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La France rivalise-t-elle (enfin) avec l'Allemagne ?
Avec deux clubs, le PSG et Montpellier, qualifiés en quart de finale de la Ligue des Champions, le handball français réalise une grande première cette saison. Si Kiel et Barcelone sont des monstres de régularité depuis dix ans, l’équilibre entre les formations de Starligue et de Bundesliga ou de Hongrie tend à se réajuster.
Le handball hexagonal vit un printemps historique. Jamais il ne s’était retrouvé aussi bien représenté à la table des grands à ce stade de la saison. Avec Montpellier et Paris en quarts de finale de la Ligue des Champions et Saint-Raphaël qualifié pour les quarts de la Coupe EHF, la Starligue monte en puissance à l’heure où ses représentants ont trop souvent baissé pavillon par le passé. Avec le PSG et le MHB toujours en lice, la France fait aussi bien que l’Allemagne (Kiel, Flensburg) et la Hongrie (Pick Szeged, Veszprem) en nombre de représentants. L’Espagne (Barcelone) et la Macédoine (Vardar Skopje) complètent le tableau. Jamais l’Hexagone n’avait réussi une telle performance depuis la mise en place d’une formule avec des quarts de finale suite au tour principal en 2009. Montpellier (2010, 2011) avait été remplacé par Paris (2014, 2015, 2016) comme porte drapeau de la LNH. Cette dernière a même eu ses années de vache maigre avec aucune de ses formations dans le Top 8 européen en 2009, 2012 et 2013. Mais le travail de fond finit par payer et les temps changent.
Allemagne et Hongrie toujours bien représentés
L’Allemagne est le pays le plus régulier en termes de présence en quarts de finale. Depuis 2014, elle place en moyenne deux clubs à ce stade de la compétition. L’année 2014 est d’ailleurs un excellent cru pour le handball germanique avec trois représentants dans le Top 8 : Kiel, Flensburg et Rhein Neckar Lowen. Si on étend l’étude à la période 2009-2017, la moyenne monte même à 2,7 clubs allemands en quart de finale. L’omniprésence des équipes de Bundesliga tendrait donc à se réduire progressivement ces dernières années.
La Hongrie s’impose comme la deuxième nation la plus présente en quarts de finale depuis 2014. Avec 1,5 équipe en moyenne dans le Top 8, elle se fait une place parmi les nations les plus importantes en Coupe d’Europe. Si Szeged s’est qualifié une année sur deux en quarts depuis 2014, Veszprem n’a de son côté raté aucune édition. Sur la période 2009-2013, Veszprem ne s’était qualifié qu’à trois reprises en quarts lors des cinq éditions, preuve que le handball magyar a franchi un cap depuis cette période.
L’Espagne souffre, la Macédoine bien présente
A l’opposé de la dynamique hongroise, l’Espagne souffre des conséquences de la crise économique qui l’a durement frappée. Si Barcelone porte toujours fièrement les couleurs du handball ibérique, le club blaugrana est désormais bien seul depuis 2013, dernière année où le Barça était accompagné par l’Atlético de Madrid. L’année 2012 avait été particulièrement fructueuse pour l’Asobal avec trois de ses représentants dans le Top 8 : Barcelone, l’Atlético de Madrid et Ademar Leon. Sur la période 2009-2013, l’Espagne plaçait en moyenne deux de ses clubs à ce stade de la Ligue des Champions. Une époque révolue.
La Russie, avec Chekhov, est sortie des écrans radars des quarts depuis 2011, après trois qualifications successives à ce niveau. Idem pour la Slovénie et le Danemark, respectivement avec le RK Cimos Koper et Copenhague, qui ne se sont plus qualifiés en quarts de finale depuis 2011. La Croatie est plus irrégulière, avec Zagreb en 2009, 2012, 2015 et 2016. Avec Kielce, les polonais étaient habitués au Top 8 européen en 2013, 2015 et 2016. Sortie par Montpellier en huitièmes de finale le week-end dernier, l’équipe de Talant Dujshebaev se voit coupée dans sa progression cette saison.
Reste enfin le cas de la Macédoine, loin d’être le pays le plus médiatique de l’Europe du handball. Pourtant, elle occupe une place de choix à ce stade de la compétition avec la présence d’au moins un de ses représentants depuis cinq saisons : le Metalurg en 2013, Vardar et le Metalurg en 2014 puis Vardar seul sans discontinuer depuis 2015.
Kiel, champion de la régularité
En analysant la présence des clubs qualifiés en quarts de finale sur les quatre dernières éditions, seules cinq formations ont réalisé le Grand Chelem : le PSG, Veszprem, le Vardar, Barcelone et Kiel. L’instauration de la nouvelle formule de la Ligue des Champions la saison passée n’avait pas bousculé le Top 8 européen. Sept des huit équipes en quarts en 2016 étaient en effet déjà présentes à ce niveau un an plus tôt. Seul Flensburg avait remplacé le Pick Szeged. Cette année, deux changements sont opérés par rapport au précédent exercice : Szeged est de retour ainsi que Montpellier. Ces deux équipes prennent la place de Kielce et Zagreb.
Kiel est l’incontestable roi de la régularité en Coupe d’Europe. Les Kielers n’ont jamais été absents en quarts de finale depuis 2009 ! Aucune autre équipe n’a réalisé une telle performance. Malgré le départ de certaines de ses stars, le club allemand reste un poids lourd du handball européen. Barcelone fait aussi bien depuis 2010 avec un 8/8 en quarts de finale. Vient ensuite Veszprem, qui a son rond de serviette à la table des grands depuis 2013, sans discontinuer. Enfin, la palme du retour est décernée à Montpellier, qui n’était plus invité au festin des quarts depuis cinq éditions et qui retrouve avec gourmandise la table des grands cette saison. Seuls Kiel et Barcelone sont encore présents cette année, eux qui accompagnaient déjà le MHB à ce niveau en 2011. La preuve, aussi, que malgré les évènements de ces dernières années, le club héraultais renoue bel et bien avec son glorieux passé européen.
Olivier Poignard