LDC (M)
« J’aimerais voir le H à Cologne » : Thierry Anti croit en Nantes face au Sporting

À quelques heures du quart de finale retour de la Ligue des Champions entre le HBC Nantes et le Sporting Lisbonne (20h45), Thierry Anti, figure emblématique du handball français passé par les deux clubs, livre son analyse de cette confrontation qui s’annonce tendue. Entre ambiance survoltée, clés tactiques et souvenirs marquants, il décrypte les enjeux de ce choc décisif.
Après une victoire de justesse au match aller (28-27), le HBC Nantes se rend à Lisbonne pour décrocher sa place en Final 4 (20h45). Une mission délicate face à un Sporting redoutable sur son terrain, soutenu par un public bouillant. Dans une salle qui s'annonce pleine à craquer, les hommes de Grégory Cojean devront allier sang-froid et efficacité pour franchir ce cap. Thierry Anti, passé par les deux clubs, nous livre son analyse sur un choc qui s'annonce explosif.
HandNews : Quelle est l’ambiance dans la salle du Sporting ?
Thierry Anti : La Pavilhão João Rocha est une salle de 3.000 places, mais l’ambiance y est bouillonnante, comme s’il y en avait trois fois plus. C’est un cube où tout résonne. Les supporters sont proches du terrain et chantent sans relâche, surtout lors des grosses affiches. L’atmosphère est à la fois familiale et ultra, très marquée par la culture foot. Mercredi, ce sera électrique, avec une tribune dédiée aux supporters nantais et les ultras du Sporting prêts à mettre une pression maximale.
HN : Quel regard portez-vous sur le match aller à Nantes ?
TA : Le début m’a surpris par sa lenteur. Mais avec le recul, ce n’est pas si étonnant : les deux équipes se connaissent peu, elles se redoutaient. Il y avait beaucoup de prudence, une vraie concentration défensive. Personne ne voulait se livrer trop vite.
HN : Le match retour sera-t-il différent ?
TA : Oui, complètement. À Lisbonne, le Sporting cherchera à imposer un rythme bien plus élevé. À l’aller, ils ont souvent ralenti volontairement, alors qu’ils pouvaient accélérer. Chez eux, je m’attends à un jeu plus rapide. C’est une équipe naturellement offensive, même si elle s’appuie sur une base défensive très solide.

HN : Quel rôle jouent les frères Costa ?
TA : “Kiko” (Francisco) a eu du mal à démarrer, il revenait de blessure. Mais en seconde période, il a retrouvé du rythme. Martim, lui, a très bien commencé. Les deux sont essentiels. Ils tirent beaucoup, entre 15 et 20 fois chacun par match. Quand l’un brille, l’autre se met en retrait… mais cela peut s’inverser en un instant. Leur capacité à s’enflammer est l’un des grands atouts du Sporting.
HN : Quelle sera la clé pour Nantes ?
TA : Il faudra contenir l’enthousiasme lisboète dans les dix premières minutes. Si le Sporting démarre fort, porté par son public, ça peut vite devenir difficile. Mais attention : dominer trop vite peut aussi se retourner contre vous. Une équipe qui revient au score use mentalement l’adversaire. Nantes devra rester lucide et concentré jusqu’au bout.
HN : Les joueurs seront-ils prêts physiquement ?
TA : Oui, je le pense. Ce sont les matchs qu’on rêve de jouer. Ce n’est pas une question de fatigue, mais de gestion. Si un joueur joue 50 minutes d’affilée, il finit par faire des erreurs. C’est là que le coaching est essentiel. Il faut bien répartir les temps de jeu pour garder de la fraîcheur. Et il faut saluer Saint-Raphaël, qui a accepté de décaler son match pour permettre à Nantes de se préparer dans les meilleures conditions.
HN : Quelle importance a la profondeur de banc ?
TA : Elle est déterminante. Le Sporting a utilisé tout son effectif à l’aller, même si certains joueurs n’ont joué que quelques minutes. Nantes, à l’inverse, a moins fait tourner. Cela peut peser lourd en fin de match, quand la fraîcheur physique et mentale devient décisive.

HN : Un pronostic pour ce quart de finale ?
TA : Je pense que tout se jouera dans les cinq dernières minutes, peut-être même sur la dernière possession. Le Sporting a montré une belle sérénité à l’aller, même après avoir subi deux fois un 4-0. Mais en fin de match, certains peuvent vouloir trop en faire, notamment les frères Costa. Nantes devra clairement élever son niveau. Le Sporting sera plus offensif à domicile, mais j’espère que Nantes saura tenir, les gardiens comme toujours dans ce genre de match auront un énorme rôle à jouer. Mais j’aimerais voir le H à Cologne, même si j’ai un attachement fort pour le Sporting, je reste avant tout supporter du H.
HN : Un souvenir marquant vécu au Sporting ?
TA : Oui, ce qui m’a toujours marqué, c’est l’ambiance juste avant le coup d’envoi. Même s’il n’y a pas toujours beaucoup de monde pour les matchs ordinaires, pour un derby contre Benfica, Porto, ou un match de Ligue des Champions, la salle est pleine. Et ce moment où tout le public reprend l’hymne du club a cappella… c’est fort. Ça prend aux tripes et ça donne le ton.
Les Nantais sont donc prévenus, il faudra surpasser la pression d'un public bouillant pour retrouver le Final4 et Cologne.
Aurélien Fort