Combat à cinq à venir pour le titre en Allemagne ?

Le championnat allemand reprend ce jeudi, après la traditionnelle Supercoupe entre Kiel et Rhein-Neckar Löwen ce mercredi soir. Cette saison s'annonce particulièrement ouverte, avec au moins cinq prétendants au titre et un suspense qui devrait être aussi fort que lors des deux dernières saisons.

La Bundesliga, autoproclamée "ligue la plus forte du monde" rouvre ses portes cette semaine. Le THW Kiel, champion d'Allemagne en titre, remet sa couronne en jeu, et, cette saison, les prétendants pour la récupérer en fin d'exercice sont nombreux. La densité du championnat allemand n'est un mystère pour personne, mais la lutte pour le titre s'annonce particulièrement acharnée, avec en particulier cinq équipes capables de s'arroger le championnat.

Kiel face à l'après Sagosen, Flensburg dans une nouvelle ère

L'année dernière, Kiel avait dû faire avec la concurrence acharnée de Magdebourg et Berlin. Les premiers cités, champions d'Allemagne en 2022, abordent cette nouvelle saison avec un titre de champion d'Europe acquis à Cologne en juin dernier, et voudront confirmer leur statut de favori. Certes privé de son maître à jouer Gisli Kristjansson au moins pour la première partie de saison, Magdebourg s'est bien renforcé, avec deux meneurs de classe internationale supplémentaires, Janus Smarason et Felix Claar. De leur côté, les Renards de la capitale fédérale ont gardé un effectif stable, avec des changements seulement sur les ailes. Jerry Tollbring à gauche et Hakun West av Teigum à droite seront néanmoins très attendus en jeu rapide, alors que Berlin dispose toujours d'une défense aussi solide, un des atouts qui lui avait permis de remporter l'European League la saison dernière. Mathias Gidsel continuera, pour sa part, d'apporter tout son talent pour débloquer les situations fermées.

Face à deux tels concurrents, Kiel se présente avec deux de ses grandes stars de la saison dernière en moins, Niklas Landin et Sander Sagosen. Vincent Gérard, qui sera absent pour la Supercoupe ce soir, et le jeune Féroïen Elias Ellefsen á Skipagøtu ont un lourd héritage à porter sur leurs épaules, mais ils pourront compter sur un effectif expérimenté et stable à leurs côtés. La progression d'Ellefsen sera particulièrement scrutée, lui qui est considéré comme une des grandes pépites à venir du handball mondial.

A ces trois équipes s'ajoutent Flensburg et Rhein-Neckar Löwen. Le SG a opéré une véritable révolution de palais au printemps dernier, en mettant fin aux fonctions de Maik Machulla. Changements au poste d'entraîneur avec l'arrivée du coach à succès de GOG Nicolej Krikau, à la direction sportive avec l'arrivée de Ljubomir Vranjes, et dans l'effectif avec les départs d'hommes de base des saisons dernières, Magnus Rød, Simon Hald ou encore Gøran Søgard Johannessen. En retour, les arrivées de Simon Pytlick, Lukas Jørgensen et Kay Smits notamment vont faire du bien à la troupe toujours orchestrée par Jim Gottfridsson. Pytlick, surtout, est la principale recrue du championnat allemand cet été, et son adaptation à son nouveau championnat est particulièrement attendue.

Enfin, les Löwen de Mannheim paraissent peut-être un ton en-dessous de ces quatre concurrents. Le club redresse la pente après quelques années maigres, et la victoire en Coupe d'Allemagne l'année dernière a fait du bien. Sebastian Hinze a imprimé sa marque, et continuera à faire progresser un jeune effectif ambitieux, dont la figure de proue est sans conteste l'international allemand Juri Knorr. Le recrutement, composé de jeunes Scandinaves (Steven Plucnar Jacobsen, Gustav Davidsson, Arnor Oskarsson), est moins clinquant que celui de ses rivaux, même si on a hâte de voir Jon Lindenchrone Andersen dans un effectif plus ambitieux après une première adaptation à la Bundesliga réussie avec Göppingen.

