Appelez le "Captain' Luka"

Luka Karabatic est le nouveau capitaine du Paris Saint-Germain Handball depuis cet été. Un rôle qu'il aborde sans se mettre de pression particulière.

Invité par l'animateur de la soirée, Luka Karabatic se lève et prend le micro pour présenter ses coéquipiers aux partenaires du club invités dans un des salons du Parc des Princes. Un mot sur la casquette de Nédim Rémili, un autre sur les séries Netflix en français de Rodrigo Corrales et deux ou trois blagues bien senties, le pivot de 31 ans s'en sort bien. "C'était un peu mon bizutage" lâche-t-il en souriant après coup. A l'orée de sa cinquième saison sous le maillot bleu et rouge, celui qui fait désormais partie des meubles à Coubertin a été élu par ses coéquipiers capitaine du Paris Saint-Germain, succédant ainsi à une liste prestigieuse où figurent avant lui Daniel Narcisse et Thierry Omeyer. Pas de cérémonie, pas de réunion, juste un vote mené à distance entre les joueurs et voilà Luka propulsé sur le devant de la scène, lui qui n'est pourtant pas du genre à prendre la lumière. "Certains n'étaient pas partants, comme Nikola. J'ai dit que j'étais prêt à le faire. C'est un peu forcer ma nature, mais je me rends compte que j'arrive à tenir mon rôle quand même. Devenir capitaine, ce n'était pas un aboutissement, quelqu'un d'autre l'aurait été, j'aurais été très content aussi. Mais cela fait plaisir que mes coéquipiers me fassent confiance pour me donner le brassard" continue le cadet de la fratrie.

Pas que des bons moments

Capitaine, c'est forcément une part de bons moments. Comme celui vécu samedi, quand Luka Karabatic a été le premier à soulever le Trophée des Champions, son premier avec le brassard autour du bras. Enfin brassard, façon de parler, puisqu'il n'en portait pas sur le terrain. Mais c'est quand même lui qu'on voit au premier plan sur la photo. "Je ne voulais pas être celui qui perd pour sa première, j'étais un peu stressé" sourit-il, soulagé. Dans sa causerie d'avant-match, sa première, Luka a fait simple : rappels tactiques et quelques mots pour motiver ses troupes à aller au combat. Mais être capitaine, ce sera aussi des moments moins rose, des conflits à régler, des défaites, peut-être, à assumer, des prises de parole plus attendues, une voix qui pèse dans le vestiaire. Un nouvel habit à appréhender, pour résumer. "Il y aura forcément des moments moins roses, où il faudra assumer. Mais j'y suis prêt" dit-il, avant de donner sa définition du capitaine : "Il faut essayer que tout se passe bien, de lisser les choses quand il faut, être diplomate. Il faut prendre le pouls de la vie de l’équipe."

Les titres restent la récompense

Une chose est sûre, le brassard ne va pas changer Luka Karabatic. Car c'est avant tout par son attitude qu'il compte montrer l'exemple. D'ailleurs, il est incapable de nommer un capitaine qui l'ait marqué plus qu'un autre dans sa carrière. "Pour moi, les capitaines, ce sont avant tout des coéquipiers. Là, on en parle un peu plus parce que c'est nouveau. Mais certains, comme Niko, auraient pu l'être par ce qu'ils dégagent sur le terrain" souligne-t-il. D'ailleurs, même s'il ressent une petite fierté à l'idée de rentrer en premier sur le terrain ("ces cinq secondes où tu as l'impression que toute la pression est sur tes épaules"), c'est surtout dans son entourage qu'on a apprécié la nomination. "Ce n'est pas anodin, Paris est un grand club mais je suis sûr que ma mère est plus fière que moi. Je le suis dans le sens où, porter le brassard, ça vient reconnaitre ce que tu produis tous les jours. Mais pour moi, la récompense, ce dont on se souvient à la fin de la carrière, ce sont les titres" conclut-il. Il ne le dit pas trop fort d'ailleurs, mais il pourrait bien être le premier capitaine parisien à soulever la Champions League en fin de saison. Mais par superstition, on s'arrêtera là...

Kevin Domas