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Mem, Richardson, N’Guessan : des Bleus moteurs du champion d’Europe
Vainqueur de justesse de la Ligue des champions contre Aalborg (31-30), le FC Barcelone a pu compter sur son trio français, auteur d’un fantastique week-end. De bonne augure pour l'équipe de France, en vue des Jeux olympiques.
Quelques heures avant que Guillaume Gille ne communique sa liste pour le stage de Tignes, dans le cadre de la préparation du tournoi olympique, trois de ses joueurs ont envoyé une sympathique carte postale de Cologne à leur sélectionneur. Dika Mem, Melvyn Richardson et Timothey N’Guessan ont remporté la Ligue des champions avec le FC Barcelone, à l’issue d’une superbe finale, extrêmement serrée, face à Aalborg (31-30), le douzième sacre européen de l’histoire du club (en comptant celui de 1991, quand la compétition n’était pas encore organisée par l’EHF). Leur troisième personnel. « Une troisième Champions… je ne l’aurais jamais imaginé, je suis très content ! », lâchait un Timothey N’Guessan visiblement aux anges en zone mixte.
21 des 31 buts barcelonais, et une connexion Mem-Richardson décisive
Mais surtout, individuellement, les trois Bleus ont pris une part prépondérante au succès des Catalans. Les statistiques parlent d’elles-même : en additionnant les huit buts de Richardson (dont 4/4 sur penalty), les sept de Mem et les six de N’Guessan, les trois Français ont marqué 21 des 31 buts de leur équipe. C’est dire à quel point ils ont pesé pour leur équipe.
La connexion Mem-Richardson a été particulièrement précieuse pour le Barça. Les deux arrières droits évoluent ensemble, avec aussi le rôle de demi-centre. L’option s’est imposée à Carlos Ortega cette saison du fait du départ de Luka Cindric cet été, et de la grave blessure de Domen Makuc en préparation. Mais elle a été payante, les deux joueurs s’entendant à merveille et proposant des combinaisons très intéressantes. La performance de Richardson ce week-end, et en particulier sa finale achevée comme MVP, montre le nouveau statut que celui-ci a acquis cette saison. Auparavant doublure de Mem, la libération du poste de demi-centre lui a permis de davantage jouer cette saison, et il a su répondre présent. Peu adepte de l’auto-congratulation, l’ancien Montpelliérain a préféré remercier ses gardiens, « qui nous ont mis la misère à l'entraînement tout au long de cette saison pour travailler encore plus ! », à propos de son sang-froid à sept mètres, et a rendu hommage à ses coéquipiers en général : « Quand tu joues avec des joueurs exceptionnels comme ça, tu ne peux que apprendre, t’adapter rapidement, et toute l’équipe a permis de réaliser une super saison », a-t-il souligné en zone mixte.
Quant à Dika Mem, il a encore une fois montré qu’il était l’un des meilleurs joueurs de handball de la planète. Même si ses deux excès d’engagement en fin de rencontre auraient potentiellement pu coûter cher, son impact sur le jeu, et sa capacité à débloquer des situations ont été les atouts majeurs du succès de Barcelone. Touché par un deuil familial, le Francilien a fait preuve d’une grande résilience, avant de pouvoir enfin relâcher la pression sur le podium. Ses coéquipiers avaient forcément une pensée pour lui après ce titre remporté aux forceps.
"C’est clairement le meilleur joueur du monde, il l’a prouvé encore ce week-end. Il a vécu un moment très difficile, et sa sœur là haut peut être fière de lui parce qu’il a énormément apporté tout au long de cette saison, malgré ses problèmes personnels il était présent, et je le remercie. C’est un coéquipier, mais aussi un grand ami, je prends énormément de plaisir à jouer avec lui, depuis tout jeune on est ensemble et je suis fier de gagner avec lui. On se pousse chacun à élever notre niveau. C’est une personne extraordinaire." - Melvyn Richardson, à propos de son coéquipier Dika Mem
Timothey N’Guessan, lui, savoure de jouer avec ses deux compatriotes : « L’un est MVP, et l’autre est l’un meilleurs buteurs de la Champions ! Dika et Melvyn ont fait une super saison, Melvyn a joué demi-centre car Domen [Makuc] s’est fait les croisés, et il a été excellent. Ses penalties sont super importants, les tirer c’est vraiment très compliqué. Chapeau à lui et à Dika ! »
N’Guessan pour plus de visibilité en équipe de France ?
L’ancien Chambérien a été également très performant, et il a montré qu’il était en pleine possession de ses moyens. Il a fini par s’imposer dans le jeu d’attaque des Blaugranas en finale, laissant son binôme suédois Jonathan Carlsbogard réaliser surtout les tâches défensives. Important en première période en relançant le Barça avec deux buts, juste après la première égalisation d’Aalborg (8-10, 18’), il a été constant et efficace. Reconnaissant avoir été parfois « en difficulté » ces derniers mois, N’Guessan semble avoir chassé les doutes. « J’avais la confiance, l’équipe avait confiance en moi et je n’ai pas hésité… c’était pas mal aujourd’hui », a-t-il affirmé.
Peu utilisé par Guillaume Gille lors du dernier Euro, il ne pouvait pas mieux se rappeler au bon souvenir de son sélectionneur, juste avant la préparation des Jeux olympiques, où les places seront chères pour être dans la liste des 15 joueurs sélectionnés. Lui préférait ne pas vouloir mettre la charrue avant les bœufs à l’issue de ce week-end : « On verra au terme de la prépa qui va vite arriver », a-t-il d’abord tempéré, avant d’ajouter, dans un sourire : « Je suis sûr que Gino (Guillaume Gille) a vu le match ! Il faut montrer que je suis encore là, mais même si je n’ai pas joué au championnat d’Europe, je l’ai bien vécu. »
Alors que ce week-end a été aussi marqué par les solides performances des jeunes arrières danois d’Aalborg Thomas Arnoldsen et Mads Hoxer, mais aussi celle du toujours costaud Mikkel Hansen, qui pourrait bien figurer dans la liste de Nikolaj Jacobsen pour une dernière compétition avant de raccrocher les baskets, l’importance des trois joueurs français dans le plus grand événement de l’année en club ne peut que rassurer Guillaume Gille avant les Jeux olympiques, alors que le grand rival pour la médaille d'or devrait encore être le Danemark, deuxième adversaire des Bleus en poule. Il est toujours mieux de devoir trancher entre des joueurs au top, aussi compliqué que cela soit, qu’entre des joueurs moins en forme…
Mickaël Georgeault, avec Aurélien Fort, à Cologne