Des seconds couteaux bien aiguisés

Derrière, plusieurs équipes semblent armées pour jouer la sixième place, qualificative ces dernières saisons pour l'European League, voire mieux. Ces équipes pourraient même, à certaines occasions, perturber sérieusement les cinq équipes susmentionnées dans leurs objectifs, ou même se mêler au top 5 en cas de défaillance d'un club de devant. Hanovre semble plutôt bien correspondre à ce portrait-robot, avec un effectif qui a prouvé sa valeur la saison dernière sous les ordres de l'ancien sélectionneur national Christian Prokop. Les arrivées de Simon Gade dans les cages et de Tilen Strmljan à la mène, deux joueurs qui connaissent bien les joutes européennes, sont des recrutements intéressants, et la progression du jeune international allemand Renars Uscins au poste d'arrière droit sera également suivie de près.

Bien réinstallés au plus haut niveau, Hambourg et Gummersbach devront confirmer leur exercice réussi de la saison dernière. Le VfL, club cher à François-Xavier Houlet ou à Daniel Narcisse qui en ont porté les couleurs, s'est bien renforcé cet été, avec le pivot des Löwen Kristjan Horzen et l'ailier de Berlin Milos Vujovic. Giorgi Tskhovrebadze, arrivé de Montpellier, devra pour sa part faire preuve de tout son potentiel. Hambourg garde un effectif stable, avec deux arrivées pour deux départs, mais avec Zoran Ilic parmi les nouveaux de la cité de la Hanse. Avec toujours Casper Mortensen comme pourvoyeurs de buts, le HSV aura des atouts à faire valoir.

Enfin, notre marronnier de rédacteurs de handball : Melsungen fera-t-il une bonne saison ? Le décalage entre les moyens du club hessois et son classement année après année fait sourire, mais reconnaissons au moins que cet été, le club a fait des choix intéressants. Les arrivées d'Erik Balenciaga et de Dainis Kristopans sont très attendues, car eux aussi font figure de signatures majeures du championnat allemand, surtout l'ancien arrière droit du PSG. Roberto Garcia Parrondo a un autre atout par rapport à la saison dernière : un effectif plus resserré, avec un choix particulièrement fort à l'intersaison (outre le départ d'André Gomes en Arabie saoudite), celui de débarquer son capitaine Kai Häfner. L'arrière droit champion d'Europe en 2016 a quitté le club début août, après la reprise de l'entraînement, à un an de la fin de son contrat, pour retrouver Stuttgart, son club formateur. Désormais à plein temps avec le MT, le coach espagnol joue gros et devra trouver la recette pour faire remonter le MT aux places européennes.

La descente promise aux jeunes promus ?

On aurait pu évoquer aussi Leipzig, Lemgo, Göppingen ou Bergischer comme éventuels poils à gratter en première partie de tableau, notamment les premiers, qui ont très bien fini la saison dernière avec leur entraîneur arrivé en cours de saison, Runar Sigtryggsson et un effectif toujours très bien équilibré. Stuttgart, qui a récupéré Kai Häfner mais gardé un effectif autrement inchangé par rapport à l'année dernière, vise également plus haut que la saison passée, tout comme Erlangen ou Wetzlar. Ces derniers ont lutté jusqu'à la fin de la saison pour décrocher leur maintien, et espèrent passer une année plus tranquille avec un effectif peu modifié.

Par contre, la saison s'annonce particulièrement compliquée pour les deux promus. Balingen, champion de 2. Bundesliga, et Eisenach, promu surprise, semblent les moins armés en ce début de championnat. Du côté du HBW, on verra si l'apport des deux recrues venues de Zagreb, Nikola Grahovac et Csaba Leimeter, permettront de franchir une barrière à cette équipe habituée à faire l'ascenseur. A Eisenach, l'homme clé de la montée, l'arrière gauche Fynn Hangstein, avait déjà signé avec une autre équipe de 2. BL, Lübbecke, avant de finalement coiffer sur le poteau son futur employeur pour la montée. Malgré un recrutement très varié, allant du demi-centre italien ancien de Montpellier et Billère Simone Mengon au gardien de Kielce Mateusz Kornecki, le club de Thuringe paraît peu capable de s'installer durablement dans l'élite du handball allemand. Reconverti consultant chez le nouveau diffuseur du handball en Allemagne, DYN, Maik Machulla juge sans ambages que le maintien du ThSV relèverait du "miracle".

La Supercoupe d'Allemagne est diffusée ce mercredi soir (19h) sur HBL TV, le portail de diffusion de la Bundesliga à l'international.

Mickaël Georgeault