, et les Slovènes semblent avoir toutes les cartes en main pour aller chercher une des deux premières places du groupe B.
Pologne
Un Euro à domicile raté, un paquet de joueurs qui ne défileront certainement plus sous la flamme olympique, toutes les raisons sont bonnes pour que les Polonais veuillent aller chercher une médaille. Sauf que les problèmes qu'on avait aperçu à Cracovie n'ont pas disparu depuis. Toujours pas de vrai demi-centre pour mener le jeu, toujours cette dépendance à Slawomir Szmal et à Michal Jurecki et cette moyenne d'âge élevée qui risque de ne pas rendre service à Talant Dujshebaev à la longue. Car le banc de touche semble un peu léger pour tenir sur la longueur, surtout quand on voit l'âge et la qualité de certains...
Qatar
Deux ans après son titre de vice-champion du monde à domicile, où en est le Qatar ? A peu près au même point. L'équipe a très eu changé et a eu quatre mois pour se préparer pour les JO. Six matchs amicaux, six victoires dont deux contre la Pologne, Valero Rivera est en tout cas satisfait. Mais quid de la capacité de Rafael Capote et de Zarko Markovic à répéter les mêmes exploits ? Dans un contexte différent, ces JO sont la compétition de la confirmation pour les Qataris. Au risque de passer pour une étincelle incapable de se rallumer.
Suède
Argentés à Londres, les Suédois arrivent une nouvelle fois cachés à Rio. Personne ne les met dans les favoris et pourtant, sur le papier, les Suédois n'ont rien à envier en terme d'effectif aux Croates. Seul ombre au tableau, les blessures de Niklas Ekberg et de Viktor Östlund. En conséquence, les jeunes Jerry Tollbring et Philip Stenmalm ont été retenus, tout comme l'éternel espoir Jonathan Stenbäcken. Dans la perspective d'une médaille olympique, le gaucher Kim Andersson est sorti de sa retraite internationale, et si il est aussi en forme qu'au Qatar il y a deux ans, les Suédois vont faire du dégât.
Ceux qui vont devoir cravacher
Egypte
On l'a vu à Strasbourg il y a deux semaines, cette équipe égyptienne est pétrie de qualité. Mais face à une concurrence européenne homogène (Allemagne, Suède, Slovénie, Pologne) , il va falloir un petit coup de pouce du destin pour atteindre les quarts de finale. Non présents à Rio, les Pharaons ont entamé il y a deux ans leur mue qui s'avère déjà réussie, avec un titre de champion d'Afrique décroché cette année. Des jeunes joueurs talentueux, comme les futurs Aixois Ali Zein et Mohamed Mamdouh avec quelques anciens historiques comme le gaucher Ahmed El Ahmar forment un collectif qui joue juste. Il ne lui manque juste qu'un petit peu d'expérience, de confiance prise par ses jeunes pour franchir un nouveau palier.
Brésil
L'équipe à domicile est souvent la surprise des compétitions internationales. Le Qatar en 2015, la Serbie en 2012, les exemples sont nombreux et gare à ceux qui ne prendront pas les Brésiliens à la légère. Car les Auriverde ont un vrai potentiel, et le Danemark n'a d'ailleurs pas réussi à les battre sur leur premier match de préparation. Le gaucher José Toledo (Plock) est un attaquant capable de performances spectaculaires, tout comme le Chambérien Joao da Silva et la recrue de Kolding Fabio Chiuffa. Il manquera certainement de qualité sur la longueur pour que cette équipe s'incruste dans les matchs à élimination directe, mais sur un match, la surprise est tout à fait possible.
Argentine
Diego Simonet a bien failli réussir le come-back le plus retentissant de ces Jeux Olympiques. Mieux que René Toft Hansen, mieux que Luka Stepancic, le lutin montpelliérain est déjà remis sur pied mais a été jugé un peu court par son club. Sans lui, l'Argentine perd son principal atout offensif, mais le reste de l'équipe habituelle est bien présente au Brésil. Un groupe rodé aux joutes de la LNH et de la Liga Asobal et qui évolue ensemble depuis un certain temps. Gonzalo Carou, Federico Vieyra, Mathias Schulz, Sebastian Simonet, vous en connaissez certainement une bonne partie. A Londres, il s'en était fallu de peu pour que les Gladiatores passe le premier tour. Ils seront dans un duel à trois avec le Qatar et la Tunisie pour une place en quarts.
Tunisie
Trois défaites, deux victoires en préparation, et une ambiance pas forcément propice à se concentrer chez les Tunisiens. Lors du dernier stage, deux joueurs ont choisi de quitter le groupe (Abdelhak Ben Salah, Mosbah Sanai) sur fond de désaccords avec le sélectionneur. Et le handball dans tout ça ? Hafedh Zouabi est aux commandes d'une équipe avec un gros potentiel, mais qu'il faut discipliner. Jugez plutôt : Aymen Toumi (Montpellier), Wael Jallouz (FC Barcelone), Oussama Boughanmi (ES Tunis) ou Marouène Maggaiez (ES Tunis). Cette équipe a fini deuxième de la dernière CAN, un an après avoir explosé en vol au Mondial qatari, et va affronter la France, puis le Danemark. On a connu meilleure entame pour se mettre en confiance...
Kevin Domas